Comme vous pourrez le constater dans ce tableau, le début de la saison 2019 est très en retard par rapport aux autres années en ce qui concerne l’accumulation de degrés-jours, donc le développement de la vigne l'est également. La différence est plus importante pour les sites les plus chauds de la province.
Aux sites les plus chauds de la Montérégie, le stade « 4 à 5 feuilles déployées » (EL12) est atteint pour quelques cépages. Le stade du débourrement (52 à 63 degrés-jours en base 10 °C) est atteint pour les autres régions, sauf le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Consultez Agrométéo Québec pour un visuel provincial de l'état d'avancement du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne.
Pour un aperçu de l’évolution régionale des degrés-jours, vous pouvez consulter le document disponible sur le site Web Vigne et vin d'Agri-Réseau.
Comme la température a été plutôt fraîche au cours de la dernière semaine, les principales maladies de la vigne tardent à faire leur apparition. Avec le retour annoncé d’une météo plus normale pour la fin de semaine, les symptômes pourraient apparaître rapidement.
Malgré cette météo « au ralenti » des dernières semaines, quelques maladies ont été rapportées par les collaborateurs :
- Anthracnose (feuilles et bois) : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Excoriose (feuilles et bois) : Laurentides, Mauricie, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Blanc (bois) : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Pourriture noire (feuilles) : Montérégie-Est
Afin de déterminer s’il est nécessaire d’intervenir avec un fongicide, le dépistage est une étape importante de la gestion intégrée des ennemis des cultures.
Mildiou
Pour les cépages sensibles ou les parcelles avec un historique de mildiou, les traitements devraient être faits en prévention avant le développement de la maladie, ou lorsque des conditions favorables sont prévues :
- Température entre 18 et 25 °C.
- Pluies fréquentes.
- Du débourrement jusqu’à la nouaison.
Les premiers symptômes du mildiou sont souvent observés sur des pampres près du sol. On observe aussi des décolorations jaunâtres plus ou moins circulaires sur les feuilles qu’on appelle « taches d’huile ». Si l’infection n’est pas contrôlée, un duvet blanc (fructification du champignon) se développe ensuite sur la face inférieure des feuilles.
Blanc
Les stades à risque vont de 4 à 5 feuilles déployées (EL12) jusqu’à la véraison (EL35). Les traitements contre le blanc peuvent être faits en prévention dès les premiers signes de la maladie, en pré et postfloraison. La maladie peut toucher toutes les parties des plants : feuilles, tiges, vrilles et fruits. Les premiers symptômes pourraient être visibles dès la floraison, principalement dans les secteurs ombragés du vignoble.
Si aucun traitement préventif n’a été fait, surveillez vos vignes pour détecter les premiers symptômes (décolorations jaunes sur les feuilles suivies de taches blanc grisâtre et poudreuses très fines) sur les cépages moyennement sensibles (Seyval, Vandal-Cliche et De Chaunac) et très sensibles (Chancelor, Chardonnay, Riesling et Geisenhein 318), et pour pouvoir intervenir au bon moment.
Pour les vignobles avec des antécédents d’anthracnose de blanc et d'excoriose, il est recommandé si ce n’est pas déjà fait, de sortir les bois de taille de la parcelle où ces maladies étaient présentes l’an dernier.
Application de polysulfure de calcium (CHAUX SOUFRÉE ou LIME SULPHUR), de préférence avant le débourrement pour éviter la phytotoxicité, mais possible jusqu’à la pointe verte.
Homologué contre le blanc de la vigne, le polysulfure de calcium réduit également l’inoculum de l’anthracnose. Appliquez le traitement (7,3 L/100 L) le plus tôt possible en début de saison, lorsque les risques de gel durant la nuit suivant le traitement sont absents. Une période de 12 heures sans pluie après le traitement est nécessaire pour un maximum d’efficacité.
Plusieurs fongicides utilisés dans les programmes pour la protection de la vigne présentent des risques élevés pour le développement de la résistance. Il faut donc travailler le plus possible en PRÉVENTION avec des produits de contact (protectants).
Si vous devez intervenir avec des produits systémiques, faites-le dans la bonne fenêtre d’application, c’est-à-dire rapidement après une période à risque ou avant l’apparition des symptômes pour protéger les vignes durant une période à risque. Assurez-vous également de faire une rotation des matières actives (groupes de résistance) utilisées. Pour vous aider dans vos choix, consultez votre conseiller et SAgE pesticides.
Les produits protectants sont habituellement délavés après 20 à 25 mm de pluie, sauf pour le soufre qui se délave plus facilement avec moins de précipitations. De plus, lors d’une période de développement foliaire intense, les traitements sont à renouveler fréquemment afin de protéger les nouvelles feuilles et pousses.
