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Une confusion coûteuse

Le gaspillage alimentaire pourrait être réduit considérablement par un simple vote à l’Assemblée nationale. On estime que la population mondiale atteindra les 9.8 milliards d’individus en 2050 (Centre d’actualités de l’ONU, 2017). Dans cette optique, les géants de l’alimentation s’acharnent à vouloir produire des aliments en plus grands volumes et à moindre coûts au détriment de l’environnement en utilisant des produits toujours plus puissants. Au Canada 40 % de la nourriture est perdue (V.Gooch et al., 2014). Alors, pendant que tous les partis s’acharnent à trouver des moyens de produire plus, pourquoi ne pas penser à gaspiller moins?

On ne peut pas se permettre jeter de la nourriture comestible aux poubelles et ce, pour des raisons morales ou environnementales. Il semble en effet illogique de jeter de la nourriture lorsque la malnutrition tue 3 millions d’enfants en bas âge annuellement autour du globe (UNICEF, 2018), et que de mettre un hamburger aux poubelles est l’équivalent environnemental de prendre sa douche pendant 90 minutes (Andersen, 2014).

Comme vous pouvez vous en douter, les pertes et le gaspillage alimentaire se font tout au long de la chaîne d’approvisionnement (Gustavsson et al., 2011). Selon Dana Gunders, scientifique sénior au Natural Resource Defence Council des États-Unis, il faudrait commencer par cibler le niveau de la distribution (Gunders, 2015). Déjà dans les dernières années, le mouvement des fruits et légumes moches a contribué à réduire les pertes à la distribution des aliments. Quentin Dumoulin et Thibault Martelain ont bien saisi qu’il n’était pas inconcevable de changer l’opinion publique pour le mieux en brisant les standards de perfection du consommateur face aux fruits et légumes (Lavallée, 2017). Leur compagnie en ligne, Seconde Vie, offre un service de livraison de paniers de produits «moches» pour littéralement leur donner une deuxième vie. Ainsi, dans leur quête de normaliser l’imperfection, ces pionniers au Québec ont emboité le pas aux grandes chaînes d’épiceries dans la vente de ce genre de produits et informés la population que les fruits et légumes ne poussent pas de manière parfaite.  

Pour revenir à madame Gunders, le centre du problème présentement, c’est les dates de péremption. Selon elle, ces dates représentent une lacune facile à résoudre pouvant avoir un grand impact sur la réduction du gaspillage alimentaire. Mais que sont ces dates? Tout d’abord, il faut savoir qu’au Canada ces dates sont établies par les fabricants et les détaillants des produits alimentaires (Gouvernement du Canada, 2017). Alors, contrairement à la pensée populaire que le gouvernement est impliqué dans ce processus de datation, celui-ci observe seulement la datation des substituts de repas ou de la nourriture pour nourrissons. Pour ainsi dire, c’est le secteur privé qui décide du «quand» nos aliments ne sont «plus bons». Pourtant, les aliments, à quelques exceptions près, sont souvent tout à fait consommables et sans risques pour la santé passé la date de péremption (MAPAQ, 2017). En fait, les fabricants déterminent la date en fonction de la qualité et la fraîcheur du produit selon leurs standards. Le problème est que les consommateurs ne sont pas au courant de ce qu’une date représente exactement. Environ 9 personnes sur 10 aux États-Unis en 2017 ont rapporté avoir jeté des aliments, au moins de manière occasionnelle, en raison de la date indiquée sur un produit (Food Marketing Institute, 2017). Cette confusion au niveau des dates de péremption chez les consommateurs influence le comportement des détaillants. Bien qu’il ne soit pas illégal au Canada de vendre des aliments qui ont dépassé la date de péremption, la majorité des grands grossistes vont préférer jeter aux ordures les produits qui ont dépassé cette date  pour s’assurer d’avoir des produits «frais» sur leurs étagères (Gouvernement du Canada, 2017).
Cette nourriture qui se retrouve dans les conteneurs à déchets fait la joie de nombreux groupes d’individus connaissant la valeur et l’enjeu que représentent ces produits. L’existence de ces groupes, appelés les «fouilleurs de poubelles» ou «dumpster divers» en anglais, est la preuve même qu’un besoin d’accès à cette nourriture existe au sein de la population. Ce qu’il manque, c’est l’établissement d’un organisme gouvernemental pour faire office de regard externe sur la détermination des dates de péremption. Cet organisme pourrait se charger d’ajouter une date «bon après» au traditionnel «meilleur avant» et d’éduquer les consommateurs sur leur signification.
 

Bibliographie

Andersen (Réalisateur). (2014). COWSPIRACY [Film].
Centre d’actualités de l’ONU. (2017, Juin 17). Actualités. Récupéré sur Nations Unies / Département des affaires économiques et sociales: https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/world-population-prospects-2017.html
Food Marketing Institute. (2017). Trends 2017. Arlington: Hartman Group.
Gouvernement du Canada. (2017, Septembre 27). Durée de conservation sur l'étiquette des aliments préemballés. Récupéré sur ACIA: http://www.inspection.gc.ca/aliments/information-pour-les-consommateurs/fiches-de-renseignements-et-infographies/duree-de-conservation/fra/1332357469487/1332357545633
Gunders, D. (2015). Dana Gunders is not a chef. But she does love food and utterly despises seeing it going to waste. Récupéré sur danagunters: http://www.danagunders.com/
Gustavsson et al. (2011). PERTES ET GASPILLAGE ALIMENTAIRE DANS LE MONDE. Rome: FAO.
Lavallée, B. (2017, Octobre 10). Second Life : redéfinir la beauté pour combattre le gaspillage alimentaire. Récupéré sur Le nutritioniste urbain: https://nutritionnisteurbain.ca/portraits/second-life-redefinir-la-beaute-pour-combattre-le-gaspillage-alimentaire/
MAPAQ. (2017). Meilleur avant, bon après?
UNICEF. (2018, Janvier https://data.unicef.org/topic/nutrition/malnutrition/). Malnutrition. Récupéré sur Nutrition.
V.Gooch et al. (2014). THE COST OF CANADA’S ANNUAL FOOD WASTE. Value Chain Management International Inc. .
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Organisation : Université McGill
Date de publication : 16 avril 2018

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