Démarrer un vignoble au Québec : quels coûts prévoir?
Publié le 18 février 2022
Selon leur tolérance au froid, il existe deux principaux types de cépages : les cépages rustiques (Frontenac, St-Pépin, Radisson, …) et les cépages non rustiques (Seyval, Vidal, Chardonnay, Riesling, …). Les cépages rustiques sont plus résistants au froid (jusqu’à -35ºC en dormance) alors que les cépages non rustiques sont moins résistants au froid et nécessitent une protection pour ne pas subir des dommages hivernaux. Toutefois lors d’épisodes de gel automnal ou printanier, les deux types de cépages nécessitent une intervention pour ne pas subir des dommages, plusieurs moyens sont utilisés à cet effet à savoir l’utilisation d’une machine à vent, d’un hélicoptère ou de bûches ou brûleurs pour atténuer l’effet des forts écarts de températures. Une mise à jour des budgets Vignes rustiques et non rustiques qui dataient de 2011 a été effectuée en 2019 avec des experts du secteur pour intégrer les aspects cités précédemment.
Ces nouvelles mises à jour présentent les revenus et les dépenses liées à l’exploitation des vignobles sur 5 ans. Comme la préparation, l’implantation et le développement d’un vignoble se font sur trois ans durant lesquelles le vignoble ne génère pas de revenus, nous allons vous présenter les investissements, les coûts ainsi que les différences de coûts observées selon le type de cépage implanté. Les coûts sont établis pour un vignoble de 3 ha d’une densité de 3 472 plants/ha autant pour les vignes rustiques ou non rustiques. Le graphique 2 présente la répartition des dépenses d’investissements pour l’acquisition d’actifs.
Le montant total dédié aux investissements est plus élevé pour les vignes non rustiques (306 254 $) par rapport aux vignes rustiques (255 254 $). Comme vous pouvez le voir en comparant les deux graphiques, le coût des investissements est le même pour les différentes catégories d’actifs sauf pour la catégorie Équipements. L’achat de toiles géotextiles pour protéger les vignes non rustiques explique cette différence, ces toiles sont d’une valeur de 51 000 $.
Les autres coûts à prévoir lors de l’élaboration d’un projet de vignoble sont ceux liés à la préparation du terrain, la plantation et la croissance des plants de vigne. Ils sont indiqués dans le graphique 3.
L’analyse du graphique 3 nous permet de constater la prédominance de deux postes de dépenses à savoir les postes Approvisionnements et Coûts fixes et amortissements. L’achat de plants de vigne, de poteaux de rang et de matériels de palissage justifie l’ampleur du budget dédié aux approvisionnements. L’importance du poste Coûts fixes et amortissements s’explique quant à elle par le fait que l’on a considéré l’achat d’actifs neufs, ce qui par conséquent augmente les coûts d’amortissement. L’achat d’équipements usagés est une alternative pour réduire ces coûts. Il est également intéressant de noter que les dépenses d’exploitations sont environ les mêmes pour les vignes rustiques et non rustiques excepté pour le poste Coûts fixes et amortissements à cause des investissements supplémentaires nécessaires pour la protection des vignes non rustiques.
Pour ce qui est des dépenses en opérations culturales, elles sont moins élevées, car la plupart des opérations de préparation de la parcelle ainsi que la plantation sont réalisées à forfait. Les opérations d’entretien du vignoble sont pour la plupart réalisées manuellement et la rémunération du travail manuel n’est pas intégrée à ce budget. Toutefois, une estimation du temps de la main-d’œuvre nécessaire a été effectuée. Ainsi pour les trois premières années, il est respectivement est de 744 h/ha pour les vignes rustiques et de 984 h/ha pour les vignes non rustiques à cause du temps additionnel requis pour l’installation et la désinstallation des toiles géotextiles.
Pour plus de détails, consulter les budgets Vignes sur le site du CRAAQ.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine le Bulletin des agriculteurs en octobre 2020.
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