Ajouté à Mes favoris.

Logo Agri-Réseau
S'informerLe savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire
Logo Agri-Réseau
S'informerLe savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire

S'informer

Le savoir et l'expertise du réseau agricole et agroalimentaire

Chargement en cours

Filtrer la recherche 
  • Sujet(s) :
  • Production(s) :
Format
Type de contenu
Date de début
Date de fin
Régions

Envahi par le laiteron des champs? Des pistes de solution en bio

La gestion des mauvaises herbes en production biologique demeure un défi, c’est souvent même le nerf de la guerre. Le contrôle des adventices annuelles est une chose, le contrôle des vivaces en est une autre. Parmi les vivaces problématiques, on retrouve couramment le chiendent, le chardon des champs, le tussilage et le laiteron des champs. Attardons-nous à ce dernier, et non le moindre…
 
Tout d’abord, il est primordial de connaitre son ennemi, en l’occurrence, le laiteron des champs (Sonchus arvensis L.). Le laiteron est une vivace à enracinement profond, un peu comme le chardon des champs, de là réside tout le défi pour le contrôler. Il se répand très rapidement par son système racinaire en formant des « talles » dans le champ qui s’élargissent avec le temps. Ses racines verticales sont profondes (jusqu’à plus de deux mètres) et ses rhizomes horizontaux se retrouvent généralement à une profondeur se situant entre 5 et 20 cm (moins profond que le chardon). Sur ces rhizomes horizontaux, aussi appelés racines rampantes ou traçantes, se trouvent de très nombreux bourgeons d’où repartent les tiges qui ressortiront du sol. Selon les conditions de croissance et le phénotype, la hauteur des plants matures varie entre 30 cm et 2 m. La floraison survient de juin à octobre et le délai entre la floraison et la maturité des graines est d’environ dix jours. Sachant qu’un plant peut produire jusqu’à 10 000 graines et que celles-ci sont transportées par le vent grâce à leur plumet (tout comme le pissenlit), on comprend la nécessité d’agir en prévention et rapidement. Voilà des informations fort pertinentes afin d’établir notre stratégie de contrôle.

Mieux vaut prévenir que guérir
 
Plusieurs bonnes pratiques peuvent être appliquées afin de contrer une infestation de laiteron des champs. Établir un plan de rotation diversifié, miser sur une bonne santé des sols et fertiliser adéquatement en évitant les excès constituent de saines pratiques qui aident à lutter contre les indésirables. De plus, miser sur un bon semis en utilisant une semence certifiée, en effectuant une bonne préparation du lit de semence, en semant au bon moment avec un semoir nettoyé et calibré, en évitant les lisières non semées et en augmentant le taux de semis d’environ 10 % afin de contrer les pertes au sarclage permettent à la culture d’avoir une longueur d’avance. Finalement, le fait de nettoyer les pneus de tracteur et des équipements après le passage dans un champ infesté, de ne pas laisser fleurir le laiteron en fauchant les bords de fossés et de chemins ainsi que les prairies et pâturages et, au besoin, d’utiliser une écimeuse dans les zones problématiques lorsque c’est possible prévient la dissémination du laiteron. Ces mesures préventives ne sont jamais à négliger puisqu’elles ont un impact réel sur la gestion des adventices.
 
De récentes études effectuées au Québec sur le contrôle du laiteron en production biologique nous apportent des pistes de solution intéressantes. Notez qu’une fois de plus, il est important d’appliquer plusieurs méthodes de lutte afin d’arriver à nos fins, une pratique  « affectueusement » appelée la technique des nombreux petits coups de marteau. L’évaluation du niveau d’infestation est primordiale puisque la présence de quelques « talles » disséminées dans un champ ne justifie pas une intervention sur la totalité du champ, mais uniquement sur les zones infestées.
 
La jachère longue est une technique qui a fait ses preuves. Elle consiste à sacrifier une saison de récolte afin d’effectuer plusieurs passages d’appareils de déchaumage et/ou de hersage en condition sèche. On termine ensuite la saison par l’implantation d’un engrais vert agressif (ex. : avoine + pois fourrager). Puisque cette technique implique une année sans récolte et afin de limiter les dommages à la vie et à la structure du sol ainsi que les risques d’érosion et de lessivage, elle devrait être limitée aux zones infestées.
 
L’implantation d’une prairie (souvent de luzerne et graminées) pour trois ans et précédée d’une jachère courte de printemps est aussi une méthode qui a fait ses preuves sur plusieurs sites. Les fauches à répétition empêchent le laiteron de fleurir et de faire ses réserves, et la prairie lui fait compétition pendant toute la saison. Notez cependant que cette technique a quelquefois une efficacité mitigée sur certains sites.
 
