Pomme de terre, Avertissement No 14, 14 août 2020

 

 

Pour la période du 7 au 13 août 2020, les températures chaudes ont dominé partout en province. Des valeurs dépassant les 30 ^ºC ont été enregistrées dans plusieurs secteurs, surtout le 11 août. Des nuits ont également été chaudes par moments (voir le sommaire agrométéorologique). Après une entrée remarquée en début de mois (avec de 35 à 100 mm du 1^er au 6 août), les précipitations ont été moins fréquentes et sont survenues principalement sur une seule journée (le 11 août). Les averses et les orages qui sont alors passés sur la province ont arrosé inégalement les différentes régions. Les secteurs de la Capitale-Nationale et de la Mauricie ont été ceux qui auraient reçu le plus en quantité, dont un 43 mm à Deschambault (voir la carte des précipitations). De forts vents ont été observés lors du passage de certains orages, mais cela ne semble pas avoir affecté la culture. Pour les 7 prochains jours, soit du 14 au 20 août, Environnement Canada annonce du beau temps et de la chaleur de vendredi à dimanche pour à peu près toutes les régions. Puis, des précipitations plus ou moins significatives selon la région sont prévues lundi et mardi, accompagnées d’une chute du mercure qui se maintiendra plus à des valeurs près de la normale.

 

La croissance des plants continue à être variable selon la région. Elle demeure bonne dans les secteurs qui ont reçu plus de précipitations depuis le début de la saison (ex. : Capitale-Nationale, Saguenay-Lac-Saint-Jean), particulièrement pour les cultivars plus tardifs. Le temps chaud et plus sec semble avoir accéléré la sénescence dans des parcelles du sud et de l’est de la province. On rapporte un dépérissement plus marqué par endroits dans des champs non irrigués, particulièrement pour le cultivar Goldrush. La phase de grossissement des tubercules semble avoir été également ralentie par le temps chaud. L'irrigation a repris par endroits dans des secteurs qui avaient reçu moins de précipitations la semaine dernière (ex. : Lanaudière, Bas-Saint-Laurent). Le phénomène de repousses physiologiques (ou de croissance secondaire des tubercules) est rapporté à nouveau dans des parcelles des secteurs plus au sud de la province (Lanaudière, Montérégie), et ce, pour certains cultivars (ex. : Russet Burbank). L’intensité de ce problème reste à quantifier et il semble que les champs non irrigués en saison soient plus touchés. Du côté des récoltes de primeurs, on rapporte toujours des rendements généralement corrects pour le sud de la province. Des collaborateurs signalent un peu plus de cas de gale commune que la normale cette année. Il est encore trop tôt pour évaluer les effets des conditions climatiques de la saison en cours sur les rendements et la qualité de la récolte d'automne à venir. Le développement des mauvaises herbes s'est à nouveau accentué dans plusieurs parcelles en cours de période, plus que la normale selon des collaborateurs, une conséquence directe des conditions climatiques variables de cette année.
 

INSECTES

Le temps chaud et ensoleillé continue à stimuler le doryphore. Des interventions contre les larves de la 2^e génération ont été nécessaires dans des parcelles des secteurs de Québec en allant vers l’ouest, mais ces dernières sont loin d’être généralisées. Un traitement peut s’avérer nécessaire selon la vigueur des plants et aussi la date prévue du défanage. Un collaborateur du RAP a pu observer dernièrement une assistance biologique dans le contrôle des larves du doryphore, soit la punaise prédatrice Perillus bioculatus (voir la photo ci-dessous).
 

Selon les données du Réseau provincial de piégeage du MAPAQ, la pression de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a diminué en cours de période. Toutefois, un piégeage en parallèle réalisé par des collaborateurs démontre des niveaux de captures qui se maintiennent élevés dans plusieurs champs, mais toujours avec beaucoup de variabilité entre les sites. On rapporte moins de concordance cette année par endroits entre les captures sur des pièges et la présence de nymphes et/ou de dommages dans des champs. Également, on mentionne pour cette semaine dans différentes régions, dont Lanaudière, la Montérégie et la Capitale-Nationale, plus de symptômes foliaires associés à l’activité des CPT. Ces derniers varient de faibles à élevés. Il y a aussi un effet de tolérance de cultivars qui a été signalé selon les symptômes observés.

L’activité des pucerons a nettement progressé dans certains secteurs (ex. : Capitale-Nationale, Bas-Saint-Laurent), mais beaucoup moins dans d’autres. De bons foyers d’infestation (voir les photos ci-dessous) ont été dépistés. Ce sont encore les parcelles qui n’ont pas reçu un traitement insecticide lors du semis qui sont les plus à risque présentement. Un dépistage des champs s’impose donc afin de déterminer la nécessité d’une intervention.
 

L’altise à tête rouge est plus ou moins active dans certaines régions (ex. : Mauricie, Capitale-Nationale, Montérégie), à la suite ou non d’une intervention pratiquée récemment.

Concernant les autres ravageurs d’intérêt, les collaborateurs rapportent une activité plutôt faible à légère pour la punaise terne et la pyrale du maïs, à plutôt stabilisée pour les tétranyques. Dans le cas de ces derniers, une surveillance particulière s’impose toujours, car des rapports font état d’une hausse de leur activité dans d’autres cultures.

 
Aucun symptôme ou cas de mildiou de la pomme de terre n’a été recensé au Québec depuis le début de la saison. Même si des conditions ensoleillées et plus sèches sont en cours, il faut maintenir une protection fongicide constante et raisonnée, car l’hygrométrie nocturne peut être élevée par moments. Les parcelles avec des plants encore bien verts et celles où un tassement de plants a eu lieu sont particulièrement attirantes pour le champignon. Selon le site Web du USA Blight, aucun nouveau cas n’a été rapporté depuis le 17 juillet. Au Canada, le seul cas répertorié de mildiou en 2020 provient de la Colombie-Britannique. Aux États-Unis, un cas récent a été signalé dans l’État du Wisconsin le 10 août dernier, soit encore dans un secteur éloigné de notre province.

La brûlure hâtive poursuit son évolution, mais de manière différente selon la région. Elle est plus active dans les parcelles qui ont reçu moins de précipitations en saison, comme dans la grande région de Montréal. Les champs de primeurs (surtout pour le cultivar Envol) demeurent plus affectés que ceux à maturité plus tardive. On rappelle qu'il ne faut pas confondre cette maladie avec des taches d'origine abiotique.

L’évolution de la dartrose a été plutôt légère en cours de période dans le sud et le centre de la province (Montérégie, Lanaudière, Mauricie, Capitale-Nationale). On rapporte un début d’activité dans des secteurs plus à l’est (Bas-Saint-Laurent).

Les symptômes reliés à la présence de flétrissement verticillien progressent dans plusieurs régions. On peut l'identifier en coupant des tiges de plants qui ont flétri ou décoloré dans le sens de la longueur pour observer si les faisceaux vasculaires sont brunis. Il est à noter que d'autres maladies peuvent causer aussi ce type de brunissement et qu'un diagnostic effectué par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (MAPAQ) peut alors s’avérer nécessaire.

Le temps plus humide de la semaine dernière a conduit à une hausse de l’incidence de la moisissure grise et de la pourriture sclérotique dans des champs de plusieurs régions. Les infections, quoique bien visibles par endroits dans le fond des allées surtout (voir la photo ci-dessous), demeurent présentement sous contrôle.