CHRYSOMÈLE DES RACINES DU MAÏS : VERSE DU MAÏS, ÉVALUATION DES DOMMAGES AUX RACINES et DÉPISTAGE DES ADULTES
Groupe de travail du RAP sur les ravageurs des semis
Dans certains champs de maïs grain ou ensilage, des dommages racinaires et de la verse causés par des larves de chrysomèle des racines du maïs de l’ouest et du nord sont actuellement observés (figure 1). Les cas rapportés au RAP sont situés au Centre-du-Québec (MRC de l’Érable, d’Arthabaska et de Bécancour) et en Montérégie (MRC Les Jardins-de-Napierville). La plupart des chrysomèles étaient au stade larvaire, visibles dans le sol autour des racines, mais des adultes ont aussi commencé à émerger par endroits. Dans tous les cas, les champs affectés sont en maïs non Bt et au moins en 2e année consécutive de maïs. Une évaluation des dommages aux racines dans les champs à risque et un dépistage des adultes permettront d’anticiper les pertes, de mieux identifier les champs qui devraient être récoltés en priorité et de déterminer la stratégie à adopter pour l’année prochaine.
Évaluation des dommages aux racines
Une échelle de dommages aux nœuds racinaires, développée aux États-Unis, permet de quantifier les dommages racinaires de chaque plant; cliquez ici pour la consulter (en anglais). L’échelle s’étend de 0 (aucun dommage) à 3 (3 nœuds complètement affectés). La figure 2 présente quelques exemples. Selon une étude américaine, une cote moyenne de 0,25 correspond à un début de dommages économiques dans le maïs et chaque nœud endommagé correspond à une perte de rendement de 15 % approximativement. Toutefois, ces données n’ont pas été validées au Québec.
Si le champ est en maïs Bt-chrysomèle et que des dommages aux racines sont constatés, cela pourrait signifier que l’insecte est résistant à la technologie Bt utilisée. La résistance est suspectée dans les cas suivants : une cote de dommage supérieure à 1 pour des hybrides munis d’un seul caractère Bt-chrysomèle et supérieure à 0,5 pour des hybrides munis de plus d’un caractère Bt-chrysomèle. Notez qu’il serait normal d’observer un faible pourcentage de plants avec des dommages. Par exemple, dans la plupart des cas, 5 % des grains semés sont un refuge non-Bt intégré dans le sac de semences. Pour connaître les technologies offrant une protection contre la chrysomèle des racines du maïs, consultez le tableau « Maïs Bt disponible au Canada (avril 2021) ». Fait à noter, le maïs Bt-chrysomèle agit spécifiquement contre les larves de l’insecte. Des adultes de chrysomèle des racines du maïs, provenant d’autres champs par exemple, pourraient être observés dans un champ en maïs Bt-chrysomèle. Si vous soupçonnez de la résistance au Bt-chrysomèle dans votre champ, contactez votre fournisseur de semences.
Dépistage des adultes
Les chrysomèles des racines du maïs adultes s’alimentent parfois de feuillage, de panicules et de soies fraîches. Dans de rares cas, l’alimentation sur les soies peut affecter la pollinisation du maïs. Cliquez ici pour plus d’information à ce sujet. Notez qu’aucun insecticide n’est homologué contre les adultes de chrysomèle des racines du maïs dans le maïs grain ou ensilage.
La rotation avec une culture autre que le maïs est le moyen de lutte le plus efficace contre la chrysomèle des racines du maïs. Si cela n’est pas possible, l’utilisation d’un hybride de maïs Bt-chrysomèle peut être envisagée. Par contre, il faut utiliser judicieusement cette technologie, car l’insecte peut développer rapidement une résistance aux protéines Bt. Pour plus d’information, consultez la fiche technique Stratégie de prévention contre la résistance de la chrysomèle des racines du maïs au maïs Bt.
DÉPASSEMENT DU SEUIL D’ALERTE POUR LE PUCERON DU SOYA DANS CERTAINS CHAMPS (LANAUDIÈRE, LAURENTIDES et MONTÉRÉGIE)
Groupe de travail sur les ravageurs du soya
Le puceron du soya est encore observé dans plusieurs champs de soya à travers la province. Le seuil d’alerte (moyenne de 250 pucerons/plant) a été atteint dans 9 des 68 champs dépistés par le RAP. Ce seuil n’est pas un seuil d’intervention. Il indique qu’il faut suivre les champs de près et tenir compte de plusieurs facteurs avant d’intervenir. Le dépistage est recommandé, particulièrement dans Lanaudière, les Laurentides (incluant les Hautes-Laurentides) et la Montérégie. Les autres régions semblent, pour le moment, épargnées de ces fortes infestations. En plus de la quantité de pucerons, le stade de croissance du soya, le niveau de stress subi par la culture et la présence d’ennemis naturels sont des éléments à prendre en compte pour juger de la pertinence d’un traitement. Certains cultivars tolèrent beaucoup mieux la présence de pucerons que d’autres. Pour en savoir plus sur la stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya, consultez l’avertissement Nº 11 du 9 juillet 2021 et à la vidéo ci-dessous.
LES MALADIES FOLIAIRES DU SOYA LES PLUS FRÉQUENTES AU QUÉBEC
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Tanya Copley, phytopathologiste (CÉROM) et Véronique Samson, agr. (MAPAQ)
Il n’est pas inhabituel d’observer des taches sur les feuilles de soya en cette période de l’année. Les trois maladies foliaires les plus fréquentes au Québec causent rarement des pertes de rendement, même en présence d'une grande quantité de taches. Voici quelques informations sur ces trois maladies.
