Maryse Vallières-Murray, étudiante en génie agroenvironnemental (gauche), et Christine Rieux, agronome (droite), évaluent le rendement et la composition des pâturages soumis à diverses cures de rajeunissement à Bristol dans le Pontiac. (Crédit photo : Mavis Thompson)
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L’augmentation importante de la valeur des terres oblige à produire plus avec moins. En ce sens, la recherche de méthodes abordables rendant les pâturages plus productifs devient pertinente.
Une collaboration entre William Russell, un producteur bovin de Bristol, et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) avait pour objectif de valider l’efficacité du piétinement par les bovins dans un pâturage établi. Cette méthode novatrice expérimentée à l’automne 2015 cherchait à faciliter l’incorporation de la chaux, à défeutrer les plantes fourragères et à ameublir le sol pour améliorer le contact sol-semence lors du semis sur sol gelé au printemps 2016.
Le site choisi était représentatif des pâturages extensifs de la région. Trois enclos de 2,5 acres chacun ont été délimités avec une clôture électrique après un chaulage à 2,3 tonnes à l’acre. Chaque enclos permettait de tester une méthode de rajeunissement différente.
Le premier enclos, sans bétail, a été fermé de la fin septembre 2015 à la mi-mai 2016 après le semis sur sol gelé. Quarante couples vache-veau ont eu accès aux deux autres enclos de la fin octobre à la fin novembre. Le deuxième enclos contenait une mangeoire stationnaire. Dans le troisième enclos, trois mangeoires étaient bougées tous les deux jours afin de favoriser un piétinement uniforme de l’ensemble de la superficie.
Un semis sur sol gelé a été effectué en début avril 2016. Un calendrier de paissance a été mis en place afin de maximiser l’établissement du semis. Les trois enclos ont été broutés au cours de trois périodes de 21 jours. Les conditions sèches et chaudes ont ralenti le regain du pâturage et limité la durée des périodes de paissance.
Le déplacement des mangeoires pendant l’automne a permis d’augmenter le pH à six pouces de profondeur comparativement aux deux autres enclos. Dans l’enclos « mangeoire stationnaire », le pH a augmenté à trois pouces de profondeur. Ceci semble concorder avec la profondeur et la distribution du piétinement observé à l’automne 2015.
Les légumineuses se sont implantées dans les enclos « sans bétail » et « à mangeoires déplacées ». La luzerne à pâturage semée à 5 % du mélange a été retrouvée dans ces deux enclos!
Les rendements totaux rapportés sur une base de balles rondes à l’acrei ont été de : 1,3 pour l’enclos « sans bétail »; de 0,7 pour l’enclos « à mangeoires déplacées »; et de 0,5 pour l’enclos « à mangeoire stationnaire ». Le dactyle indigène prédominait à la première paissance. Il a fourni deux fois plus de rendement dans l’enclos « sans bétail » que dans les deux autres enclos. Or, le bétail ne l’a pas consommé, car il était moins appétent et trop mature en raison du printemps hâtif.
Il y a encore du travail à faire pour amener ce pâturage à son plein potentiel. Le déplacement des mangeoires à l’automne semble créer un environnement plus propice à l’établissement du semis. Ceci s’est traduit par un rendement plus élevé que celui mesuré avec la façon traditionnelle d’opérer à l’automne (mangeoire stationnaire).
On dit que les effets du semis sur sol gelé dans des pâturages se font sentir de deux à trois ans après le semis. La collaboration entre M. Russell et le MAPAQ se poursuivra en 2017 et en 2018. Ces résultats prometteurs ont incité l’implantation du même essai à Clarendon et à Aumond dans des conditions pédoclimatiques différentes cet automne. L’avenir nous dira si ces méthodes porteront leurs fruits en donnant des résultats similaires à ceux observés à Bristol.
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