AMARANTE RUGUEUSE (Amaranthus tuberculatus var. rudis)
Une mauvaise herbe nouvellement introduite au Québec
L’amarante rugueuse, une mauvaise herbe qui présente une résistance à un ou plusieurs groupes d’herbicides en Ontario et aux États-Unis, a récemment été détectée pour la première fois au Québec, dans un champ de la Montérégie. Ce communiqué a pour but de solliciter la collaboration des producteurs et de leurs conseillers afin de rapporter la présence de la plante au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). C'est actuellement le meilleur moment pour détecter cette mauvaise herbe. La participation de tous les intervenants est essentielle afin de mettre en place des mesures sanitaires pour limiter la propagation de cette espèce.
État de la situation
Indigène en Amérique du Nord, l’amarante rugueuse est présente dans de nombreux États de l’est des États-Unis. Elle a été introduite en Ontario au début des années 2000, probablement à partir des États-Unis. Depuis, elle a été retrouvée à au moins 40 sites des comtés du sud-ouest de l’Ontario. La plante présente une résistance à un ou plusieurs groupes d’herbicides. En Ontario, des populations résistantes aux groupes 2, 5 et/ou 9 ont été identifiées.
Au Québec, un site contenant la mauvaise herbe vient d’être découvert en Montérégie (figure 1). Selon les informations recueillies, la plante aurait probablement été introduite par l’emploi de machinerie agricole usagée provenant des États-Unis. L’exploitant concerné a été avisé des mesures sanitaires à mettre en place pour assurer le contrôle de la plante et réduire les risques de dissémination.
Figure 1 : Infestation d'amarante rugueuse dans un champ de soya Crédit photo : MAPAQ |
Description de l’espèce
L’amarante rugueuse est une plante annuelle de la famille des Amarantacées. Il s’agit d’une plante de grande taille, pouvant atteindre 2 m de hauteur. La tige est dressée, souvent ramifiée dans la partie supérieure, verdâtre et striée de lignes rougeâtres (figure 2). La plante paraît glabre, ou avec des poils épars. La racine est pivotante, peu profonde. Les feuilles sont de forme ovale, rhombique-oblongue à lancéolée-oblongue et sont longuement pétiolées (figure 3).
Figure 2 : Stries rouges observables sur la tige de l’amarante rugueuse Crédit photo : MAPAQ |
Figure 3 : Plant d'amarante rugueuse : à gauche au stade végétatif (crédit photo : CÉROM) et à droite au début de la floraison (crédit photo : MAPAQ) |
Les fleurs mâles et femelles se retrouvent sur des plants différents (plante dioïque) (figure 4). Elles sont regroupées en épis allongés formant une panicule au sommet de la tige et des rameaux. L’inflorescence terminale a une forme variable, elle mesure entre 10 et 20 cm de longueur. Les fruits mesurent 1,5 mm de longueur et ont une surface rugueuse, souvent rougeâtre, qui s’ouvre le long d’une ligne circulaire transversale. Ils contiennent une seule semence. Les semences sont de forme ovale à elliptique, légèrement aplatie, luisantes et de couleur brun rougeâtre. Elles sont très petites, mesurant 1 mm de diamètre.
Figure 4 : Inflorescence de l'amarante rugueuse : à gauche un plant mâle et à droite un plant femelle Crédit photo : MAPAQ |
Espèces semblables
À l’état végétatif, l’amarante rugueuse peut être confondue avec l’amarante à racine rouge (Amaranthus retroflexus) et surtout avec l’amarante de Powell (Amaranthus powellii), car les feuilles sont glabres et luisantes. Les feuilles de l’amarante rugueuse sont plus étroites, les fleurs mâles et femelles sont présentes sur des plants différents et les inflorescences sont moins denses.
Le dépistage
C'est lorsque l’inflorescence est étalée, depuis le début d’août jusqu'à la fin de septembre, qu'il est le plus facile d’identifier l’amarante rugueuse. Sur le terrain, il faut surveiller particulièrement les entrées et les bordures des champs; ces zones sont souvent mal couvertes par les pulvérisations herbicides et moins bien travaillées lors des opérations de travail du sol.
Notes biologiques
En Ontario, l’amarante rugueuse germe à partir du début du mois de juin. En moyenne, 45 jours sont nécessaires afin de voir apparaître les premières inflorescences. La floraison et la production de semences se poursuivent jusqu’aux premières gelées automnales. La plante est très prolifique : chaque plant a la capacité de produire de 35 000 à 1 200 000 semences selon les conditions de croissance. Les semences peuvent demeurer viables jusqu’à 20 ans dans le sol.
L’amarante rugueuse peut être introduite accidentellement sur la ferme, particulièrement avec les semences ou la machinerie usagée. Une attention particulière doit être portée lors de la réalisation de travaux agricoles effectués par un entrepreneur (travail à forfait). Le nettoyage de l’équipement de récolte permet de diminuer les risques de propagation des mauvaises herbes d’un champ à l’autre. À cet effet, vous pouvez visionner la vidéo Nettoyage d'une moissonneuse-batteuse - Biosécurité dans le secteur des grains et consulter les fiches 2, 2A, 2B et 2C faisant partie de la trousse d’information La biosécurité dans le secteur des grains.
Confirmation de l’identification
Si vous croyez avoir repéré de l’amarante rugueuse dans un champ, prière de faire parvenir un spécimen le plus complet possible (ou des photographies) ainsi que vos coordonnées par l’entremise de votre conseiller agricole ou directement à :
Herbier du Québec
Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection
Complexe scientifique
2700, rue Einstein, D.1.200h
Québec (Québec) G1P 3W8
Tél. : 418 643-5027, poste 2700
Courriel : phytolab@mapaq.gouv.qc.ca
Votre coopération est essentielle afin d’établir l'état de la situation sur la présence de cette espèce au Québec. La plante n’étant pas réglementée en vertu de la Loi sur la protection des végétaux, le but de cet avis est de mettre en place des mesures préventives pour réduire la propagation de la plante. Toutes les informations transmises sont traitées de façon confidentielle.
Référence
Costea M., Weaver S. E. & Tardif F. J. (2005). The Biology of Invasive Alien Plants in Canada. 3. Amaranthus tuberculatus (Moq.) Sauer var. rudis (Sauer) Costea & Tardif. Canadian Journal of Plant Science. 85(2): 507-522.
Cette alerte a été rédigée par Romain Néron, agr.-botaniste, Amélie Picard, agr.-malherbologiste, Majorie Dostie, botaniste, Marie-Édith Cuerrier, agr., d’Isabelle Fréchette, agr. et d’Annie Marcoux, agr. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.