Graisse bactérienne à halo (Pseudomonas syringae pv. glycinea)
Tache brune
Mildiou (Peronospora manshurica)
LA POURRITURE PHYTOPHTHORÉENNE DU SOYA : PREMIERS SYMPTÔMES OBSERVÉS
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Brigitte Duval, agr. (MAPAQ) et Tanya Copley, phytopathologiste (CÉROM)
La pourriture phytophthoréenne (Phytophthora sojae) est une maladie qui peut entraîner une perte de rendement importante dans la culture de soya. Les premiers symptômes peuvent être observés à cette période de l’année. La maladie se manifeste par un flétrissement, un brunissement et un dépérissement des plants, mais les feuilles restent attachées aux plants. Les racines des plants infectés sont souvent moins développées avec la présence d’une pourriture brune. La maladie se présente dans des endroits mal drainés ou pendant des périodes de pluie abondante.
Les fongicides foliaires ne sont pas efficaces contre la pourriture phytophthoréenne. Les traitements fongicides de semences ne protègent la semence et les plantules que durant une période de deux à trois semaines après le semis, alors que le plant peut être infecté à tous les stades de sa croissance, de la germination jusqu’à la maturité. L’utilisation de cultivars de soya possédant des gènes de résistance est la solution la plus efficace contre cette maladie. Par contre, les gènes de résistance du soya doivent être adaptés à la souche de P. sojae présente dans un champ. Au Canada, il est possible de se procurer des cultivars de soya avec les gènes de résistance 1a, 1c, 1k, 3a ou 6. Un projet de recherche de l’Université Laval a révélé que certains gènes de résistance (1a et 1c) ne sont plus efficaces pour le Québec, bien qu’ils soient toujours utilisés. Le choix du cultivar de soya devrait donc se faire en fonction de la sensibilité des souches de P. sojae aux gènes de résistance 1k, 3a ou 6.
Pour en savoir plus, consultez le document La pourriture phytophthoréenne du soya : l’importance du choix du cultivar.
LA POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA
Le dépistage des apothécies qui produisent des spores infectieuses se poursuit dans une trentaine de champs dans le cadre d’un projet de recherche et des dépistages du RAP Grandes cultures. Jusqu’à maintenant, la présence d’apothécies a été signalée dans seulement 4 des 36 champs dépistés. Ces champs sont situés dans la Capitale-Nationale, au Centre-du-Québec et dans la Chaudière-Appalaches. Les rangs de ces champs sont fermés.
L’appréciation du risque doit être faite pour chaque champ. Le développement d’apothécies et des spores infectieuses est conditionnel à plusieurs facteurs. Pour connaître les différents à considérer, consultez l’avertissement Nº 11 du 9 juillet 2021 ou visionnez la vidéo suivante.
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : PAPILLONS CAPTURÉS et PREMIÈRES MASSES D’OEUFS OBSERVÉES
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Captures des adultes
Dépistage des œufs et des jeunes larves
Comme les premiers papillons ont été capturés, les champs à risque (situés dans des zones sableuses ayant un historique de dommages et/ou présentant une croissance inégale des plants) devraient être dépistés à partir du stade « VT » (lorsque la panicule [croix] est présente dans le verticille [cornet]). Des croix sont déjà sorties dans certains champs au sud de la province. La ponte étant étalée sur plusieurs semaines, le dépistage des masses d’œufs et des jeunes larves peut débuter dans les champs à risque et se prolonger durant les trois à quatre semaines suivant la sortie des croix.
Pendant cette période, il est recommandé de dépister les champs tous les cinq à sept jours. Le dépistage consiste à noter le nombre de plants porteurs de masses d’œufs et de larves, en examinant le feuillage de 10 plants consécutifs sur le même rang, au minimum à 10 endroits différents, pour un total de 100 plants examinés par champ, minimalement, et par semaine. Les masses d’oeufs sont facilement repérables en regardant le feuillage à contre-jour (figure 4). Il faut aussi porter attention à la couleur des œufs; ils sont blancs lors de la ponte et deviennent progressivement mauves environ 48 h avant l’éclosion.
Ennemis naturels
Les œufs peuvent également être parasités par de minuscules guêpes parasitoïdes. Au champ, les masses d’œufs parasitées paraissent plutôt grises ou noires que mauves, et à la loupe, on peut apercevoir qu’ils sont troués à la suite de l’émergence du parasite (photo 5). On peut également voir ces parasites se déplacer à la surface des masses d’œufs. Une loupe peut être nécessaire pour repérer ces ennemis naturels, ainsi que les punaises du genre Orius qui sont de très petite taille. Il est donc primordial de bien faire le dépistage des ennemis naturels, car les traitements insecticides pourraient les tuer alors qu’ils procurent une certaine protection au maïs.
Seuil économique et fenêtre d’intervention
Si un traitement ciblant les larves doit être envisagé, il devrait être réalisé cinq à sept jours suivant l’éclosion de la majorité des œufs, puisque les pontes sont réparties sur plusieurs semaines. L’objectif est d’atteindre les jeunes larves avant qu’elles ne rejoignent les soies, car ensuite, le traitement n’aura pas d’effet. S’il n’y a encore pas de soies, il est inutile de traiter.
Consultez la fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs pour en savoir davantage.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |