Pour la période du 17 au 23 juillet 2020, le mercure a atteint le plus souvent des valeurs près des moyennes de saison à juste au-dessus de celles-ci, autant le jour que la nuit. Cependant, des températures de 30 °C et plus ont été à nouveau enregistrées dans les secteurs plus au sud de la province les 18 et 19 juillet (voir sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été généreuses en plusieurs endroits, principalement les 17, 19 et 22 juillet. Cependant, certains secteurs ont été moins arrosés, comme ceux situés plus à l’est, mais aussi en Montérégie-Ouest. Des orages ont laissé de bonnes quantités d’eau localement, comme 54 mm le 17 juillet à Saint-Ambroise, au Saguenay-Lac-Saint-Jean (voir carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 24 au 30 juillet), les prévisions d’Environnement Canada indiquent des journées chaudes et ensoleillées pour commencer la période. Puis, des précipitations sont prévues à partir de dimanche ou lundi selon le secteur, avec des averses plus ou moins intenses qui pourraient s’étirer jusqu’à mardi (régions plus au sud) et jeudi (pour celles plus au nord).
Les collaborateurs rapportent une bonne croissance presque partout. La dernière séquence de précipitations a permis à la culture d’assez bien récupérer des conditions anormalement chaudes et sèches qui ont eu lieu en juin et au début juillet. Une floraison est généralement observée pour l’ensemble des champs. On signale une pousse végétative vigoureuse dans plusieurs parcelles, pour des cultivars plus tardifs. Les entre-rangs se sont fermés ou le feront sous peu, sauf par endroits pour quelques cultivars en particulier et/ou en sols plus légers sans irrigation pratiquée. D’ailleurs, l’irrigation a été mise en mode pause un peu partout, sauf dans des secteurs du sud de la province (ex. : Lanaudière, Montérégie-Ouest) où elle se poursuit par endroits pour compléter les précipitations moins généreuses. Pour les cultivars de primeurs, la phase de sénescence se déroule bien avec un grossissement progressif des tubercules. Les récoltes se poursuivent avec des rendements plutôt dans la moyenne et une belle qualité. Quelques nouveaux cas de repousses physiologiques ou de croissance secondaire (heat runners) sont mentionnés en Montérégie et dans la Capitale-Nationale (photo 1). Cela se produit lors d’une séquence de température élevée (30 °C et plus) par temps sec, lorsque les plants sont peu développés, et à la suite du retour de précipitations. Finalement, le contrôle des mauvaises herbes a représenté un défi dans des parcelles chez des producteurs de plusieurs régions alors que des « échappées » sont présentes principalement dans les allées de certains champs.
Tableau 1
Stade de développement de la pomme de terre pour des producteurs types
selon les collaborateurs du RAP (en date du 23 juillet 2020)
Régions | Stade de développement moyen pour la primeur | Stade de développement moyen pour la majorité des champs |
Montérégie-Ouest et Montérégie-Est | Récolte | Floraison à fin floraison |
Outaouais | Fin floraison Tubercules 6-10 cm |
Floraison |
Lanaudière | Récolte | Floraison à fin floraison |
Centre-du-Québec, Mauricie, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches |
Tout début récolte | Floraison |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue |
Floraison à fin floraison Tubercules 4-6 cm |
Floraison |
L’activité du doryphore varie selon la région. On rapporte un bon contrôle à la suite d’une intervention pratiquée la semaine dernière dans plusieurs parcelles. Cependant, en d’autres endroits, les traitements insecticides au sillon ou sur le planton ont continué à être moins efficaces, d’où la nécessité d’un contrôle des larves qui demeurent agressives. Encore une fois, des interventions de bordures peuvent suffire à obtenir un bon contrôle dans certains cas. L’émergence des adultes estivaux est en cours dans le sud de la province. Ces derniers peuvent provenir de champs en rotation tout près où des volontaires s’y sont développés (migrations). Une vigilance s’impose dans ces cas-ci.
Selon les données du Réseau provincial de piégeage du MAPAQ, on observe une certaine diminution de la pression de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) dans plusieurs régions, avec de la variation entre les sites de piégeage. Cependant, cela vaut pour les adultes, car il se peut qu’une naissance de nymphes ait eu lieu récemment dans des champs. Donc, il s’avère important de bien regarder sous le feuillage des plants pour y dépister la présence ou l’absence des nymphes vert-jaune. Avec la végétation encore active dans plusieurs champs, les symptômes foliaires associés à leur présence apparaissent moins visibles présentement.
Le temps plus humide semble avoir ralenti l’activité de la majorité des autres insectes suivis par le Réseau. Des populations d’adultes de l’altise à tête rouge sont en hausse dans quelques régions, mais les dommages foliaires qu’elles causent sont mineurs et se concentrent à des bordures de champs. Des adultes de la punaise terne sont aperçus dans plusieurs champs, sans impact sur la culture. Les populations de pucerons ont encore peu progressé en cours de période, variant de faibles à légères. La ponte de la pyrale du maïs est rapportée comme faible présentement au Saguenay–Lac-Saint-Jean et aucune larve n'a encore été observée. Les quelques foyers d’activité de tétranyques mentionnés la semaine dernière (Montérégie, Capitale-Nationale) demeurent encore sous contrôle. Le retour à du temps plus chaud et sec pourrait cependant accentuer rapidement leur activité. Les tétranyques sont présentement bien actifs, plus que la normale, dans d’autres cultures de la province. Dans la pomme de terre, leur présence se concentre d’abord en bordure de champs, souvent sur toute la longueur, avec des foyers d'activité (photos 2). Ces acariens, difficilement visibles à l'œil nu, se retrouvent sous le feuillage des plants. Leur activité cause une décoloration du feuillage et l'apparition de taches noires ou brunes (photos 3) qu'il ne faut pas confondre avec la tache alternarienne, par exemple. Il n'y a pas de seuil de nuisibilité connu dans la pomme de terre. Avant de déclencher un traitement, il faut tenir compte de plusieurs facteurs, dont l'intensité de l'infestation, la date prévue du défanage, la présence d’autres ravageurs à contrôler, le coût et l'efficacité attendue du produit utilisé (consultez le site internet SAgE pesticides pour plus d'information à ce sujet ou votre conseiller agricole).
Les symptômes reliés à la brûlure hâtive sont en augmentation dans des parcelles du centre et du sud de la province, mais leur intensité varie. Les cultivars de primeurs (ex. : Envol) en mode sénescence sont plus affectés. Pour les cultivars de pleine saison, la présence de taches foliaires associées à la maladie se résume à l’étage inférieur des plants, dans les parcelles porteuses.
Des zones de plants ainsi que des plants isolés commencent à montrer du dépérissement et/ou de la chlorose par endroits. Cela est souvent relié au flétrissement verticillien. Le temps très chaud suivi de précipitations notables par endroits a fait progresser le champignon responsable. On reconnaît habituellement la maladie en coupant la tige de bas en haut pour y observer des faisceaux brunis plus près du collet. Cependant, une analyse en laboratoire est nécessaire pour bien confirmer le tout, car d’autres organismes pathogènes peuvent parfois présenter des symptômes similaires (ex. : dartrose, flétrissement fusarien). D’ailleurs, aucun cas de dartrose avec les symptômes typiques n'a encore été signalé.
Des collaborateurs rapportent des tubercules affectés modérément par la gale commune dans quelques parcelles, mais le tout semble des cas isolés pour le moment. Les cas de jambe noire mentionnés depuis le début de la saison ont légèrement progressé par endroits.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |