PRÉSENCE CONFIRMÉE AU QUÉBEC DE PETITE HERBE À POUX RÉSISTANTE AUX HERBICIDES DU GROUPE 14
La population a été découverte dans un champ de soya de la MRC de Mirabel, dans les Laurentides. Cette population possède la mutation R98L, reconnue pour conférer une résistance aux herbicides du groupe 14, et ce, autant ceux utilisés en prélevée qu’en postlevée de la culture. Déjà présente dans six États américains, il s’agit de la première mention au Canada de petite herbe à poux résistante aux herbicides du groupe 14.
Interventions recommandées
Si vous croyez avoir observé de la résistance dans vos champs :
- Vérifiez la disponibilité du test désiré dans le document Services et tarification du LEDP.
- Envoyez un échantillon de 10 feuilles provenant de 10 plants différents au LEDP pour une détection moléculaire de la résistance. Le formulaire de demande d’analyse est disponible ici.
- Consultez sans faute votre conseiller en phytoprotection. Celui-ci pourra entreprendre un suivi afin de bien diagnostiquer le problème et mettre en place, s’il y a lieu, une stratégie d’intervention.
Afin de limiter la propagation des mauvaises herbes résistantes, il est aussi fortement conseillé, si ce n’est pas déjà fait, de mettre en place des mesures de biosécurité à la ferme. À cet effet, vous pouvez visionner la vidéo Nettoyage d'une moissonneuse-batteuse - Biosécurité dans le secteur des grains et consulter les fiches 2, 2A, 2B et 2C faisant partie de la trousse d’information La biosécurité dans le secteur des grains. En effet, le nettoyage de l’équipement de récolte permet de diminuer les risques de propagation des mauvaises herbes d’un champ à l’autre. De plus, une attention particulière doit être portée aux travaux agricoles qui sont effectués par un entrepreneur (travail à forfait) ou à ceux réalisés avec de la machinerie empruntée (ex. : CUMA).
Le groupe 14, des inhibiteurs de la protoporphyrinogène oxydase (PPO)
Les herbicides du groupe 14 étaient grandement utilisés dans les années ’90, mais leur utilisation a chuté avec l’arrivée des cultures génétiquement modifiées « Roundup Ready », en 1996. Ils ont alors été remplacés par le glyphosate (ROUNDUP). Récemment, avec la confirmation de plusieurs populations de mauvaises herbes résistantes au glyphosate et avec l’augmentation constante de mauvaises herbes résistantes aux herbicides du groupe 2, l’utilisation des herbicides du groupe 14 est en recrudescence. En effet, les herbicides du groupe 14 sont utilisés comme solution de rechange pour maîtriser les mauvaises herbes résistantes au glyphosate ou aux herbicides du groupe 2.
L’utilisation massive des herbicides du groupe 14 a ainsi créé une pression de sélection sur les mauvaises herbes. Certaines d’entre elles, telles que l’amarante tuberculée, l’amarante de Palmer (présente aux États-Unis), la petite herbe à poux et la folle avoine, ont développé un mécanisme de résistance aux herbicides du groupe 14 au Canada et aux États-Unis.
Dans la majorité des cas de résistance, le mécanisme conférant aux mauvaises herbes une résistance aux herbicides est causé par une mutation du site d’action de l’herbicide. Il y a remplacement d’un acide aminé par un autre et la molécule active de l'herbicide ne peut plus se lier au site d’action. Elle est donc incapable d'exercer son effet phytotoxique.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |