Prévisions des dates de coupes possibles par le ver-gris noir. Vigilance recommandée à la suite du cas de résistance de la pyrale du maïs à certains hybrides Bt rapporté en Nouvelle-Écosse. Il est toujours possible de dépister les vers fil-de-fer. Temps propice au développement des limaces.
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Les captures de papillons du ver-gris noir ont atteint des records cette année. Les producteurs de grandes cultures sont donc invités à planifier le dépistage de leurs champs dans les prochaines semaines. Le maïs est la culture la plus à risque, mais en cas d’infestation sévère, des larves pourraient aussi s’attaquer à des champs de soya, de céréales ou de canola.
Le RAP Grandes cultures met à votre disposition des cartes interactives pour déterminer les dates de coupes possibles dans le maïs. Les prévisions de dates de coupes consultables dans la première carte « VGN Ponte 3 mai 2019 » sont calculées à partir d’une date de ponte au 3 mai afin de prévoir le comportement des larves issues des premiers papillons capturés au Québec. La seconde carte « VGN Ponte 16 mai 2019 » prévoit le comportement des larves issues des papillons capturés lors du pic des captures (date de ponte 17 mai 2019).
« Premiers plants coupés » : date prévue de l’atteinte du 4e stade larvaire (environ 1 cm) à partir duquel les larves sont suffisamment grosses pour couper des plants de maïs.
« Coupe intensive » : date prévue de l’atteinte du 6e stade larvaire (3 à 4,5 cm) qui est le moment où les larves sont les plus voraces.
Méthode utilisée pour le calcul des prévisions
Les prévisions des dates à partir desquelles le dépistage des dommages et des larves devrait débuter sont basées sur l’accumulation des degrés-jours supérieurs à 10 °C, les prévisions météo des prochains jours et les normales saisonnières. Ces prévisions seront recalculées à quelques reprises dans les prochaines semaines pour produire de nouvelles cartes qui seront diffusées dans des avertissements subséquents.
Méthode de dépistage des larves et des dommages
- Dépister entre 100 et 250 plants par champ, selon le stade du maïs (ex. : 250 plants si du maïs à 1 feuille est coupé, ou 100 plants si du maïs à 4 feuilles est coupé).
- Dépister une à deux fois par semaine, de la date prévue des premiers plants coupés au stade 5 feuilles.
- Noter la longueur des larves trouvées. Les larves de ver-gris noir sont difficiles à observer, car elles se cachent dans le sol ou sous les résidus de cultures durant les jours ensoleillés, elles se nourrissent la nuit ou durant les jours nuageux. Il faut donc creuser à la base des plants affectés pour trouver les larves et déterminer leur longueur. Le corps de la larve est brun, gris cendré ou noir, sa tête est foncée et elle s’enroule lorsqu’on la manipule (cliquez ici pour accéder à des photos du ravageur).
- Noter les endroits dépistés avec ses coordonnées GPS ou un drapeau et y retourner régulièrement afin de déterminer si les dommages sont en augmentation.
Le ver-gris noir cause généralement des dommages localisés dans un champ, il faut donc porter une attention aux :
- Portions du champ où il y avait le plus de mauvaises herbes avant le semis, en particulier des annuelles d’automne.
- Portions de champ avec des sols plus lourds, mal drainés ou avec des baissières qui favorisent la germination des mauvaises herbes.
- Bordures de champ où il y avait une importante couche de résidus de culture fins comme des graminées vivaces (le long des fossés, des clôtures ou des champs de foin).
- Portions inondables au printemps d’un champ mal drainé ou situé près d’un cours d’eau.
Seuils d’intervention dans la culture du maïs
Il n’y pas de consensus en Amérique du Nord sur un seuil économique d’intervention (SEI) dans le maïs. En Ontario, le SEI recommandé est de 10 % avec des feuilles endommagées ou 3 % des plants coupés, lorsque le maïs est au stade 1 à 4 feuilles et que les larves mesurent moins de 2,5 cm (le traitement insecticide ne sera pas efficace sur des larves plus grosses).
Dans certains États comme l’Illinois et l’Iowa, des SEI dynamiques sont proposés et tiennent compte du prix des grains, du rendement prévu et du coût des traitements insecticides. Un fichier Excel permettant un calcul du SEI personnalisable est également disponible en ligne (la fiche technique Ver-gris noir fournit plus d’explications sur l’utilisation de cet outil).
