LES CULTURES DE COUVERTURE, LE SOL ET L’ENVIRONNEMENT
Publié le 08 février 2023
L'effet "couverture" et l'effet "structure"
Les cultures de couverture protègent le sol de l’érosion éolienne et hydrique non seulement durant la saison de croissance, mais aussi à l’automne et au printemps, notamment là où l’impact des grosses pluies peut entraîner la formation d’une croûte superficielle (battance). En protégeant ainsi le sol en surface, mais surtout en améliorant sa structure et sa porosité, les cultures de couverture peuvent améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol. En effet, leurs racines exercent une action directe sur la structure du sol en favorisant la formation de macropores ainsi que l’agrégation des particules de sol grâce aux exsudats racinaires (sucres, protéines et autres molécules). Une meilleure infiltration de l’eau diminue la pollution diffuse des cours d’eau et des nappes phréatiques par les sédiments, la matière organique et les éléments minéraux, notamment l’azote et le phosphore.
L'effet "biomasse"
Les cultures de couverture ne sont pas récoltées, mais détruites par le gel, par leur incorporation au sol à l’automne ou par une autre méthode selon la situation. Par conséquent, elles augmentent l’activité microbienne du sol en fournissant une biomasse végétale additionnelle (tiges, feuilles, racines) qui sera décomposée par les microorganismes (bactéries, champignons, actinomycètes, mycorhizes), des acteurs très importants dans la formation et la conservation de la matière organique. Les exsudats racinaires sont aussi reconnus pour favoriser la croissance microbienne.
Elles prélèvent et emmagasinent dans leur biomasse aérienne et racinaire les éléments nutritifs du sol (reliquats de fertilisation, éléments issus de la minéralisation des engrais organiques), les mettant ainsi à l’abri du lessivage et des pertes. Stockés sous forme organique dans la biomasse végétale, ces éléments sont ainsi recyclés par les microorganismes et contribuent à l’enrichissement des sols ou à la nutrition de la culture subséquente. Certaines cultures de couverture, de par leurs longues racines, prélèvent les éléments nutritifs en profondeur, ce qui constitue un autre avantage.
Le sol s’enrichit par ailleurs en azote via la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les cultures de couverture de type légumineuses. Cet apport d’azote potentiellement disponible à la culture subséquente peut être considérable, mais varie entre autres selon l’espèce de légumineuse, la croissance, la concentration en azote et le rapport C/N de sa biomasse, la méthode et le moment de destruction, le type de sol et les conditions environnementales.
Enfin, l’amélioration de la biodiversité végétale grâce à certaines cultures de couverture (notamment les espèces qui ne sont pas cultivées à des fins commerciales, telles que la phacélie) n’est pas à négliger de par son effet sur la biodiversité du sol (vers de terre, bactéries, champignons, actinomycètes, mycorhizes).
Plusieurs facteurs culturaux, pédologiques et climatiques viennent moduler les effets des cultures de couverture sur le sol et l’environnement. Pour que le sol, l’environnement, les cultures commerciales et, par le fait même, l’entreprise agricole en retirent les bénéfices escomptés, le choix des espèces qui seront semées doit être adapté à chaque situation. Pour en savoir plus sur les avantages agronomiques, environnementaux et économiques des cultures de couverture, sur les espèces et les mélanges, et sur les scénarios d’implantation et de gestion possibles dans les céréales, le maïs et le soya, consultez le nouveau Guide des cultures de couverture en grandes cultures.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine le Bulletin des agriculteurs en juin 2022.
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