Dans la dernière décennie, on a parlé de plus en plus de « flexibilité psychologique ». Selon le psychologue américain Hayes : « La flexibilité psychologique a été définie comme la capacité à être conscient de ses pensées et sentiments du moment présent, sans que cela empêche de poursuivre ses actions dans la poursuite de ses objectifs et de ses valeurs ».
« Chaque fois que ça ne se passe pas comme il le veut, il pète les plombs. Souvent, il évite les situations déplaisantes ou les discussions autour de sujets sensibles », raconte Sylvianne. Et Mathieu de rétorquer : « Et elle, elle change d’idée comme elle change de culotte, elle accepte tout comme si rien n’était important. On dirait qu’elle n’a pas d’objectifs et parfois pas d’émotions ».
Est-ce que Mathieu est persévérant ou trop rigide? Sylvianne trop molle ou flexible?
Par exemple : j’avais envisagé de faire des rénovations, mais je viens de perdre mon employé clé à l'entreprise. Je peux donc soit changer la nature du projet, ou le reporter, soit accepter une aide-externe. Je vais m’engager à faire de nouveaux choix qui sont en fonction de mes valeurs. Malgré une éventuelle déception, je choisis de rechercher la meilleure solution. Comme je dis souvent à mes clients : « Vous arrivez quand même à travailler les jours pluvieux ou nuageux, la température est rarement parfaite ». Prenez l’engagement de faire ce qui est important pour vous, à moyen et long terme, au lieu de paralyser sous l’émotion et les pensées limitatives : « Pourquoi cela m’arrive? Je ne mérite pas cela, c’est épouvantable, etc. ». Ces pensées sont là, mais, comme les nuages, elles vont passer.
La flexibilité permet, entre autres, d’accepter de vivre une anxiété qui est présente lorsque l’on souhaite parler de sujets sensibles, comme nos attentes, nos peurs , etc. Vouloir l’éviter peut, au contraire, s’avérer une entrave à long terme à la réalisation de nos buts. La flexibilité est ainsi décrite comme une capacité d’acceptation et d’engagement.
En fait, il est rare que les choses se passent exactement comme on l’avait prévu. Quiconque possède une bonne flexibilité psychologique choisira d’agir en fonction de la nouvelle réalité, des contingences actuelles de la situation ou sur les événements internes (pensées, émotions), qu’ils soient indésirables, désirables ou neutres.
Comment devenir plus flexible? Voici quelques pistes à favoriser basées sur l’approche « ACT » (Acceptance and Commitment Therapy) :
-Le contact avec le moment présent : avoir conscience de l’ici et maintenant avec ouverture, intérêt et réceptivité, et ce, sans jugement.
-La défusion cognitive : apprendre à prendre du recul et à se détacher des pensées, des inquiétudes et des souvenirs, car ceux-ci nuisent la plupart du temps. Vous êtes « plus » que vos pensées. Ce n’est pas parce que vous vous dites « je suis stupide » que vous l’êtes… Ce n’est qu’une pensée. Rien de plus. En se détachant, l’émotion sera beaucoup moins forte.
-Les valeurs : découvrir ce qui est le plus important pour vous.
-L’action engagée : se fixer des objectifs en fonction de ses valeurs et les mettre en œuvre de façon responsable.
-Choisir d’agir même si la situation n’est pas parfaite ou que vous n’êtes pas au sommet de la forme.
Alors, êtes-vous flexible ou rigide?
Pierrette Desrosiers, M.Ps.
Psychologue du travail, conférencière, formatrice et coach d’affaires.
Spécialisée en transfert d’entreprises familiales
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