L’hiver s’installe et apporte avec lui la neige, le temps des fêtes, l’ouverture des sentiers de motoneige et… le virus de la grippe. Loin de moi l’idée de parler ici de la Co***, mais saviez-vous que les abeilles peuvent elles aussi être affectées par différents virus? Vous avez peut-être même déjà observé des signes de leurs présences dans vos colonies. Si ce n’est pas (encore) le cas, je suis désolé de vous apprendre qu’ils sont malgré tout bien présents. En lisant ces quelques lignes, vous serez mieux informé à leur sujet et serez même en mesure d’identifier certains d’entre eux.
À ce jour, au moins 20 virus ont été identifiés chez l’abeille mellifère. Les virus sont des agents infectieux nécessitant les cellules d’un hôte pour se répliquer. Habituellement, ils sont transmis de façon dite verticale et/ou horizontale. Lors d’une transmission verticale, les virus sont transmis de la mère à la progéniture. La transmission horizontale a quant à elle lieu entre individus de même génération et peut être classée comme directe, telle que les infections alimentaires et sexuelles, ou indirectes, lorsqu’un hôte biologique est impliqué, comme le varroa par exemple. Pendant de nombreuses années, la détection et l’identification des viroses chez l’abeille domestique reposaient principalement sur la sérologie. Aujourd’hui, la méthode moléculaire d’amplification en chaîne par polymérase (ACP; PCR en anglais) est couramment utilisée dans le milieu de la recherche apicole.
Le virus de la paralysie chronique
Le virus de la paralysie chronique (chronic bee paralysis virus ou CBPV en anglais), aussi appelé la maladie noire, est l’un des premiers virus à avoir été isolé chez l’abeille domestique. Les abeilles infectées ont une faible quantité de poiles ce qui leur donne un aspect plus foncé et brillant (Figure 1A). Attention de ne pas confondre les symptômes de cette maladie avec une vielle abeille qui a naturellement moins de poiles (Figure 1C). Habituellement, les abeilles atteintes de ce virus ont les ailes disloquées alors que l’extrémité est intacte (Figure 1B) ce qui n’est pas le cas des ailes des abeilles plus âgées qui ont un aspect abîmé. Ce virus cause aussi des tremblements et une paralysie partielle affectant leur capacité de vol. En date d’aujourd’hui, ce virus n’est toutefois pas préoccupant au Canada.
N'oubliez pas, si vous observez des mortalités inhabituelles dans vos ruchers ou êtes témoin d’une situation susceptible de mettre en péril la santé du cheptel, n’hésitez pas à contacter le réseau apicole du MAPAQ (abeille@mapaq.gouv.qc.ca).
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