À cette période-ci de l’année, plusieurs plantes sont en floraison. Si vous devez absolument intervenir avec un insecticide, faites-le de préférence avec des produits dont les IRE sont faibles et lors de périodes pendant lesquelles les pollinisateurs, dont les abeilles, sont peu actifs : en soirée, par temps nuageux, etc.
Les collaborateurs mentionnent la présence de quelques insectes :
- Acariose de la vigne : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest,
- Érinose : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest,
- Altise de la vigne : Montérégie-Est, Montérégie-Ouest et Chaudière-Appalaches
- Phylloxéra : partout!
Acariose de la vigne
Malformation des feuilles causée par des acariens, généralement présente lorsque le départ de la végétation est très lent au printemps. À ce moment, les attaques d'acariens, au niveau des bourgeons, provoquent l'arrêt de croissance de certains bourgeons. Les pousses de printemps sont alors rabougries et les entre-nœuds peuvent demeurer courts.
Sur les feuilles, les piqûres d'acariens provoquent de nombreuses taches composées de nécroses brunes entourées de petites taches claires souvent allongées. Le développement des tissus est inhibé provoquant de légères déformations de la feuille. Les feuilles apparaissent alors petites et frisées.
Les pertes de récolte peuvent être importantes les années où le départ de la vigne est difficile et que les populations d’acariens se développent rapidement.
Ériophyide de la vigne (érinose)
Cette maladie est causée par des acariens (ériophyides de la vigne) qui causent des boursouflures et un feutrage blanc sur les feuilles. Les ériophyides se retrouvent dans un feutrage blanchâtre sur la face inférieure des feuilles. Sur les vignes établies, les dommages sont plutôt esthétiques. Toutefois, s’ils surviennent sur de jeunes vignes, ils peuvent réduire la croissance. Des traitements au soufre ou à l’huile de pulvérisation, réalisés avant la floraison, peuvent aider à contrôler ces acariens. Les traitements réalisés plus tard en saison risquent d’affecter aussi les acariens prédateurs. Ces produits sont également homologués pour lutter contre le blanc, à une dose plus élevée dans le cas du soufre. Cette dose semble très efficace sur les ériophyides. Consultez votre conseiller. Dans certains cas, des traitements localisés peuvent être faits. En Ontario, le seuil de 25 % de plants infestés est suggéré.
Revoyez l’avertissement N° 2 de la semaine dernière pour savoir comment intervenir contre le phylloxéra et l’altise de la vigne.
Le retrait des rameaux non fructifères et de certains bourgeons permet d’optimiser l’aération et l’activité photosynthétique des vignes. Pour obtenir les meilleurs résultats tout en optimisant les opérations, l’épamprage (opération horticole, faite du débourrement à la floraison, qui consiste à débarrasser un cep de vigne des rameaux afin de favoriser la maturation des branches fruitières porteuses de raisin) et l’ébourgeonnage (ôter les bourgeons superflus de la vigne, supprimer les pousses indésirables afin de favoriser la maturation des raisins) devraient être pratiqués au stade « 1 à 2 feuilles déployées ».
Réaliser ces opérations trop tôt ou tard en saison n’est ni optimal pour la culture ni pour les finances. Des méthodes mécaniques et chimiques sont disponibles pour réaliser l’épamprage.
L’adoption de bonnes pratiques d’épamprage dès les premières années suivant la plantation de la vigne rendra les travaux d’autant plus faciles lors des saisons subséquentes. Avec l’épamprage et l’ébourgeonnage, on vise à conserver, selon le cépage, l’âge des plants et leur vigueur, soit entre 10 et 25 rameaux par mètre linéaire.
Le désherbage chimique et/ou mécanique des parcelles de vignoble se poursuit. Revoyez l’avertissement N° 1 du 16 mai 2019 pour plus de détails ainsi que la fiche sur la proposition de stratégies de lutte contre les mauvaises herbes dans la vigne.
Si vous êtes intéressé par le désherbage mécanique, des équipements sont admissibles à l’aide financière du volet 1 du programme Prime-Vert.
Profitez du moment de la taille pour détecter la présence de maladies sur les bois comme la tumeur du collet (agrobactérium) et l’excoriose.
- Affiche de production fruitière intégrée pour la vigne
- Bien préparer votre pulvérisateur
- Formulaire pour une demande d’analyse au laboratoire
- Gestion raisonnée des principales maladies de la vigne au Québec
- Guide d’identification des principales maladies de la vigne
- Justification et prescription agronomiques
- SAgE pesticides
- Webinaire Protégez vos cultures, protégez votre santé
Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron et Evelyne Barriault, agronomes (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite