Les marchés publics sont en plein essor au Québec, étant passés de 100 à 150 au cours des cinq dernières années. Lieu de découverte et de rencontre entre les producteurs d’ici et les consommateurs, ils sont souvent synonymes d’été, de terroir et de fraîcheur. Malgré l’engouement pour une alimentation responsable et de proximité, la clientèle des marchés publics demeure limitée. Pourquoi? L’Association des marchés publics du Québec a mené une étude auprès de clients et de non-clients des marchés publics afin de connaître les freins et les incitatifs à s’approvisionner au marché. Nous présentons ici 10 facteurs de succès qui résultent de cette conversation avec les consommateurs.
1. Mettre en valeur la provenance et la fraîcheur des produits
La fraîcheur des produits au marché fait l’unanimité. Pêché la veille, cueilli le matin même, agriculteur du coin, voilà des informations à communiquer! La fraîcheur et le fait d’encourager l’achat local sont les motivations premières des clients des marchés publics.
2. Offrir des produits variés
Faire toutes ses courses pour la semaine en une sortie, c’est pratique. Plus il y a de produits variés dans un marché, plus les clients pressés et efficaces seront comblés. «Beaucoup de participants ont mentionné aimer magasiner à un seul endroit afin de trouver tout ce dont ils ont besoin. Ainsi, l’intégration d’aliments de base serait une excellente idée selon eux puisque le marché ne devient plus complémentaire à leurs épiceries régulières, mais devient une place où ils peuvent simplement acheter tout au même endroit, en plus de se procurer des produits frais/biologiques/de la ferme». Évidemment, être situé près d’une épicerie facilite aussi la complémentarité des lieux d’approvisionnement (AMPQ et Léger360, 2017).
3. Divulguer la liste des producteurs et des aliments
Plus les clients pourront prévoir à l’avance ce qu’ils trouveront au marché, plus ils auront le réflexe d’y faire un tour pour cocher des aliments sur leur liste d’épicerie. La majorité des personnes sondées font leur épicerie une fois par semaine, que ce soit en un endroit ou non.
4. Afficher les prix de manière visible et uniforme
Il peut être gênant de demander à un producteur combien sont les asperges cette semaine... Un affichage clair évite cet embarras. L’affichage uniforme permet aussi de comparer les prix de mêmes produits d’un étal à l’autre.
5. Mettre en vedette les produits de saison
Croyez-le ou non, les circulaires ont toujours la cote. Les tomates sont abondantes et économiques cette semaine? À mettre en vedette! La perception d’un prix plus élevé au marché est tenace et parfois fondée. C’est le premier frein des non-clients. Raison de plus pour faire plaisir aux consommateurs lorsque ce n’est pas le cas.
6. Tenir des dégustations et des évènements spéciaux
Le marché public est perçu comme un endroit de découverte de nouveaux aliments et de produits fins. Une bouchée vaut mille mots! Ajouter à cela des musiciens, quelques tables à pique-nique et des jeux pour les enfants et faire l’épicerie se transforme en fête!
7. Offrir suffisamment d’espaces de stationnement
La logistique peut constituer un frein pour plusieurs clients de type efficace. Le stationnement, la circulation dans le marché et la signalisation sont à prendre au sérieux. Certains participants à l’étude ont aussi proposé d’offrir un service de navette. Une idée de partenariat à faire avec un centre de personnes âgées?
8. Ouvrir en soirée la semaine ou durant la fin de semaine
Ce sont des moments clés pour les travailleurs et les familles. En ajoutant des étals de prêt-à-manger et quelques tables à pique-nique, le tour est joué! Cependant, si la population locale est composée davantage de personnes retraitées, il est préférable d’ouvrir en journée de semaine. Cette clientèle préfère les moments calmes et moins achalandés pour faire ses courses.
9. Promouvoir le marché sur plusieurs plateformes
Faites-vous connaître de votre clientèle grâce aux outils appropriés. Voici d’ailleurs un cadran présentant en ordre (dans le sens des aiguilles d’une montre) les principales sources d’information alimentaire des consommateurs :
10. Miser sur les producteurs
Le contact avec des artisans et des producteurs passionnés est recherché par les clients des marchés publics. Que ce soit par la photo, la vidéo, en racontant leur histoire, en proposant des recettes et en transmettant leur passion, tous les moyens sont bons pour faire des producteurs vos têtes d’affiche. D’ailleurs, les non-consommateurs apprécient IGA, metro et Provigo pour leur offre de produits spécialisés et la présence d’un boucher, d’un poissonnier et d’un boulanger. Ça en dit long sur la plus-value du contact humain!
Les marchés publics sont plus que des lieux de mise en marché de proximité, ils peuvent constituer un important moteur économique local, dynamiser un coeur villageois, créer des liens dans la communauté et susciter un sentiment d’appartenance au territoire. Pour visiter un marché près de chez vous : http://www.ampq.ca/
Les résultats de cette étude reposent sur un sondage réalisé auprès de 692 consommateurs en 2016 et de quatre groupes de discussion animés par Léger360 auprès de 50 non-consommateurs en 2017. Les non-consommateurs sont des personnes de 18 ans +, responsables des achats alimentaires dans leur foyer, situés dans les régions de Montréal, Québec et Sherbrooke.
Les consommateurs sondés sont composés de 75 % des femmes, ont entre 50 et 69 ans dans la moitié des cas et font partie de la classe moyenne. Ils dépensent entre 20 et 49 $ et visitent leur marché public de 4 à 12 fois par année. Pour 66 % des répondants, il est essentiel d’avoir un marché public dans leur région.
Geneviève Rajotte Sauriol, M. Env.
Chargée de projet, Association des marchés publics du Québec
Associée et consultante en communication responsable, Bleu forêt communication
Sources :
Association des marchés publics du Québec et Léger360 (2017). Étude sur les marchés publics du Québec : rapport de recherche, 32 p.
Association des marchés publics du Québec et Université Laval (2016). Présentation des analyses pour l’ensemble des marchés du Québec, 10 p.
Visionner le webinaire complet : S’approvisionner dans les marchés publics : incitatifs et freins
Illustrations : LC Bergeron
Cette étude a été rendue possible grâce au soutien financier du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, en vertu de l’entente Canada-Québec Cultivons l’avenir 2.