L'agriculture verticale : innover en hauteur
Publié le 13 avril 2022
Comment produire des légumes sans terre et sur une surface restreinte? La réponse qu’a choisie M. Aczam est d’optimiser tout l’espace d’une bâtisse en largeur et surtout en hauteur. L’agriculture verticale a fait son chemin au sein des villes, grâce à des systèmes tous plus ingénieux les uns que les autres : hydroponie, aéroponie, plateaux rotatifs, bassin multiétages, laine de roche, etc. Peu importe la méthode de culture privilégiée, l’essentiel est de déterminer avec précision les paramètres entourant la croissance des plants : température, photopériode, fertilisation, taux de CO2, acidité de l’eau, etc. — aucun détail ne peut être laissé au hasard. Dans ce mode quasiment déconnecté de la nature, l’équipement permet un contrôle complet des conditions environnementales tout au long de la croissance des plantes. Qui dit contrôle, dit suivi et traçabilité. Capteurs, sondes, thermomètres, caméras, ces nombreux dispositifs permettent d’être au courant de ce qui se passe à la ferme et de compiler des données précieuses pour l’agriculteur. George Aczam ne laisse pas ces informations dormir dans des disques durs : il les analyse pour en tirer profit afin d’améliorer la qualité des produits et les opérations des employés.
L’innovation est au cœur de son entreprise puisqu’il n’existe aucune feuille de route pour ce type de ferme. Premièrement, les saisons étant absentes, les plantes croissent 365 jours par année et la production ne connait pas de repos. L’automatisation de certaines tâches est un incontournable afin d’assurer la sécurité des employés et de réduire certains coûts en main-d’œuvre. Pour Aquaverti, cela s’est concrétisé sous la forme d’un robot-nettoyeur pour la désinfection des bassins de culture, un robot-transplanteur qui dépose les plateaux de plants dans les bassins de croissance et un robot-récolteur. De plus, des bassins de culture spécialisés et un spectre de lumière à DEL ont été développés et étaient en instance de brevet au moment de la conférence. En effet, certains équipements n’existent pas sur le marché ou ne sont tout simplement pas adaptés à l’agriculture verticale. Tout est à réfléchir. Pour ce faire, la croissance de l’entreprise a été ralentie volontairement afin de bien comprendre les besoins, de concevoir les équipements et de les faire construire. Ce temps investi est payant maintenant pour Aquaverti : M. Aczam constate des gains importants de productivité grâce à ces améliorations.
Innover et robotiser afin de mieux nourrir semble faire partie de la solution à certains défis actuels. Améliorer la fraicheur du produit livré aux clients, augmenter l’autosuffisance en certains aliments, réduire les gaz à effets de serre liés aux transports et aux véhicules agricoles et limiter l’usage de pesticides : les résultats vont-ils être à la hauteur des ambitions de ces fermes urbaines d’un nouveau genre? L’agriculture verticale en est à ses balbutiements, mais elle force est de constater qu’elle commence à avoir le vent dans les voiles.
Le colloque maraîcher en serre s’est déroulé en ligne le 10 novembre 2020. Il est l’initiative du Comité culture en serre du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. La conférence, La petite histoire de la première ferme verticale commerciale au Québec, est disponible sur le site du CRAAQ.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine le Bulletin des agriculteurs en octobre 2021.
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