4 avril 2025
La résistance de l’abeille domestique au varroa en fonction des odeurs provenant du couvain
Voici la troisième partie du résumé d’un webinaire présenté par la Dre Fanny Mondet, dans le cadre des conférences organisées par le Sustainable Beekeepers Guild of Michigan (SBGMI).
Partie 3 : Le développement d’un nouvel outil de mesure utilisant les odeurs du couvain
À la dernière chronique, nous avions abordé les différents comportements hygiéniques démontrés par les abeilles adultes et le couvain afin de mieux tolérer ou résister au varroa. De plus, nous avions vu que les tests de mesure du phénotype de ces comportements comprenaient plusieurs défis, ils étaient notamment long et coûteux à exécuter et les résultats obtenus pouvaient être variables en fonction des populations étudiées. D’autres solutions sont-elles envisageables pour identifier plus facilement et plus efficacement les différents comportements hygiéniques?
La Dre Fanny Mondet a travaillé sur le développement de marqueur chimiques pour identifier le comportement VSH. L’une de ses questions de recherche était de tenter d’identifier les odeurs détectées par les abeilles qui leur permettent d’identifier le varroa sous les opercules des cellules de couvain. Les résultats obtenus pourraient permettre de proposer de nouveaux tests moins coûteux et plus fiables et rapides pour remplacer les tests actuels.
Développement et validation des marqueurs chimiques
La première étape de ce processus consiste à extraire le contenu de cellules saines et parasitées afin de comparer leur profil olfactif. Cette première étape lui a permis d’identifier plusieurs molécules candidates (figure 1), dont deux ont été retenus pour les tests comportementaux.
Par la suite, il s’agit de valider l’effet des composés trouvés dans un essai comportemental. Le composé odorant identifié est extrait sous forme liquide, puis injecté à l’aide d’une seringue sous l’opercule d’une cellule de couvain saine. Plusieurs cellules sont ainsi injectées. Le cadre de couvain est ensuite placé dans une ruche dont on veut évaluer le comportement à l’étude (ici, le comportement VSH). Quelques heures plus tard, le cadre est récupéré pour évaluer le nombre de cellules nettoyées. Différents dosages sont également mis à l’essai.
La troisième étape consiste à valider l’efficacité du test avec un essai au champ en comparant avec un test de référence déjà validé. Dans le cas du comportement VSH, le test de référence est le test Harbo. Les résultats ont montré une bonne corrélation entre les deux méthodes, mais pas suffisamment pour l’utiliser au champ de façon fréquente.
De plus, la comparaison a été effectuée à plusieurs reprises au cours de la saison apicole pour identifier le moment où les résultats seraient les plus fiables. La fin de la saison a été identifiée comme étant le meilleur moment pour effectuer le test, puisque c’est à ce moment que la corrélation était meilleure.
Fiabilité et perspective
L’utilisation des molécules odorantes du couvain comme test phénotypique de mesure de la résistance au varroa est une technique prometteuse, mais n’est pas encore prête pour la phase de commercialisation. La procédure d’application des composés odorants sur le couvain doit encore être améliorée et l’identification des meilleures combinaisons d’odeurs pourrait entre autres améliorer la fiabilité du test. Cette technique doit également être reproduite chez différentes populations d’abeilles dans le monde afin de déterminer son potentiel à être introduite dans un programme de sélection génétique apicole.
En attendant : la sélection multicritère
Pour le moment, parmi tous les traits de résistance ou de tolérance au varroa, ce sont le comportement hygiénique et le taux d’infestation en varroa qui ont l’héritabilité la plus élevée et dont les tests phénotypiques sont les plus faciles à exécuter au champ et dont les résultats sont les plus fiables. La Dre Fanny Mondet et son équipe se sont rendu compte que ces deux tests avaient une bonne corrélation entre eux. Les colonies qui ont un score élevé pour le comportement hygiénique (qui nettoient bien les alvéoles) présentent également une charge plus faible en varroas (figure 2).
La combinaison entre le comportement hygiénique et le taux d’infestation en varroa permet d’obtenir un nouveau critère de sélection : la sélection multicritère (figure 3). Chez les colonies de l’INRAE, ce type de sélection a permis d’obtenir des améliorations intéressantes de leurs populations, en ayant un meilleur comportement hygiénique et en diminuant l’infestation par le varroa, tout en conservant des bonnes récoltes en miel. La sélection multicritère ne permet pas d’éliminer complètement les traitements antiparasitaires, mais permet de diminuer la fréquence de leur utilisation.
Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD
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