Grandes cultures, Avertissement No 10, 29 juin 2018

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement

Champ de soya très affecté par des criquets en Chaudière-Appalaches. Fusariose de l’épi : niveaux de risque élevés dans plusieurs zones. Dommages de punaise brune dans le maïs. Carence en manganèse dans les céréales (bientôt dans le soya). Effet de la cécidomyie du chou-fleur sur le canola au stade début élongation.

 
DÉFOLIATION DANS LE SOYA : CAS DE DOMMAGES PAR LES CRIQUETS RAPPORTÉ
Line Bilodeau, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)

Des dommages importants causés par les criquets ont été rapportés au RAP Grandes cultures dans un champ de soya de Saint-Lambert-de-Lauzon en Chaudière-Appalaches. Bien qu’il soit assez peu fréquent que les criquets (souvent appelé « sauterelles ») causent des dommages suffisamment importants dans un champ pour justifier un traitement, cela peut être le cas.

Puisqu'une sécheresse prolongée favorise la migration des criquets dans les champs, les températures chaudes attendues dans les prochains jours seront favorables à l’activité de ces insectes. Les champs de soya avec un sol sableux seront donc à surveiller, puisque cette culture est souvent l’une des premières affectées.

Afin d’évaluer l’impact des ravageurs sur la culture, on recommande d’évaluer le pourcentage total de défoliation et le stade de croissance de la culture. Au Québec, aucun seuil d’intervention n’a été validé dans la culture du soya. Toutefois, le seuil utilisé en Ontario est de 30 % de défoliation au stade végétatif du soya. 

Voici la méthode permettant d’estimer le pourcentage de défoliation d’un champ de soya : en 10 zones du champ, prélever de 1 à 3 feuilles trifoliées dans le milieu du feuillage de 5 plants (au total, au moins 50 feuilles seront prélevées). Les 10 zones doivent être bien réparties dans le champ, parce qu'il est normal de voir plus de dommages en début et en bordure de champ. Pour chaque feuille examinée, jeter la foliole la moins endommagée et la foliole la plus endommagée. Comparer la foliole restante au montage photographique (photo 1) et déterminer le pourcentage de défoliation. Finalement, faire la moyenne de toutes les folioles retenues.
 
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Photo 1 : Catégorie de défoliation pour la culture du soya

Marlin Rice, Université de l'Iowa



Si un traitement insecticide est justifié, consultez la fiche technique Les criquets en grandes cultures : biologie, dépistage et stratégie d’intervention qui comprend des précisions importantes sur les insecticides homologués pour lutter contre les criquets.

 
RAPPEL : DES CARTES INTERACTIVES SONT DISPONIBLES POUR ÉVALUER LE RISQUE D’INFECTION PAR LA FUSARIOSE DE L’ÉPI
 Yves Dion, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
 
Les producteurs de céréales sont appelés à surveiller de près le développement de leur culture. Les niveaux de risque sont élevés dans plusieurs régions et zones. Dans le sud de la province, plusieurs champs de blé de printemps sont aux stades critiques pour l’infection par la fusariose de l’épi (Fusarium spp.) ou le seront dans les prochains jours, soit entre l’épiaison et la floraison. Dans d’autres régions plus excentriques, les céréales d’automne qui sont encore en fin d’épiaison ou en floraison pourraient être à risque.
 
Afin d’aider à la prise d’une décision quant à la pertinence d’appliquer ou non un traitement fongicide, les producteurs et leurs conseillers peuvent consulter des cartes interactives qui présentent le niveau de risque d’infection causant la fusariose de l’épi. Ces cartes montrent que le risque est élevé dans plusieurs zones de la province.
 
Attention : lorsque la culture est aux stades critiques d’infection ou sur le point de l’être, il est primordial de consulter régulièrement les cartes indiquant le niveau de risque, soit au moins une fois par jour. Bien qu’il soit utile de prévoir les jours suivants, l’évaluation pour la journée même (une période de 24 heures) offre la plus grande précision sachant que les calculs de risque sont fondés sur des données météorologiques renouvelées toutes les 30 minutes.
 
Pour plus d’information sur cet outil d’aide à la décision, veuillez consulter l’avertissement N° 5 du 8 juin 2018.

 
PUNAISE BRUNE : DES SYMPTÔMES PEUVENT ÊTRE OBSERVÉS DANS LES CHAMPS DE MAÏS
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)

Actuellement, il est possible de constater des dommages causés par la punaise brune dans les champs de maïs. En se nourrissant, cet insecte provoque des trous et cause des anomalies de croissance par les enzymes digestives qu’il injecte à la culture (photos 2 à 4). La fiche technique Punaise brune peut vous aider à cerner le problème. Dans la grande majorité des cas, le pourcentage de plants affectés dans les champs est faible.
 
