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L’aménagement d’un étang d’irrigation : un projet bien pensé pour une eau de qualité

L’aménagement d’un étang d’irrigation devient un incontournable pour plusieurs fermes. Ayant piloté un tel chantier pour l’INAB (Victoriaville), François Gendreau-Martineau et Jean Duval du CETAB+ ont partagé leur expérience lors des webinaires en irrigation 2022 du CRAAQ. 
 
Tout d’abord, les besoins en eau d’irrigation ont été calculés pour les surfaces actuelles et prévues en production maraîchère et fruitière de la ferme-école et du CETAB+. Le scénario maximal est celui où l’étang serait la seule ressource, uniquement rechargé par la pluie en tenant compte de tous les besoins estimés. Toutefois, on ne veut pas surdimensionner pour ne pas gonfler les coûts inutilement, d’où l’importance de faire valider ses calculs en cours de planification.

Le choix de l’emplacement pour l’étang découle de l’observation globale du site et d’un compromis entre plusieurs contraintes logistiques. On cherche un secteur naturellement bien alimenté en eau, moins bien drainé; assez proche des cultures à irriguer; et accessible pour les véhicules et l’alimentation électrique. Le site finalement retenu, un peu à l’écart du lieu le plus propice du point de vue de l’eau, permettait par contre de limiter la coupe d’arbres et de rapprocher l’étang des cultures à desservir. Une observation de la nappe phréatique et de sa capacité de recharge selon la saison et la pluviométrie a été effectuée grâce à un puits creusé à 10-12 pieds de profondeur. De plus, pour profiter au maximum de l’eau de pluie et de la fonte des neiges, on a fait en sorte de diriger vers l’étang la majorité des fossés et des tuyaux de drainage alentour, de même l’eau de pluie de certaines toitures. 

Un premier schéma, tracé sur le papier en fonction des volumes souhaités, a été évalué en rapport au terrain. On a sondé la profondeur du roc dans la zone prévue. La forme de l’étang a ensuite été redessinée pour tenir compte de la topographie, de la profondeur variable du roc selon les endroits, des risques d’érosion et afin d’obtenir une intégration plus harmonieuse dans l’environnement. Un pré-bassin (ou fosse de sédimentation) a été inclus : les arrivées d’eau y aboutissent les sédiments s’y déposent, d’où il est facile de les retirer quand nécessaire. Un canal de transfert envoie l’eau dans le gros étang. Un trop plein débouchant vers le cours d’eau proche a aussi été ajouté à un endroit clé.

 
Etang d'irrigation

Crédit photo : INAB


Des ingénieurs du MAPAQ ont été sollicités pour les calculs de dimensionnement. Un expert chercheur a aidé à confirmer les choix techniques. Puis, on s’est occupé d’obtenir les permis et de vérifier la conformité du projet auprès des instances locales et régionales.

Le chantier d’excavation a été pensé de manière à gérer intelligemment les importants volumes de matériaux divers en limitant les allers-retours de camions, pour éviter le compactage, et à réutiliser ce sol autant que possible. Le sol de surface (horizon A), de bonne qualité, a été mis de côté pour être réparti sur les berges à réenherber ou sur des terres à niveler. Du matériel excavé a servi pour créer des talus surdimensionnés et des secteurs en pente douce. Une partie du sol graveleux-sableux a aussi été gardé pour des projets ultérieurs. 

Plusieurs éléments ont été combinés afin de protéger la qualité de l’eau du bassin. La berge, avec ses hauts talus revégétalisés, filtre naturellement l’eau pluviale et contribue à maintenir la biodiversité. La fosse de sédimentation capte une autre partie importante des sédiments avant que l’eau passe dans le bassin principal. Un filtre en amont du système de distribution d’eau enlève les particules fines, ce qui évite le colmatage de la pompe. Enfin, un aérateur doit être installé dans le bassin : l’oxygénation créée aidera à diminuer la prolifération des microorganismes néfastes pour les équipements d’irrigation ou pour la qualité de l’eau distribuée.

Un modèle de pompe submersible a été choisi pour permettre un système évolutif. Selon les besoins, elle peut être entreposée en hiver, ou laissée sur place sous le niveau de l’eau. L'investissement dans une pompe alimentée à l’énergie électrique, plus coûteuse, a été décidé en cohérence avec la vision de l’INAB.

En conclusion, François Gendreau-Martineau rappelle l’importance de prendre le temps pour planifier toutes les facettes d’un tel projet. Il inclut le fait de documenter toutes les étapes de préparation - y compris l'établissement du budget, de consulter des experts et de chercher des soumissions d’entreprises afin d’obtenir l’offre la plus intéressante possible. C’est ainsi qu’on réalise un aménagement durable capable de répondre aux besoins de la ferme pendant plusieurs années. 

 
 

Ce texte a été publié originalement dans le magazine les Primeurs maraîchères en décembre 2023.

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Organisation : Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ)
Date de publication : 25 avril 2024
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