- Saison 2016 sèche : nitrates résiduels élevés à l’automne 2016;
- Précipitations hiver 2017 sous la normale; nitrates conservés dans le profil;
- Précipitations importantes fin d’hiver et printemps 2017 très pluvieux (inondations): lessivage important des nitrates et sulfates résiduels;
- Températures fraîches ont retardé le début et ralenti la minéralisation;
- Pluies importantes en mai et juin ont créé des conditions propices à la dénitrification en juin;
- Ces mêmes conditions ont limité la respiration racinaire, et des symptômes sont encore visibles dans les zones ou champs de faible porosité.
Un indicateur populaire : la mesure des nitrates en post-levée
Bien qu’au moment d’écrire ces lignes, nous ne disposions que de 43 lectures (champs), il semble bien que nous retrouvons en effet moins de nitrates dans nos sols qu’en 2016 : en moyenne 24 ppm vs 41 ppm l’an dernier. Ce sont des résultats en général plus élevés que ce à quoi on s’attendait, compte tenu des facteurs mentionnés plus haut. Près de la moitié des sites obtiendraient encore cette année une recommandation 0 azote en post-levée. Attention toutefois, il reste encore beaucoup de résultats à compiler, analyser et interpréter.
Aussi, une analyse plus fine des résultats, une fois que l’historique de chacun des champs aura été considéré, permettra de traduire ces valeurs de concentrations (nitrates) en besoins nets du maïs en azote selon les différents scénarios. Par exemple, on sait qu’un retour de prairie, ou encore un épandage de fumier à haut rapport C/N au printemps, sont des situations qui peuvent biaiser la courbe de minéralisation de l’azote du sol, et donc entraîner une sous-estimation de l’azote disponible. Le test de nitrates de post-levée (Pre-sidedress Soil Nitrate Test, ou PSNT) a d’abord été conçu et calibré pour les cas sans engrais de ferme; si un engrais de ferme est épandu au bon moment (selon son C/N), il n’y aura pas de N recommandé en post-levée de toute façon, donc pas besoin de procéder à l’analyse des nitrates.
Cette année en Montérégie, et ce semble être aussi le cas dans les autres régions productrices de maïs, beaucoup plus de champs ont été analysés pour les nitrates comparativement aux années passées, que ce soit par les trousses portatives traditionnelles (par ex., ‘NitraChek’) ou par analyse automatisée (‘SoilScan 360’). L’appareil ‘SoilScan 360’ (photo) mesure le pH et la concentration en nitrates dans le sol sur des échantillons de sol non séchés et avec une répétabilité supérieure aux traditionnelles bandelettes, selon les premiers utilisateurs. Il fournit, en plus du résultat des ppm de nitrates, une recommandation d’azote à ajouter calculée selon une équation qui tient compte notamment du rendement visé et de la matière organique du sol, deux facteurs dont l’influence sur l’établissement des besoins nets du maïs en azote a été réfutée par de nombreuses expériences. Donc, à mon avis, le module de recommandation devrait être utilisé avec parcimonie, car il n’a pas été calibré, ni ici ni ailleurs.
Les commentaires entendus de la part des utilisateurs de l’appareil au Québec depuis l’an dernier font d’ailleurs écho à cette prudence. De plus, cette année, il semble que les résultats obtenus par SoilScan 360 soient, pour les mêmes sites, inférieurs de plusieurs ppm aux résultats issus des méthodes traditionnelles. Certains parlent de la moitié du résultat de la trousse Nitrachek. Nous en saurons plus au terme de la saison, entre autres grâce au réseau de six fermes où cinq différentes méthodes d’établissement de la dose d’azote à recommander sont comparées, sur des parcelles à dose croissante d’azote : ‘Nitrachek’ (bandelettes), ‘SoilScan 360’, ‘WebScan’, indice de nutrition azotée (analyse de tissu), et méthode traditionnelle (basée sur le Guide de référence en fertilisation.
L’appareil ‘SoilScan 360’ permet d’extraire et de doser les nitrates de la solution du sol sans préparation préalable de l’échantillon de sol, selon une procédure relativement simple que certains producteurs n’ont pas hésité à s’approprier.
Mais une conclusion semble déjà s’imposer : il est toujours utile, et même extrêmement instructif pour le producteur lui-même, de prendre le temps de se garder une parcelle témoin sans N, tout au long de la saison. Un test très simple, cette parcelle « sentinelle » s’avère la meilleure façon de comprendre la dynamique de l’azote dans les conditions propres à son champ : sol, climat.
Remerciements : Alexandre Benoit, producteur, St-Dominique; Yvan Faucher, agr., MAPAQ; Geneviève Giard, agr., Agri Conseils Maska; Valérie Robert, agr., Dura-Sol Drummond inc.
Cette parcelle n’a reçu comme toute fertilisation qu’un engrais de démarrage granulaire (40 kg N/ha). Au stade V8, soit au début de la période d’absorption d’azote, elle ne démontre encore aucun signe de carence. Plus tôt (V6), on avait mesuré 19,5 ppm de nitrates, soit un peu en-deçà du seuil de réponse (25 ppm).
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