SEI pour les autres grandes cultures
Merci de contacter l’avertisseure du RAP Grandes cultures (Isabelle Fréchette [450 464-2715, poste 242, rapcerom@cerom.qc.ca]) si vous constatez des dommages qui pourraient être associés au ver-gris noir dans d’autres grandes cultures que le maïs, situation rare, mais qui pourrait être rencontrée en cas d'infestation sévère.
Des seuils d’intervention sont proposés pour la culture du soya dans différents États américains, mais aucun n’a été validé au Québec :
- Indiana : l’ensemble des dommages causés par les différentes espèces de vers-gris qui pourraient être présentes dans le champ doivent être considérés, mais l’identification des espèces est importante pour déterminer si les larves sont actives. Un traitement devrait être considéré si les larves sont nombreuses, actives et qu’elles diminuent suffisamment le peuplement de soya attendu pour compromettre le rendement.
- Illinois et Iowa : lorsque le niveau de défoliation atteint 40 % avant le stade R1 et que les larves mesurent moins de 1 pouce (2,5 cm). Des traitements localisés sont suggérés si les dommages sont limités en bordure du champ.
- Michigan : 5 % de plants coupés si les larves sont petites. On précise toutefois qu’il s’agit d’un seuil général recommandé pour toutes les cultures en absence de données plus précises.
Des SEI contre le ver-gris noir pour les céréales, le canola et les autres grandes cultures n’ont pas été établis.
Julien Saguez, entomologiste (CÉROM), Sébastien Boquel, entomologiste (CÉROM) et Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)
Selon une information récemment publiée sur le site Web de la Canadian Corn Pest Coalition, des dommages inattendus causés par la pyrale du maïs ont été observés en 2018 dans des champs de maïs de grande culture semés avec certains hybrides exprimant un seul caractère Bt (Cry1F) en Nouvelle-Écosse. Des tests réalisés à l’Université de Guelph (Ontario) ont confirmé ces cas de résistance (voir l’article publié en anglais sur le blogue de Tracey Baute).
Les hybrides de maïs Bt produisent des protéines insecticides issues de la bactérie Bacillus thuringiensis (protéines "Cry") qui permettent de contrôler différents insectes, dont la pyrale du maïs. Les protéines Cry qui ciblent la pyrale du maïs sont : Cry 1Ab, Cry1F, Cry1A.105 et Cry2Ab2. Plusieurs hybrides Bt contiennent plus d’une protéine Cry afin d’éviter que l’insecte ne développe rapidement une résistance.
À l’heure actuelle, nous ne savons pas si des populations de pyrale du maïs sont devenues résistantes à des hybrides de maïs Bt au Québec. Afin de déterminer s’il existe des populations résistantes au Québec, les producteurs de maïs (de grande culture et sucré), les dépisteurs et les agronomes sont encouragés à alerter les avertisseurs du RAP ainsi que leur fournisseur de semences de tout champ Bt-pyrale présentant des dommages imprévus et causés par la pyrale du maïs.
Mesures pouvant être mises en place pour atténuer la résistance
1. Vérifier quels caractères Bt sont présents dans les hybrides et envisager l’achat et le semis d’hybrides contenant plusieurs protéines Cry
Pour réduire le risque de développement de la résistance, il est suggéré d’avoir recours à des hybrides de maïs possédant au moins deux caractères agissant contre la pyrale du maïs. Une liste des hybrides de maïs offerts par les différents semenciers est disponible sur le site Web de l’Association canadienne du commerce des semences. Le tableau « Maïs – caractères Bt disponibles au Canada – 2019 » peut également être consulté. Il est également possible d’obtenir cette information auprès des fournisseurs de semences.
2. Respecter les exigences de refuge des hybrides
Consultez la section L'importance des refuges pour maintenir l'efficacité des hybrides de maïs Bt dans l'avertissement N° 2 du 17 mai 2019.
