En 2017, la consommation de brocoli au Canada avait diminué d’environ 11 % pour atteindre 2,30 kg/personne/an1 comparativement aux années 2015 et 2016, où la consommation était stable à 2,69 kg/personne/an.
Cependant, pour les superficies de brocolis certifiés biologiques, c’est tout le contraire au Québec. Selon le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV), les superficies ont connu une expansion de 2016 à 2018. Elles ont quadruplé durant cette période (Figure 1).
Deux raisons expliquent en grande partie cette augmentation des superficies : une hausse du nombre de producteurs qui font de l’agriculture diversifiée et une augmentation du nombre d’hectares cultivés par les producteurs qui font des légumes de transformation destinée à la surgélation.
En 2018, il y avait une dizaine de producteurs qui produisaient cette crucifère biologique. Les deux régions où il y a le plus de producteurs sont la Montérégie et Lanaudière, où 80 % de la production est retrouvée.
En regardant l’augmentation considérable des superficies, nous pourrions penser que c’est facile. Pourtant, ce n’est pas le cas. Pour rentabiliser cette culture bio, il faut trouver des façons de lutter contre la cécidomyie du chou-fleur qui est un des ennemis du brocoli. Dans le biologique, une des solutions est l’utilisation de filets anti-insectes quand le producteur cultive des petites superficies (un hectare et moins). Cela permet d’augmenter les rendements de façon considérable, mais leur utilisation constitue un coût important. Chaque entreprise doit évaluer si cet investissement de filets est nécessaire. Il est à noter que la cécidomyie du chou-fleur peut occasionner des dommages causant parfois 100 % de pertes2 . Pour les producteurs qui cultivent sur une dizaine d’hectares, ils doivent utiliser des techniques de prévention comme faire des rotations sur une période entre 5 et 7 ans et cultivé sur des parcelles éloignées et isolés d’autres crucifères pour réduire les pertes.
Finalement, avant de produire des brocolis biologiques pour des grossistes et des chaînes d’alimentation, il faut identifier les possibilités de marché et il est toujours plus prudent de commencer par des plus petites superficies afin de maîtriser la production de cette crucifère.
Par exemple, un producteur expérimenté qui cultive sur un hectare peut espérer avoir un rendement vendable autour de 640 boîtes de 14 têtes de brocoli bio à l’hectare, s’il a semé avec une densité de 60 000 plants/ha. Selon les prix de l’année, un producteur peut obtenir des revenus autour de 21 500 $/ha dans le bio3 avec le rendement mentionné ici.
Les coûts variables pour produire du brocoli bio représentent environ 59 % des revenus quand un producteur n’a pas trop de perte due à la cécidomyie du chou-fleur (Figure 2). Si un producteur décide d’utiliser des filets anti-insectes, il faudrait prévoir des coûts additionnels pour l’entretien ou le renouvellement des filets.
Réaliser un budget avant de démarrer dans cette culture peut être aussi très utile pour en connaître les coûts et les revenus potentiels. Vous pouvez faire des simulations avec la version dynamique du budget Brocoli biologique (un hectare et moins) de la collection des Références économiques.
Sources :
1 Aperçu statistique de l'industrie des légumes du Cananda - 2017, Agriculture et Agroalimentaire Cananda, consultation août 2019.
2CRAAQ, Brocoli biologique - Budget à l'hectare, AGDEX 225.19/821, 2017
3CRAAQ, Brocoli biologique - Budget à l'hectare, AGDEX 225.19/821, 2017
Ce texte a été publié originalement dans le magazine le Bulletin des agriculteurs en novembre 2019
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Produire des brocolis bio au Québec, est-ce que c'est facile?
Publié le 06 octobre 2021