De plus en plus d’entreprises agricoles québécoises osent proposer des produits inhabituels. On a qu’à penser à la camerise, le kiwi ou encore à l’argousier. La Ferme aux petits oignons, située à Mont-Tremblant, a choisi, pour sa part, de se lancer dans la culture du gingembre et du curcuma en serre. En conférence au colloque maraîcher en serre du CRAAQ, en novembre 2021, Roxanne Chenel, coordonnatrice des opérations au champ, a présenté les contraintes et les opportunités de ces nouvelles cultures.
L’engouement pour les productions émergentes est associé à un désir de diversification. On veut offrir un produit unique, et d’une pierre deux coups, remplacer un produit importé par un produit local.
Se lancer dans la production de gingembre et de curcuma exige de faire une année test afin d’apprivoiser le produit et les façons de le cultiver… d’autant plus que le gingembre et le curcuma sont issus de conditions climatiques bien différentes que celles que nous connaissons au Québec! Ces plantes vivaces de la famille des Zingbéracées sont originaires de l’Asie du Sud-Est. Afin d’optimiser leur rendement, il sera nécessaire de reproduire un climat tropical, notamment en gardant un chauffage très élevé et un taux d’humidité adéquat.
Des épices asiatiques à saveur québécoise
Une saison de production normale pour le gingembre et le curcuma peut atteindre jusqu’à dix mois. Le contexte québécois limite la production davantage autour de sept mois : les cultures n’atteignent donc pas leur pleine maturité. Pour cette raison, on parle de « bébé gingembre » et de « bébé curcuma ». Ils se distinguent des produits importés plus matures par leur apparence et leur goût. Tout d’abord, ils n’ont pas de pelure brune; le gingembre montre des écailles roses et le curcuma une couleur orange vif. Tous deux sont moins fibreux, donc plus facile à cuisiner. Le gingembre est juteux et son goût est épicé. De plus, son feuillage est comestible et il fait notamment de bons bouillons. Le curcuma, pour sa part, a un goût plus sucré et moins amer que les produits importés.
En plus d’offrir un produit qui se démarque des produits importés, la culture du gingembre et du curcuma peut être une avenue payante si l’intérêt de la clientèle est au rendez-vous et que les conditions adéquates sont réunies. De plus, elle permet de diversifier une production maraîchère, donc de faire une rotation des cultures en serre et d’éviter les maladies de sols. Cependant, les conditions chaudes et humides requises pour ces productions constituent un défi, car elles sont peu compatibles avec d’autres cultures en serre.
Un marché de niche
Le marché pour le curcuma et le gingembre est encore limité au Québec, puisque ces produits sont encore peu ancrés dans les habitudes culinaires des Québécois. Un travail d’éducation est à réaliser quant à la façon de les cuisiner et de les conserver.
Comme c’est le cas pour d’autres cultures en émergence, on recommande de l’essayer de façon progressive. Produire au-delà de la demande pourrait entrainer des ventes à perte en fin de saison.
Consultez le catalogue du CRAAQ pour découvrir de nombreuses références spécialisées sur les cultures en émergence.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine les Primeurs maraîchères en février 2022.
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Cultiver du gingembre et du curcuma… au Québec!
Publié le 25 janvier 2023