3. Dépister les champs de maïs
Il est également important de faire le dépistage de la pyrale du maïs (larves et dommages) dans les champs semés avec un hybride Bt-pyrale pour déceler des dommages inattendus. L’observation des dommages doit être effectuée lorsque les grains sont à maturité (point noir atteint) en observant une centaine de plants de maïs à travers le champ (répartir les observations dans une dizaine de stations/10 plants par station). Un plant est considéré endommagé lorsqu’on peut voir un signe (ex. : sciure, trou d’entrée) que la pyrale est, ou a été, présente sur n’importe quelle partie du plant. Pour vérifier la présence de pyrale du maïs dans les plants, il faut ouvrir la tige et observer les galeries creusées par les larves. La pyrale du maïs peut entraîner la verse des plants.
Un faible pourcentage de plants endommagés peut être normal, notamment en raison de la présence de semences non Bt mélangées dans le sac (s’il y a un refuge dans le sac).
Si vous constatez des dommages inattendus qui pourraient être dus à la présence de pyrales résistantes au maïs Bt, veuillez en informer le RAP.
4. Adopter des bonnes pratiques culturales
Afin de réduire les populations de pyrale du maïs et la transmission de la résistance d’une génération à l’autre, il est possible de déchiqueter les tiges de maïs aussi près que possible de la surface du sol pendant ou après la récolte. Cela permet de détruire les larves qui se seraient réfugiées dans le bas des tiges pour hiverner. La rotation des cultures peut aussi contribuer, dans une certaine mesure, à réduire les populations de pyrale et la sélection de populations résistantes.
Pour plus d’informations :
IRIIS Phytoprotection – Fiche technique sur la pyrale du maïs
RAP Maïs sucré – Fiche technique sur la pyrale du maïs
Lorsque le sol atteint une température de 8 °C pendant plusieurs jours consécutifs, le dépistage des vers fil-de-fer peut débuter. Étant donné les conditions printanières fraîches et humides que nous connaissons présentement, il est encore temps d’aller installer des pièges-appâts afin de dépister les vers fil-de-fer (et autres ravageurs des semis) dans vos champs. Les vers fil-de-fer peuvent être actifs à la surface jusqu’à ce que la température atteigne 25 degrés, après quoi ils s’enfoncent dans le sol pour se protéger.
Rappelons que les facteurs de risque suivants sont associés aux vers fil-de-fer : sols légers, taux de matière organique élevé, monoculture de maïs (3 années et plus) et les précédents de prairies de graminées.
Il est donc recommandé d’effectuer du dépistage, selon la méthode utilisée dans le cadre du RAP Grandes cultures, dans les sites où les risques sont modérés à élevés. Pour évaluer le niveau de risque, télécharger la méthode de dépistage et saisir vos données de dépistage, vous pouvez utiliser l’outil VFF QC.
Pour rappel, en 2019, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ offre encore l’identification gratuite des spécimens de vers fil-de-fer.
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
Des dommages causés par des limaces ont été observés au Bas-Saint-Laurent et dans la région de la Capitale-Nationale. Les températures froides et les conditions humides favorisent l’activité de ces organismes.
Cultures affectées | Dommages | Seuil d'intervention |
Canola | Les limaces sont très nuisibles lorsqu’elles sont actives en période d’émergence des plantules. | Si les cotylédons sont détruits, le plant ne peut survivre. Au stade plantule (cotylédons à 4 feuilles), le canola peut supporter 25 % de défoliation (mais ce seuil peut être dépassé si les nouvelles feuilles ne sont pas atteintes). Au stade végétatif supérieur, le seuil est de 50 %. |
Céréales | Le germe est mangé, l'intérieur de la graine l'est parfois aussi. Si le grain a germé, la limace s'attaque aux plantules et aux racines. | Les limaces sont actives du printemps jusqu'à l'automne. Les céréales d'automne, qui sont plus sensibles que les céréales de printemps, ne tolèrent pas plus de 30 % de défoliation. |
Maïs | La semence et le point de croissance des jeunes plantules. | Les stades végétatifs supportent 30 à 40 % de défoliation, les dommages diminuent à partir du stade 5 feuilles. |
Soya | Les limaces se nourrissent tant des semences que des plantules en croissance. | Si elles se nourrissent du point de croissance, les jeunes plantules ne peuvent pas se rétablir. Le soya peut supporter de 30 à 50 % de défoliation durant les stades végétatifs, 15 % pour les stades R1 à R4 (floraison au remplissage des gousses) et plus de 25 % du stade R5 – R6 (remplissage des grains) jusqu’à la maturité. |
Pour en savoir plus, veuillez vous référer à la fiche technique Les limaces.
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.