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Photo 2 : Trous causés par la punaise brune (contour jaune et nécrosé, parfois avec déchirures)

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Photo 3 : Le tallage des plants est une des anomalies de croissance pouvant être provoquées par la punaise brune.

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Photo 4 : Punaise brune

Photos 2 à 4 : Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)



CARENCE EN MANGANÈSE : COMMENT DIAGNOSTIQUER ET QUE FAIRE?

Isabelle Fréchette, agr. (MAPAQ) et Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)
 

Présentement dans des champs de céréales, les symptômes d'une carence en manganèse (Mn) peuvent être observés : les plants ont un port affaissé et les nervures des feuilles sont vertes alors que le reste des feuilles est jauni (photos 5 et 6). La manifestation de la carence pourrait se révéler dans les prochaines semaines dans les champs de soya. Dans tous les cas, un diagnostic et un suivi de la situation permettront d’apporter un correctif au besoin si la culture est au bon stade pour une intervention. Attention de ne pas confondre la carence en manganèse avec certaines maladies, phytotoxicités causées par des herbicides, etc. Pour en savoir plus, consultez le bulletin d’information La carence en manganèse dans les céréales à paille et le soya

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Photo 5 : Blé carencé en Mn

Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)

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Photo 6 : Soya carencé en Mn

Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)

 

CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR : CAPTURES TRÈS VARIABLES, ÉLEVÉES DANS CERTAINS CHAMPS DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, DU SAGUENAYLAC-SAINT-JEAN ET DU BAS-SAINT-LAURENT
Line Bilodeau, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (MAPAQ)
 

Les producteurs de canola sont invités à dépister la cécidomyie du chou-fleur. Une température chaude (25 °C) et une humidité relative élevée contribuent à la croissance des populations de ce ravageur et le développement de la culture de canola est, dans plusieurs champs, aux stades les plus critiques; c’est à dire du stade 3 à 4 feuilles (stades BBCH 13-14) jusqu’à la fin de l’élongation de la tige principale (stade BBCH 59). C’est à la fin du stade rosette où le canola est le plus à risque, car les larves peuvent provoquer l’arrêt de l’élongation de la tige principale.

Cet insecte est actuellement capturé dans la plupart des champs de canola suivis dans le cadre du RAP Grandes cultures. Les pièges à phéromone indiquent que certains champs de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent ont atteint le seuil d’intervention utilisé en Ontario (5 cécidomyies du chou-fleur capturées par piège par jour). Comme les résultats de piégeage sont très variables d’un champ à l’autre, il est recommandé aux producteurs d’installer des pièges à phéromone pour évaluer au mieux la pression du ravageur. Pour en savoir plus sur l’installation de ces pièges et sur l’identification de cet insecte, consultez la section « Dépistage des adultes » de la fiche technique Cécidomyie du chou-fleur.

Lorsque les premiers boutons floraux sont visibles, au début du stade élongation, il est possible de déceler la présence de larves et de dommages. La technique consiste à retirer, une à une, les petites feuilles formant le cœur des plants ou à sectionner les boutons floraux des plants que vous dépistez. Les larves sont visibles à l’œil nu, mais une loupe s’avère utile (photos 7 et 8). Si aucune larve n’est détectée, la partie de la plante présentant des dommages suspects peut être placée dans un sac de plastique noir et laissée au soleil quelques heures (les larves se détacheront des plants sous l’effet de la chaleur). Des dommages peuvent également être constatés même s’il y a absence de larves. Il est par exemple possible de constater la déformation des jeunes tiges et des boutons floraux (photo 9) ou plus inquiétant, l’arrêt de l’élongation de la tige principale (photo 10).

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Photo 7 : Présence de larves à l'intérieur d'un bouton floral

D. Froment (MAPAQ)

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Photo 8 : Présence de larves à l'intérieur d'un bouton floral

D. Pageau (AAC)

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 Photo 9 : Déformation des jeunes tiges et des boutons floraux
L. Bilodeau, agr. (MAPAQ)

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Photo 10 : Pas d'élongation de la tige principale
L. Bilodeau, agr. (MAPAQ)

Photos 9 et 10 : Dommages de cécidomyie du chou-fleur à un plant de canola
 


Il est important de rappeler que nous ne connaissons pas encore l’impact de la cécidomyie du chou-fleur sur les rendements du canola, et donc sur la rentabilité des traitements insecticides. Ainsi, même si pour un champ donné les pièges à phéromone indiquent que le seuil d’intervention de l’Ontario est atteint, que des larves ou des dommages sont constatés, il peut tout de même être injustifié de recourir aux insecticides. En effet, la compensation des plants de canola a été observée dans les dernières années dans des champs ayant des populations élevées de cécidomyie du chou-fleur et présentant des dommages en début de saison.




Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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