Deux cultivars de quinoa à l’essai en Outaouais

Le quinoa fait fureur auprès des adeptes des diètes végétaliennes et sans gluten. À l’œil nu, son grain ressemble à celui du millet. Il se démarque par une composition protéinique qui comprend neuf acides aminés essentiels à l’alimentation et que le corps humain ne peut créer par lui-même. Les valeurs de quinoa importées par le Canada du Pérou et de la Bolivie ont triplé depuis 2012ⁱ. Le Québec peut-il innover en produisant son propre quinoa?


Les plants de quinoa semés à 60 cm entre les rangs en début floraison en juillet (gauche) et les plants à maturité en septembre (droite). Le plant du milieu tenu par Félix a produit davantage de panicules (entre rang : 60 cm) que les deux autres plants (entre rang : 10 cm). (Crédits photos : Félix Moore et Christine Rieux)

Un essai de mise en culture en parcelles expérimentales a été déployé dans huit régions du Québec l’été dernierⁱⁱ. L’objectif était d’acquérir les connaissances de base avant de mettre en place des essais à l’échelle commerciale. En Outaouais, une collaboration entre le Club des services agroenvironnementaux de l’Outaouais, la Ferme Baertsch à Lochaber-Partie-Ouest et le MAPAQ a permis de tester deux cultivars à des densités de semis et de peuplement variées.

On le cultive dans les Prairiesⁱⁱⁱ, en Ontario^iv et dans la région angevine en France^v, alors pourquoi pas ici? Un producteur saskatchewanais a reporté tirer des profits de 1 500 $ par hectare avec cette culture en 2015^vi. Outre l’attrait commercial, le quinoa permet d’inclure dans les rotations une plante différente que les traditionnelles céréales et légumineuses. Attention, ce membre de la famille de la betterave et de l’amarante ne se laisse pas facilement apprivoiser.

Le principal obstacle à la culture du quinoa provient du climat. Contrairement à plusieurs cultures provenant de l’Amérique latine, il préfère un climat frais. Il faut le semer au printemps lorsque la température du sol atteint 15^oC. Il aime les sols bien drainés, donc les sols argileux sont à éviter. Le quinoa peut facilement se faire étouffer par les plantes adventices pendant sa période végétative en mai et en juin.

Il n’y a pas de produit homologué au Canada pour la culture de quinoa et la culture est endommagée par la majorité des herbicides. Il faut donc se tourner vers les méthodes de désherbage mécanique telles que le faux semis avant la mise en terre et le sarclage dès que les plantes adventices se pointent. La floraison a lieu à la mi-juillet et elle présente un autre défi pour la mise en culture au Québec. Généralement, une température de plus de 32^oC lors de la floraison stérilisera le pollen et empêchera la production de graines, similaire au canola. Il faut donc l’implanter suffisamment au nord de la province pour éviter ce type de problème.

Le semis en Outaouais a eu lieu au 18 mai sur une superficie de 550 m². Le climat de mai et juin a été particulièrement sec. Dans le mois suivant le semis, il y a eu seulement 36 mm de précipitations au total. Après un mois, seulement 11 % des graines avaient germé et survécu. Les plantes adventices étaient peu présentes, sauf dans la parcelle qui avait été semée à 60 cm entre les rangs et où il y avait une pression  de 12 plantes adventices par mètre carré. Dans les parcelles avec 30 et 60 cm entre les rangs, il a été possible de sarcler en juin pour éliminer la majorité des plantes adventices. Les fleurs du quinoa se sont développées au début juillet. Malheureusement, les 13 et 22 juillet, la température a atteint 32^oC. Il n’y a pas eu de dommage visible, mais les fleurs ont avorté et n’ont pas produit de graines. L’essai n’a donc généré aucun rendement.

Normalement, la récolte a lieu entre la mi-août et la mi-septembre au Québec, soit par mise en andain ou par récolte directe des plants debout lorsque les grains contiennent de 10 à 12 % d’humidité. Une mise en andain est à favoriser pour permettre aux grains de sécher rapidement et ainsi éviter les pertes attribuables à une météo humide (germination sur le plant et/ou moisissure des grains).

Il reste encore beaucoup à apprendre sur la culture du quinoa. En 2017, nous espérons continuer les essais dans les secteurs au nord de la Petite-Nation pour profiter des températures plus fraîches dans le but d’obtenir des rendements en grains cette fois-ci.

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