Météo : températures et précipitations à nouveau variables. Développement de la culture : chantiers de défanage qui s’accentuent; sénescence graduelle des plants dans des parcelles à vocation plus tardive. Maladies : nouveaux cas de mildiou de la pomme de terre; progression de maladies de faiblesse; pourriture de tubercules. Insectes : rien de spécial à signaler. Cultures de couverture : encore des possibilités. AgriRÉCUP : pas de collecte pour cette année.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 30 août au 5 septembre, les températures le jour ont été plutôt variables à travers la province, tantôt fraîches, tantôt chaudes, sans vraiment d’excès. Cependant, quelques nuits fraîches et même froides ont été observées, entre autres le 3 septembre, avec un mercure descendant jusqu’à des valeurs de 2 à 5 °C dans plusieurs secteurs (voir le sommaire agrométéorologique). Des creux dépressionnaires ont traversé la province les 31 août et 1er septembre, laissant des cumuls plus généralisés que d’habitude, mais encore hétérogènes. Des averses parfois orageuses mais brèves, accompagnées de bonnes rafales de vent, ont été rapportées le 1er septembre (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période qui débute (6 au 12 septembre), selon Environnement Canada, des températures chaudes sont prévues vendredi avant le passage d’un front météorologique samedi et/ou dimanche, amenant des précipitations généralement sous 15 mm (sauf plus pour des secteurs plus au nord) et des températures plus fraîches par la suite.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Les opérations de défanage pour la récolte destinée à l’entreposage sont avancées dans des secteurs plus au sud et ont surtout débuté ces derniers jours pour ceux plus au centre et aussi plus à l’est. Ce défanage permet d’améliorer la qualité des tubercules, mais aussi de nettoyer des champs des infestations de mauvaises herbes. Comme mentionné la semaine dernière, la sénescence des plants est avancée en plusieurs endroits, mais des températures plus modérées, combinées à des précipitations, ont un peu ralenti le tout par endroits. Des collaborateurs rapportent des parcelles avec une biomasse foliaire encore active, le plus souvent pour des cultivars généralement plus tolérants aux différents stress en lien avec la météo de cet été, comme, entre autres, Highland, Caribou, Reveille, Nonpareil et Red Maria. Il y a donc un potentiel d’amélioration du rendement encore dans ces champs, selon la météo à venir. Les entrées de tubercules pour l’entreposage à plus long terme devraient débuter au début de la semaine prochaine dans des secteurs plus au sud. Les données sur les rendements, en provenance de collaborateurs du RAP, demeurent trop préliminaires présentement. Différents problèmes ou défauts physiologiques sont rapportés lors des récoltes ou de la prise de rendement, mais rien de vraiment majeur ou de généralisé pour le moment, sauf pour plus de cas de gale que prévu et de pourritures de tubercules par endroits. D’ailleurs, pour ces dernières, des producteurs dans les secteurs plus touchés par les fortes précipitations de cet été s’affairent présentement à récolter les zones plus à risque pour ne pas les entreposer.
Concernant les récoltes, il est préférable de les faire lorsque la température du sol est entre 10 et 20 °C, en conditions de sol ni trop sèches ni trop humides. Si la température du sol est trop élevée (plus de 20 °C), cela pourrait rendre des tubercules plus susceptibles aux blessures donc au développement de possibles maladies. Il y a évidemment des variantes selon le cultivar et le type de sol. Le lien suivant permet de suivre en temps réel la température du sol pour certaines localités en province : Température du sol. Pour plus de précision, il est préférable d’utiliser un thermomètre à tige métallique pour vérifier la température du sol dans la parcelle à être récoltée.
MALADIES
Mildiou de la pomme de terre
De nouveaux cas de mildiou de la pomme de terre ont été rapportés en cours de période dans les régions de la Capitale-Nationale (1 cas dans une parcelle en pomme de terre) et de la Chaudière-Appalaches (1 cas dans une parcelle en tomate). Ces cas sont bien gérés avec, entre autres, de l’accompagnement par des conseillers agricoles d’expérience. L’identification du génotype en présence est en cours. Ces cas s’ajoutent à ceux déjà mentionnés dans l’avertissement N° 17 du 30 août 2024. La maladie a donc été identifiée dans les régions suivantes : Montérégie, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches.
Si vous suspectez la présence du mildiou dans un de vos champs ou sur des tubercules lors de la récolte, contactez votre conseiller agricole (MAPAQ ou autres organismes) ou encore l'avertisseur du RAP Pomme de terre afin de bien confirmer la présence du champignon, car d’autres maladies foliaires de fin de saison (ex. : moisissure grise) ou désordres abiotiques sont de plus en plus présents dans des parcelles.
