Pour l’amour des légumes
Publié le 02 mai 2024
Après son inscription au service L’ARTERRE, M. Nasr contacte l’agente de maillage de Laval, Isabelle Mailhot-Leduc. L’adhésion à L’ARTERRE se déroule bien. L’agente s’assure des motivations du candidat. Elle l’informe aussi des documents à rendre pour que la démarche aboutisse.
M. Nasr est prêt à recevoir tous les conseils possibles. Elle contribue par ses questions à faire évoluer la réflexion du candidat dans l’orientation de son entreprise. Quelle est sa motivation profonde? Quelle est sa clientèle cible? Pour l’aspirant-agriculteur, il est clair qu’Isabelle est une valeur ajoutée dans son cheminement.
Petit appel : au moment des démarches de M. Nasr, la pandémie sévit et les mesures sanitaires sont plus strictes que jamais. Le nombre de « bulles » pouvant se rassembler est restreint. On doit respecter une certaine distanciation. Le premier vaccin contre la covid-19 commence à être distribué. Les visites des différents lieux se font donc très prudemment, autant pour sa propre sécurité que pour celle des propriétaires et de l’agente de maillage.
Les quatre lieux visités permettent à M. Nasr de clarifier certains éléments de son propre projet. Le type de sol nécessaire et l’état de la serre font partie de ses réflexions à la suite de chaque visite.
Tout compte fait, l’établissement, en mode locatif, de deux serres et de l’emplacement pour trois tunnels géants, se passera chez M. Laframboise et Mme Brisebois. Dès leur première rencontre, le respect était au rendez-vous, malgré la barrière linguistique. Afin de comprendre le propriétaire, les amis et les enfants jeunes-adultes de M. Nasr étaient présents, agissant comme interprètes de la langue de Molière et de celle de Shakespeare. L’agente de maillage aussi a parfois porté ce chapeau. C’est ainsi qu’ils sont parvenus à un terrain d’entente.
A suivi l’entente notariale pour une location de 5 ans. Celle-ci permet de bâtir les assises d’une bonne relation de confiance entre l’aspirant-agriculteur et le propriétaire. Aux yeux de M. Nasr, il est essentiel, pour la réussite de son projet, de maintenir un traitement adéquat envers les propriétaires. L’entente inclut que, si la terre et les installations sont rachetées par une tierce personne, celle-ci aura l’obligation de respecter et de continuer le bail de location.
Les délais requis avant d’avoir les numéros NIM et autres numéros d’usage afin d’avoir accès au marché des Terroirs de Mirabel font en sorte que M. Nasr ne peut vendre sa production au marché public lors de sa première année de production. Un kiosque à la ferme n’est pas une option en raison des conditions convenues avec les propriétaires. Il est important pour M. Nasr d’entretenir une saine relation avec les propriétaires et de respecter leurs limites. Un tel kiosque nuirait à la tranquillité des lieux.
L’agriculteur se tourne alors vers d’autres possibilités. Le supermarché PA accepte d’ouvrir ses portes à ses produits. Une partie des surplus sont donnés à la communauté locale via la banque alimentaire et l’église. Pour cet ancien bénévole de la Croix rouge canadienne, il va de soi de contribuer à la société. M. Nasr continuera d’alimenter la banque alimentaire de surplus de production dans les saisons subséquentes, ce qui lui permettra d’être en adéquation avec ses valeurs. Afin de l’aider à d’accéder au marché des Terroirs de Mirabel à sa deuxième année de production, Mme Brisebois s’assoit avec M. Nasr pour démystifier la documentation entourant la démarche à entreprendre.
Trois saisons se sont écoulées. Maintenant, la récolte est toute vendue et les mesures sanitaires sont levées. La qualité des produits parle d’elle-même et la clientèle est au rendez-vous. Les cultures majeures de M. Nasr sont les concombres libanais, les mini-concombres pop, les poivrons et les piments ainsi que plusieurs variétés de tomates et de melons. Les livraisons ont lieu dans les deux à trois heures suivant la cueillette. La fraîcheur est donc assurée.
La communauté méditerranéenne des environs apprécie grandement les fruits et les légumes de M. Nasr. L’avenir s’annonce bien puisqu’une place au marché Jean-Talon s’ouvre pour l’agriculteur. La clientèle est essentielle pour permettre l’expansion de l’entreprise. L’entraide est toujours au rendez-vous entre le locataire et le locateur : M. Nasr donne un coup de main pour ranger le bois de foyer, notamment. Quant à M. Laframboise, il s’occupe d’ouvrir et de fermer les serres, en plus de prêter certains outils.
M. Laframboise est très satisfait de l’évolution de la relation avec son locataire. La barrière des langues s’amenuise tranquillement. M. Nasr ressent pour sa part de la joie et du bonheur à travailler sur son projet. L’agriculteur est confiant. Comme il travaille à faire quelque chose de bien, certainement qu’il attirera quelque chose de bien. M. Nasr est reconnaissant d’avoir rencontré l’agente de maillage, puisque cette histoire n’aurait pas eu lieu sans cet élément catalyseur.