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Apiculture - Chronique No 66 - 7 mars 2025

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AU RUCHER CETTE SEMAINE
7 mars 2025


La résistance de l’abeille domestique au varroa en fonction des odeurs provenant du couvain

Voici la deuxième partie du résumé d’un webinaire présenté par la Dre Fanny Mondet, dans le cadre des conférences organisées par le Sustainable Beekeepers Guild of Michigan (SBGMI). 

Partie 2 : Les comportements hygiéniques spécifiques au varroa

Comme nous l’avons abordé à la chronique précédente, le processus de sélection génétique permettant de conférer une tolérance ou une résistance aux abeilles contre le varroa est complexe. On doit d’abord mesurer adéquatement les différentes caractéristiques des abeilles (traits phénotypiques) afin de calculer la proportion observable de chaque trait qui peut être attribuée à la composante génétique (héritabilité). Cela permet donc d’accélérer la transmission des caractères d’intérêts à la génération d’abeilles suivante.

Cependant, les mécanismes derrière la capacité des abeilles à survivre aux infestations de varroa ne sont pas encore bien compris. Il existe plusieurs traits de tolérance ou de résistance. De plus, ces caractères de tolérance ou de résistance peuvent être exprimés à plusieurs niveaux au sein de la colonie, ce qui complexifie les mesures des caractères et la sélection. 


La tolérance vs la résistance

Les abeilles d’une colonie peuvent montrer uniquement des mécanismes de résistance ou de tolérance, une combinaison des deux ou aucun mécanisme. Mais quelle est la différence entre la tolérance et la résistance de l’abeille au varroa?

Tolérance : C’est la capacité de l’abeille à réduire l’impact que le varroa a sur sa santé. Les niveaux d’infestation de varroa dans la ruche restent élevés, mais n’entraînent pas de dommages significatifs sur la colonie (alors que les mêmes niveaux d’infestation entraîneraient des dommages dans des colonies susceptibles). L’abeille a donc la capacité de tolérer la présence du parasite.

Résistance : C’est la capacité de l’abeille à réduire la capacité de reproduction du varroa. Le succès de reproduction du varroa est diminué. Cela va donc entraîner une réduction des niveaux d’infestation dans la colonie.

Il existe plusieurs mécanismes de tolérance ou de résistance (figure 1). Ils peuvent être exprimés par les abeilles adultes et par le couvain ou être observable au niveau de la colonie. De plus, les actions posées par l’apiculteur et les conditions climatiques peuvent aussi avoir un impact sur les niveaux d’infestation en varroa. Le varroa lui-même peut posséder des caractéristiques qui améliorent ou réduisent sa capacité à se reproduire (fitness).
 
 
Les mécanismes de résistance et de tolérance des abeilles au varroa

Figure 1. Les mécanismes de résistance et de tolérance des abeilles au varroa

Capture d'écran de la présentation de la Dre Fanny Mondet


Les mécanismes de résistance ou de tolérance au varroa peuvent être exprimés par les abeilles adultes, par le couvain, ou au niveau de la colonie. Des facteurs externes, comme la gestion de la ruche par l’apiculteur, ainsi que l’effet de l’environnement, peuvent aussi avoir des impacts sur les niveaux d’infestation en varroa, de même que les caractéristiques intrinsèques du varroa.




Les critères de sélection de tolérance ou de résistance spécifiques au varroa

Chez l’abeille domestique, il y a plusieurs caractères qui peuvent être utilisés pour sélectionner la résistance à varroa, entre autres le comportement hygiénique, le niveau d’infestation en varroas, l’inhibition de la reproduction du varroa (SMR/MNR), le comportement VSH (Varroa Sensitive Hygiene), le recapping, le temps d’operculation, et le comportement d’épouillage. La définition des principaux comportements utilisés présentement en recherche est présentée dans l’encadré ci-dessous.
 

Un peu plus sur les comportements hygiéniques exprimés par les abeilles adultes ou le couvain:

VSH (Varroa Sensitive Hygiene) : Les abeilles adultes ont la capacité de détecter le varroa qui se cache dans la cellule operculée. Elles vont alors désoperculer la cellule et éliminer le varroa qui est en train de se reproduire, ainsi que la pupe d’abeille endommagée. Les abeilles vont laisser intact le couvain non parasité. 

Recapping : Tout comme le comportement VSH, les abeilles adultes ont la capacité de détecter le varroa en mode reproduction sous l’opercule. Elles vont désoperculer la cellule, ce qui perturbe le cycle de reproduction du varroa, mais elles laissent intact la pupe d’abeille en formation. Elles vont par la suite réoperculer la cellule (d’où l’utilisation du terme anglais recapping).

SMR (Suppressed Mite Reproduction) : Le comportement SMR est une action du couvain qui permet d’inhiber la reproduction du varroa. Les mécanismes qui permettent le comportement SMR ne sont cependant pas bien connus.