La jachère courte de printemps combinée à l’implantation d’un engrais vert agressif à prédominance de légumineuses s’est aussi montrée efficace pour la répression du laiteron. Lors de la jachère, deux à trois passages d’outil à dents et/ou à disques en juin et au bon stade du laiteron (nous y reviendrons) sont souvent suffisants. Lors d’essais (Weill, A. et coll., 2013), un cultivateur à dents de type chisel à pointe très agressive (Kristall de Lemken) s’est avéré particulièrement efficace pour extirper les rhizomes. L’implantation d’une culture sarclée (ex. : soya au 30 po ou maïs) l’année suivante complète la répression. Cette stratégie permet de conserver le sol, voire même de l’améliorer, en plus de permettre l’ajout d’azote dans le système pour la culture suivante. De plus, elle n’exige qu’une seule année sans récolte pour la zone infestée.
 
Des essais et des observations réalisés sur plusieurs fermes du centre et du sud du Québec au cours des dernières années (Weill, A. et coll., 2016) ont démontrés que deux ou trois destructions en juin lorsque les réserves du laiteron sont au minimum (stade visé pour ces essais : 6-8 feuilles à début montaison) avec un outil à dents et pattes-d’oie à une profondeur de 5 à 10 cm, suivi d’une culture de soya sarclée (au 30 po) offrent un contrôle efficace du laiteron. En Chaudière-Appalaches, l’implantation du soya après une jachère printanière pourrait être envisageable lors de printemps hâtifs et secs. Cette méthode permet de contrôler le laiteron efficacement sans perdre une année de récolte. Les observations effectuées ont aussi démontré que le labour compliquait la lutte au laiteron en répartissant les segments de rhizomes dans toute la couche de labour.
 
Un récent projet (Leblanc, M., 2017) réalisé à la Plateforme d’innovation en agriculture biologique (IRDA) a permis de démontrer que la capacité régénérative minimum du laiteron était au stade 3 à 4 feuilles lorsque les rhizomes ont été fragmentés par un travail du sol. À ce stade, la réserve racinaire serait au minimum et la vulnérabilité au sarclage serait accrue. Le stade pourrait être plus avancé d’une à 2 feuilles si le système racinaire des vivaces est intact et n’a jamais été fragmenté. Lors du projet, plusieurs outils furent testés : le rotoculteur et la herse rotative se sont avérés les plus efficaces en générant les plus petits fragments de rhizomes. La période en jachère pour supprimer entièrement le laiteron fut de 10 semaines, mais la population avait déjà drastiquement diminué après la 4e semaine.
 
Voilà d’intéressantes pistes qui vous permettront d’élaborer votre stratégie de contrôle. De plus, qui sait ce que l’avenir nous réserve? D’autres essais sont en cours de réalisation. Aussi, sans être homologués en champ pour le moment, certains bioherbicides font leur apparition sur le marché, qu’ils soient à base d’acide acétique (vinaigre blanc concentré), d’acide gras (savon) ou même de champignons tels le Phoma macrostoma. Peut-être que certains bioherbicides feront partie de notre stratégie de contrôle dans un avenir rapproché…
 
En résumé, l’approche utilisée doit être adaptée à la réalité de la ferme (région, type de sol, niveau d’infestation, culture, équipement disponible, etc.). Il n’y a pas de recette passe-partout. La répression doit impliquer un épuisement des réserves par une destruction répétée et au bon moment ainsi qu’une compétition par d’autres plantes (engrais vert ou culture agressive et sarclée). De plus, il faut donner une longueur d’avance à la culture et ne pas oublier l’importance d’appliquer plusieurs méthodes (la technique des nombreux petits coups de marteau).



  Lire le billet précédent                                                                                   Lire le billet suivant  


Pour en savoir plus :
 
Agri-Réseau : Recherche  Moyens de lutte au laiteron des champs (Sonchus arvense) en production biologique
 
CETAB  Recherche  Développement de deux méthodes de lutte contre le laiteron (Sonchus arvense) et le chardon (Cirsium arvense) en grandes cultures en régie biologique
 
CETAB  Documents  Quatre années d’essais et d’observations sur le laiteron, le chardon et le tussilage
 
IRDA  Stratégies d’interventions mécaniques contre le chardon et le laiteron (pdf)
 
Commentaires (0)
Me connecter

Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Date de publication : 07 décembre 2017
Infolettre Légumes de champ

M'abonner à l'infolettre

En cliquant sur « Accepter tous les cookies », vous acceptez le stockage de ces témoins de connexion sur votre appareil. Ceux-ci permettent au CRAAQ de générer des statistiques et d'améliorer votre expérience utilisateur. Vous pourrez les désactiver en tout temps dans votre fureteur Web.

Ceci est la version du site en développement. Pour la version en production, visitez ce lien.