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Résister à l'antibiorésistance



Le mot « antibiotique » provoque chez certains une émotion négative alors que d’autres le perçoivent comme une panacée pour remédier à un problème de santé.

Quoi qu’il en soit, la pharmacopée collective, voire mondiale, ne s’agrandit pas. Médecins et vétérinaires ont de moins en moins de substances à leur disposition pour traiter les infections bactériennes qui, elles, augmentent en nombre et en diversité. Qui plus est, ces bactéries deviennent résistantes aux traitements existants : c’est l’émergence de l’antibiorésistance ou de la résistance aux antibiotiques. Ce phénomène naturel est actuellement accéléré à l’échelle planétaire par un mauvais usage des antimicrobiens, mais des organisations internationales se sont concertées pour prendre la situation en main. 

« L’antibiorésistance est un problème de santé publique et animale de dimension mondiale », affirme Virginie Filteau, chef vétérinaire chez Zoetis. Dans sa conférence présentée lors du Congrès Bœuf organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) le 5 octobre dernier, la Dre Filteau a tenu à souligner que les humains et les animaux disposent du même éventail de molécules pour traiter les infections d’origine bactérienne : un patrimoine collectif que nous sommes privilégiés d’utiliser et dont nous devons prendre soin.  

Plus mortelle que le cancer

Il faut savoir que les bactéries sont des machines de survie disposant de plusieurs mécanismes pour déjouer leurs assaillants, incluant les antibiotiques. La résistance survient lorsqu’une bactérie est capable de survivre à l’action de la molécule médicamenteuse et se reproduit. Concrètement, cela peut se traduire par une infection bactérienne extrêmement difficile à traiter chez un veau. Des maladies que l’on pouvait auparavant traiter facilement avec de la pénicilline deviennent mortelles de nos jours. D’ailleurs, les projections pour 2050 prévoient que les infections bactériennes causeront davantage de décès chez l’humain que le cancer*. 
 

Alarmées, des organisations internationales se sont alliées en 2010 afin de suivre l’émergence des maladies et de promouvoir des règles communes concernant la lutte à l’antibiorésistance. Le Canada s’est positionné comme un leader et a mis en œuvre des mesures visant à effectuer la surveillance de la résistance, à financer la recherche et à favoriser l’utilisation intelligente des antibiotiques. Au pays, le Québec est la province la plus proactive en ce sens (voir encadré).  



À la ferme

Les efforts mis en œuvre à l’international doivent être concertés avec des façons de faire concrètes à la ferme. En prévention, une régie d’élevage adéquate se traduit par l’application des règles de biosécurité et le recours à la vaccination. Lorsque des symptômes apparaissent, il est essentiel d’établir un bon diagnostic avant de traiter et, en dernier recours, lorsqu’un traitement antibiotique est nécessaire, il faut administrer la bonne dose pour la bonne période de temps.  

« La progression de l’antibiorésistance est un phénomène biologique très complexe et c’est l’affaire de tous », tient à souligner Virginie Filteau. Producteurs, vétérinaires, mères de famille et médecins peuvent faire la différence au quotidien pour une utilisation responsable des antibiotiques.



* O’Neil, J. 2014. Antimicrobial Resistance: Tackling a crisis for the health and wealth of nations. Review on antimicrobial resistance. 20 pp. https://amr-review.org/sites/default/files/AMR%20Review%20Paper%20-%20Tackling%20a%20crisis%20for%20the%20health%20and%20wealth%20of%20nations_1.pdf
** Gouvernement du Québec, Décret1110-2018 Loi sur la protection sanitaire des animaux.


Ce texte a été publié originalement dans La Terre de Chez Nous

 

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Organisation : Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ)
Date de publication : 31 octobre 2018
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