MNR (Mite Non Reproduction) : Comprend tous les comportements qui résultent en une diminution du succès de reproduction ou un échec de reproduction du varroa. L’environnement peut également avoir un effet dans le MNR.

Comportement hygiénique : Le comportement hygiénique comprend toutes les stratégies qui permettent aux abeilles de conserver une bonne santé globale. Ces comportements peuvent être spécifiques au varroa (comme le VSH, le recapping et le SMR) ou généraux, comme le comportement d’épouillement (grooming) ou de nettoyage de la ruche.

Pour un aperçu complet des mécanismes de tolérance et de résistance des abeilles, je vous inviter à visionner le webinaire présenté par Marie Lou Morin, « Qu’est-ce que les comportements hygiéniques peuvent apporter à l’apiculture québécoise? ».



Les mécanismes les plus étudiés de nos jours sont les comportements VSH (Varroa Sensitive Hygiene) et de recapping, qui sont des traits démontrées par les abeilles adultes, et le comportement SMR (Suppressed Mite Reproduction), un trait démontré par le couvain d’abeilles. Les abeilles adultes et le couvain peuvent démontrer différents niveaux de l’un ou l’autre de ces traits. Les populations qui utilisent ces deux stratégies en même temps sont plus efficaces pour réduire les populations de varroa. Cependant, chaque population d’abeille ne démontre par les mêmes comportements hygiéniques et pas au même niveau. Il peut donc y avoir des différences entre les populations dans le monde, ce qui complexifie la recherche quant à l’identification de stratégies génétiques pour sélectionner différents comportements hygiéniques chez l’abeille. 


Les mesures des comportements hygiéniques spécifiques au varroa

Dans tous les cas, il faut être en mesure d’évaluer adéquatement les comportements hygiéniques démontrés par l’abeille (phénotype) avant de procéder à la sélection génétique, tel que discuté dans la chronique précédente. Les protocoles qui existent à l’heure actuelle pour mesurer le VSH, le recapping, le SMR et le MNR sont difficiles à exécuter et coûteux en temps et en ressources. Marie-Lou Morin l’a d’ailleurs bien démontré dans le webinaire « Qu’est-ce que les comportements hygiéniques peuvent apporter à l’apiculture québécoise? ». Les niveaux d’infestations en varroas doivent souvent être élevés et le nombre de cellules de couvain à observer est important. De plus, la répétabilité des résultats est faible en cours de saison (ce qui veut dire que plusieurs mesures du même trait dans la même colonie donnent des résultats différents au cours de l’été). L’environnement a également un effet élevé dans l’expression des comportements. La composante « environnement » peut être expliquée entre autres par la dynamique de la population d’abeilles, la capacité de reproduction du varroa, les caractéristiques de tolérance ou de résistance démontrés par le couvain, les niveaux d’infestation en varroa, la présence d’autres pathogènes, la température, l’humidité, les ressources florales environnantes, la dérive, etc. Cela augmente donc encore plus la difficulté à bien sélection pour ces comportements. 
 

À titre d’exemple :

Pour mesurer le recapping, le taux d’infestation initial d’une colonie fortement infestée est d’abord évalué en inspectant le contenu de 150 cellules de couvain afin de détecter la présence de varroa. Si le taux d’infestation est supérieur à 10%, une autre section de ce même cadre infesté est placée dans une colonie pour laquelle on veut mesurer le trait de recapping. (Si le taux d’infestation est inférieur à 10 %... on recommence jusqu’à ce qu’on trouve suffisamment de varroas!). Une semaine plus tard, ces cadres sont prélevés des colonies, puis l’envers de l’opercule de 150 cellules de couvain est observé afin de déterminer si l’opercule est intacte ou si elle a été réoperculée par les abeilles (Morin et Giovenazzo 2023). C’est un travail très fastidieux!



C’est dans cette optique que la Dre Fanny Mondet a entamé des recherches afin de développer un nouvel outil pour mesurer les comportements hygiéniques spécifiques au varroa en utilisant les odeurs du couvain d’abeilles. Cette technique prometteuse pourrait remplacer les tests actuels de mesure du phénotype des comportements hygiénique et offrir un test plus fiable, plus rapide et moins coûteux. Cette recherche vous sera présentée dans la prochaine chronique. 


Pour une présentation complète du comportement hygiénique de l’abeille, des caractères de tolérance et de résistance spécifiques au varroa et la façon dont ces caractères sont mesurés, je vous invite à visionner (ou revisionner!) le webinaire « Qu’est-ce que les comportements hygiéniques peuvent apporter à l’apiculture québécoise? » présenté par Marie-Lou Morin.

Références:
Morin, M.-L. et Giovenazzo. P. 2023. Mite non-reproduction, recapping behaviour, and hygienic behaviour (freeze-kill method) linked to Varroa destructor infestation levels in selected Apis mellifera colonies. Journal of Veterinary Diagnostic Investigation. 35 (6): 655-663. https://doi.org/10.1177/1040638723117214



Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD


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Organisation : Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD)
Date de publication : 07 mars 2025
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