Même si du temps plutôt chaud et avec peu de précipitations est dans les prévisions météo, une hygrométrie élevée la nuit (avec de bonnes rosées le matin) peut favoriser la sporulation du champignon, si un inoculum est présent dans l’environnement. Donc la vigilance demeure, en particulier pour les champs qui ne seront pas défanés prochainement. Le maintien d’une protection fongicide demeure important ainsi que la surveillance des parcelles. La saison n’est pas terminée et la présence du mildiou dans un champ à cette période-ci, non gérée, pourrait compromettre la conservation de tubercules en entrepôt.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), de nouveaux cas ont été rapportés en cours de période, principalement dans l’État de New York et au Vermont. La maladie est donc présente dans les États américains suivants : Maine, New York, Vermont, Michigan, Pennsylvanie, Tennessee et Washington. D’autres sources mentionnent également des cas récents dans les États du Wisconsin et du Minnesota. Selon d’autres sources, il n’y a pas eu de nouveaux cas rapportés ailleurs au Canada depuis ceux connus en Ontario. Le génotype US-23 est celui identifié pour ces cas.
Autres maladies d’intérêt
Dans des parcelles non défanées, des maladies de faiblesse ou de fin de cycle comme la flétrissure verticillienne (surtout) et la dartrose continuent à accélérer le dépérissement de plants dans des parcelles, et ce, dans plusieurs régions.
La brûlure hâtive (tache alternarienne) continue à progresser également dans des parcelles de plusieurs régions, mais de manière variable selon le cultivar et le champ. Elle demeure plus présente que la normale dans certaines régions. En général, le tout demeure sans impact sur la culture à cette période-ci.
L’activité de la moisissure grise (Botrytis) sur des tiges et du feuillage dans des parcelles encore plus végétatives n’aurait pas vraiment augmenté en cours de période.
Concernant les cas de pourritures de tubercules, leur incidence demeure élevée dans des parcelles du sud et aussi du centre de la province, dans des champs plus humides. Ce serait principalement de la pourriture d’eau et/ou de la pourriture d’origine bactérienne qui seraient identifiées. Des analyses sont en cours par endroits. Une bonne gestion lors de la récolte sera nécessaire pour ces champs afin de limiter de possibles problèmes en entreposage.
INSECTES ET ACARIENS
Avec les opérations de défanage en cours et la sénescence accélérée des plants dans plusieurs champs, les interventions contre les principaux insectes ravageurs deviennent majoritairement inutiles. Des adultes du doryphore de la pomme de terre demeurent encore actifs, mais ceux-ci sont de plus en plus à la recherche d’un site pour y passer l’hiver (exemple : bordures de boisés). Dans les quelques champs où elle est encore dépistée, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) sont stables ou à la baisse, avec des décomptes faibles à légers. Quelques adultes et un peu de nymphes sont présents dans des champs, mais sans impact sur la culture. Du côté des pucerons, des colonies sont présentes par endroits. Une intervention pourrait être nécessaire dans des parcelles conservées en vert jusqu’à la fin du présent mois. Cependant, un contrôle par des auxiliaires (ex. : coccinelles, chrysopes, syrphes, guêpes parasites Aphidius) peut être favorisé à un traitement à cette période-ci si leur nombre est estimé comme suffisant. Finalement, quelques parcelles infestées par les tétranyques à deux points sont rapportées dans le secteur du Bas-Saint-Laurent, mais un défanage prochain ne justifiait pas d’interventions.
CULTURES DE COUVERTURE
Il est encore temps d’implanter des cultures de couverture. Leur pratique n’est pas généralisée suivant une récolte de pomme de terre, sauf pour la primeur. Ces cultures jouent plusieurs rôles importants, dont la protection contre les érosions hydrique et éolienne. Cette pratique permet aussi d’accumuler les éléments nutritifs qui seraient autrement perdus par lessivage, dont l’azote, et d’accroître la biodiversité et l’activité biologique du sol. Les cultures de couverture peuvent aussi jouer un rôle dans la gestion des mauvaises herbes et dans la lutte contre les agents pathogènes du sol.
Les quelques documents ci-dessous permettent de mieux connaître les espèces végétales à privilégier et de comprendre les bénéfices qu’on peut retirer de cette pratique :
- Cultures de couverture - Les pratiques agricoles de conservation : Habiter le sol par les racines
- Guide des cultures de couverture en grandes cultures
- Cover cropping in potato rotations (en anglais)
AGRIRÉCUP
AgrirRÉCUP permet de vous défaire des pesticides (et médicaments des animaux) périmés, et ce, en toute sécurité. Malheureusement, il n’y a pas de collecte pour cette année dans notre province, la prochaine ne se fera pas avant 2026.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.