7 février 2025
La résistance de l’abeille domestique au varroa en fonction des odeurs provenant du couvain
Voici le résumé d’un webinaire présenté le 20 janvier dernier par la Dre Fanny Mondet, dans le cadre des conférences organisées par le Sustainable Beekeepers Guild of Michigan (SBGMI). Dr Mondet est une chercheure à l’INRAE, en France. Son travail est principalement orienté sur les interactions entre l’abeille domestique et l’acarien parasite Varroa destructor, en particulier sur la sélection de l’abeille pour la résistance contre le varroa.
Le webinaire sera résumé en trois parties, soit la sélection génétique chez l’abeille, les comportements hygiéniques spécifiques au varroa et le développement d’un nouvel outil de mesure utilisant les odeurs du couvain. Restez à l’affut des publications des prochaines semaines pour lire les parties 2 et 3.
Partie 1 : La sélection génétique chez l’abeille
La lutte contre le varroa en contexte climatique tempérée est complexe. Les produits utilisés pour le contrôler peuvent avoir une efficacité variable, ont parfois des effets négatifs sur les abeilles et le développement de résistance aux acaricides de synthèse est un enjeu de plus en plus présent. La sélection génétique des abeilles en fonction de leur capacité à survivre au varroa est une stratégie à long terme qui pourrait diminuer notre dépendance aux acaricides. La sélection génétique permettrait alors d’accélérer la transmission des caractères d’intérêt à la génération d’abeilles suivante.
Cependant, la sélection génétique permettant de conférer une tolérance ou une résistance des abeilles au varroa n’est pas simple. Il faut tout d’abord être en mesure d’identifier et de bien mesurer les différentes caractéristiques des abeilles (traits phénotypiques) afin de sélectionner adéquatement les traits de tolérance ou de résistance. Ensuite, les abeilles peuvent démontrer plusieurs types de caractères de tolérance ou de résistance. Enfin, chacun des critères peuvent être plus ou moins héritables, c’est-à-dire transmissibles à la génération suivante.
Les mesures phénotypiques
La première étape de la sélection génétique consiste à identifier et mesurer le caractère d’intérêt. En fait, ce que l’on mesure, c’est le phénotype. Le phénotype est l’ensemble des caractères qui sont observables et mesurables. Ce comportement ou caractère observé peut être expliqué à la fois par des facteurs génétiques et des facteurs liés à l’environnement (figure 1). Il faut être en mesure d’isoler l’effet du facteur génétique et l’effet de l’environnement, car seule la partie génétique peut être transmise à la descendance.
Dans le cas de la sélection pour la tolérance ou la résistance au varroa, la composante « environnement » a un effet très élevé sur l’expression des critères. Les tests de mesure du phénotype doivent donc être fiables afin d’être en mesure de bien isoler l’effet de la composante génétique. Les comportements spécifiques de tolérance et de résistance aux varroas et la façon d’en mesurer le phénotype feront l’objet de la prochaine chronique.
L’héritabilité
Les résultats des mesures du phénotype permettent par la suite de calculer l’héritabilité. L’héritabilité, c’est la proportion d’un caractère qui est attribuée à la composante génétique et qui peut être transmise aux descendants. Une héritabilité élevée signifie qu’une grande partie de la variation phénotypique est expliquée par le facteur génétique et que la descendance aura une plus grande chance de démontrer les traits sélectionnés. Au contraire, une héritabilité faible, signifie qu’il sera plus difficile de transmettre le trait à la descendance.
Les limites des méthodes phénotypiques
Les mesures du phénotype en lien avec les comportements hygiéniques des abeilles spécifiques au varroa sont complexes à exécuter et coûteuses en temps et en ressources. Ils requièrent souvent des niveaux élevés d’infestation en varroa et demandent d’évaluer un nombre élevé de cellules de couvain et de colonies pour obtenir un résultat robuste. De plus, il y a beaucoup de variabilité dans les résultats obtenus. La répétabilité de ces traits est aussi faible, c’est-à-dire que les résultats obtenus pour l’évaluation d’une même colonie peuvent être différents dans le temps. Il faut donc prendre plusieurs mesures pour augmenter la fiabilité.
Conclusion
La sélection génétique des abeilles permettant d’améliorer la capacité à survivre au varroa est un processus long et complexe. Les abeilles peuvent exprimer différents caractères de tolérance ou de résistance au varroa et la mesure de ces caractères demande beaucoup de temps et de ressources pour obtenir un résultat fiable et répétable. Différentes populations d’abeilles peuvent exprimer des comportements différentes et l’héritabilité de chaque caractère étudié peut différer d’une population à l’autre, ce qui complexifie d’autant plus l’étude et la sélection génétique de ces traits.
De plus, les mécanismes derrière la capacité des abeilles à survivre aux infestations de varroa ne sont pas encore bien compris. Il y a donc un besoin grandissant pour développer de nouvelles méthodes plus simples et efficaces pour mesurer le phénotype des caractères en lien avec la tolérance ou la résistance des abeilles au varroa.
Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD
Lire le billet précédent Lire le billet suivant
Très intéressant et j’espère que votre équipe pourra arriver à des résultats très prometteurs pour nous les apiculteurs. Est-ce que les abeilles du Québec font parties de celles qui seraient les plus prometteuses? Ce qui pourrait nous aider à faire une meilleure sélection lors d’achat de reine.
Répondre