Résistance aux fongicides, agressivité et agents causaux : Implications pour la gestion de la maladie de la brûlure de la feuille de l'oignon.
En production maraîchère au Canada, les fongicides de synthèse sont couramment utilisés pour lutter contre les maladies. Cependant, l’efficacité à long terme de ces fongicides est menacée par la résistance grandissante des populations d’agents pathogènes. Pour assurer le contrôle des maladies fongiques tout en limitant la quantité de fongicides appliquée, il est impératif de mettre en place des stratégies qui visent à réduire l’incidence des individus résistants. Cela nécessite une compréhension intime de la biologie des agents pathogènes ainsi que des coûts d’adaptation potentiellement associés à la résistance aux fongicides pouvant les affecter. Botrytis squamosa, l’agent causal de la brûlure de la feuille de l’oignon, est aussi influencé par le phénomène de la résistance aux fongicides, bien que peu de rapports récents en font état. De plus, plusieurs autres espèces appartenant au genre Botrytis se retrouvent dans les champs d’oignons, mais leur rôle dans la maladie de la brûlure de la feuille et les dynamiques de co-infections ont peu été étudiées dans ce pathosystème. Pour assurer un bon contrôle de la maladie, les programmes d’applications de fongicides devraient tenir compte du niveau de résistance aux fongicides des différentes espèces impliquées. À l’heure actuelle, ils sont basés sur la surveillance de B. squamosa uniquement, sans tenir compte du niveau de résistance aux fongicides.
Afin de vérifier l’hypothèse de travail selon laquelle la résistance aux fongicides induit une baisse d’agressivité chez B. squamosa, deux objectifs ont été poursuivis dans ce projet : (1) déterminer la sensibilité d’isolats de B. squamosa aux huit matières actives homologuées suivantes: boscalid, pyraclostrobine, picoxystrobine, pyriméthanil, fluopyram, fluxapyroxade, fludioxonil, difénoconazole; (2) évaluer l’influence de la résistance sur l’habileté des isolats de B. squamosa à causer des lésions sur des plants d’oignons. De plus, afin de vérifier si la présence de B. cinerea en co-infection avec B. squamosa augmente la sévérité des symptômes de brûlure de la feuille, un troisième objectif a été poursuivi : (3) évaluer la capacité des isolats de B. cinerea à causer ou amplifier des symptômes de brûlure de la feuille sur des plants d’oignons en l’absence et en présence de B. squamosa. Pour ce faire, des essais de croissance in vitro ont été réalisés sur 90 isolats de B. squamosa isolés à partir de feuilles d’oignons symptomatiques prélevées dans des champs d’oignons de la Montérégie. Basée sur un facteur de résistance supérieur à 2, l’incidence de la résistance était de 82.9% pour le boscalid, 79.5% pour le difénoconazole, 4.6% pour le fludioxonil, 78.4% pour le fluopyram, 79.3% pour le fluxapyroxade, 75.6% pour la picoxystrobine, 60.9% pour la pyraclostrobine et 39.1% pour le pyriméthanil. Par la suite, 59 isolats ont été testés pour leur capacité à causer des lésions sur des plants d’oignons en conditions optimales. L’agressivité des isolats n’a révélé aucun coût d’adaptation associé à la résistance aux fongicides. Finalement, la présence de B. cinerea dans l’inoculum pendant ou après une infection par B. squamosa n'amplifiait pas les dommages de brûlure de la feuille de l’oignon. Ces résultats permettront éventuellement aux intervenants en agriculture d’avoir une analyse plus compréhensive de l’enjeu de la résistance aux fongicides et facilitera la mise en place de solutions de lutte contre la brûlure de la feuille adaptées à la réalité des agents pathogènes visés.
Mots clés : Botrytis, résistance aux fongicides, coûts d’adaptation, co-infections, brûlure de la feuille de l’oignon
Afin de vérifier l’hypothèse de travail selon laquelle la résistance aux fongicides induit une baisse d’agressivité chez B. squamosa, deux objectifs ont été poursuivis dans ce projet : (1) déterminer la sensibilité d’isolats de B. squamosa aux huit matières actives homologuées suivantes: boscalid, pyraclostrobine, picoxystrobine, pyriméthanil, fluopyram, fluxapyroxade, fludioxonil, difénoconazole; (2) évaluer l’influence de la résistance sur l’habileté des isolats de B. squamosa à causer des lésions sur des plants d’oignons. De plus, afin de vérifier si la présence de B. cinerea en co-infection avec B. squamosa augmente la sévérité des symptômes de brûlure de la feuille, un troisième objectif a été poursuivi : (3) évaluer la capacité des isolats de B. cinerea à causer ou amplifier des symptômes de brûlure de la feuille sur des plants d’oignons en l’absence et en présence de B. squamosa. Pour ce faire, des essais de croissance in vitro ont été réalisés sur 90 isolats de B. squamosa isolés à partir de feuilles d’oignons symptomatiques prélevées dans des champs d’oignons de la Montérégie. Basée sur un facteur de résistance supérieur à 2, l’incidence de la résistance était de 82.9% pour le boscalid, 79.5% pour le difénoconazole, 4.6% pour le fludioxonil, 78.4% pour le fluopyram, 79.3% pour le fluxapyroxade, 75.6% pour la picoxystrobine, 60.9% pour la pyraclostrobine et 39.1% pour le pyriméthanil. Par la suite, 59 isolats ont été testés pour leur capacité à causer des lésions sur des plants d’oignons en conditions optimales. L’agressivité des isolats n’a révélé aucun coût d’adaptation associé à la résistance aux fongicides. Finalement, la présence de B. cinerea dans l’inoculum pendant ou après une infection par B. squamosa n'amplifiait pas les dommages de brûlure de la feuille de l’oignon. Ces résultats permettront éventuellement aux intervenants en agriculture d’avoir une analyse plus compréhensive de l’enjeu de la résistance aux fongicides et facilitera la mise en place de solutions de lutte contre la brûlure de la feuille adaptées à la réalité des agents pathogènes visés.
Mots clés : Botrytis, résistance aux fongicides, coûts d’adaptation, co-infections, brûlure de la feuille de l’oignon