Quels sont les résultats actuels et le potentiel de rentabilité des productions émergentes en serre, notamment les cultures hivernales? Le 1er volet d’un projet réunissant le CRAM et le CETAB+ a permis de rassembler des données sur quelques productions : haricot, aubergine, courgette, céleri, fraise, melon, ainsi que kale, bette à carde, céleri, oignon vert, rabiole, persil, sucrine et mesclun de crucifères. Geneviève Labrie (CRAM) et Anne Le Mat (CETAB+) en ont présenté quelques observations au cours du Colloque maraîcher en serre 2023, le 14 novembre dernier.
Les constats montrent que les producteurs et productrices appliquent des méthodes diverses, autant dans le choix des cultivars que dans la conduite des cultures, notamment les consignes de température appliquées. On remarque que les rendements sont très variables : par ex., dans l’aubergine, la Angela permet de produire plus de fruits par plants et plus tôt en saison, alors que la productivité est plus forte pour Traviata, Annina, Ping Tung Long en juillet et août. Les courgettes tuteurées ont démontré une meilleure productivité. Le céleri, récolté en branches, résiste bien au froid et un pied peut produire jusqu’à 140 jours, la variété Kelvin ayant offert les meilleurs rendements. Des améliorations dans les techniques de cultures sont encore souhaitables
Les possibilités d’étaler la période de récolte en maraîchage et d’élargir son offre sont donc prometteuses, mais qu’en est-il de la rentabilité? Avec les données actuelles, les calculs démontrent que l’aubergine et le céleri arrivent à être profitables : ils combinent un bon potentiel de prix de vente et un bon potentiel de rendement. Toutefois, le kale, la courgette, les oignons verts, dont les coûts d’opérations sont moindres, ont un potentiel de revenu moyen mais ne sont pas encore rentables : c’est le prix de vente constaté qui ne permet pas de dégager de profit.
Pas d’échappatoire : il faut réaliser ses budgets par production! L’exercice est complexe, puisque chaque culture occupe la serre de façon différente dans le temps et dans l’espace et engendre des coûts de production particuliers selon l’intensité de chauffage ou de travail nécessaire, par exemple. Mais cet exercice est indispensable pour se poser les bonnes questions : quel est mon potentiel de production? Quel prix de vente vais-je obtenir dans mon réseau de commercialisation? Quels sont les risques? En vérifiant la rentabilité de chaque culture en serre, on vise à s’orienter vers une rentabilité globale de son entreprise. En effet, en diversifiant les cultures occupant la serre, on augmente les revenus qui vont couvrir les coûts de possession de celle-ci.
Afin de faciliter les calculs pour les maraîchers et maraîchères intéressés, l’évaluation économique présentée suite à cette étude peut être adaptée avec les chiffres et la réalité propres à chaque entreprise : les tableaux sont disponibles dans les fiches issues de l’étude. De plus, d’autres tests vont être effectués dans les prochaines années pour préciser les premières observations.
Consultez les fiches Culture serricole émergente en région nordique – Sommaire d’essais , rédigées par Louise Voynaud, Claudine Desroches, Anne Le Mat et Geneviève Labrie, maintenant accessibles sur Agri-Réseau. (Prendre note que l’ensemble des informations sur le contexte et la méthode d’évaluation des coûts est indiqué dans ces fiches). Vous trouverez aussi deux collections de fiches techniques sur les cultures en serre (Collection Fiches techniques en serre : Concombres, Courgettes (zucchinis), Épinards, Haricots, Laitues et Collection Fiches techniques en serre 2 : Aubergine, Kale, Radis, Pak-choy, Pois mange-tout et pois sucrés) et des Références économiques pour les cultures en serre au catalogue du CRAAQ.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine les Primeurs maraîchères en mars 2024.
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Diversifier les cultures en serre, est-ce gagnant?
Publié le 08 juillet 2024