Grandes cultures, Avertissement No 22, 23 août 2024


Nettoyage rapide de la moissonneuse-batteuse et biosécurité. Syndrome de la mort subite du soya : cas confirmés et bon moment pour observer les symptômes.
 

NETTOYAGE RAPIDE DE LA MOISSONNEUSE-BATTEUSE ET BIOSÉCURITÉ EN 3 POINTS
M.-E. Cuerrier1
1. Agronome (MAPAQ)

L’arrivée de nouveaux ennemis des cultures et l’augmentation de la résistance aux pesticides amènent leur lot de défis. L’implantation de mesures de biosécurité est donc un incontournable, afin de limiter l’introduction de ces ennemis, comme l’amarante tuberculée, une mauvaise herbe résistante à plusieurs groupes d’herbicides (photo).

En matière de biosécurité, la moissonneuse-batteuse est particulièrement problématique, car il peut y rester jusqu’à 90 kg de matériel végétal. Elle peut donc propager des graines de mauvaises herbes et d’autres organismes nuisibles d’un champ à l’autre. Les récoltes des céréales sont maintenant en cours; celles du soya et du maïs sont à venir dans les prochains mois. Ainsi, il est essentiel de réaliser minimalement un nettoyage rapide de l’appareil de récolte entre les champs pour éviter qu’il contamine d’autres champs, surtout lorsqu’un champ a une problématique connue. La fiche technique Nettoyage rapide d’une moissonneuse-batteuse entre les champs et biosécurité en 3 points présente une procédure de nettoyage rapide de la batteuse (en moins de 45 minutes) et 3 conseils clés de biosécurité à appliquer au moment de la récolte. Les quelques minutes requises pour ces interventions préventives peuvent s’avérer fort rentables et prévenir l’introduction ou la propagation d’organismes indésirables sur les entreprises.
 
Image Agri-Réseau

Plants d'amarante tuberculée dépassant les plants de soya. L'arrachage manuel des plants avant la récolte permet d'éliminer les mauvaises herbes problématiques et d'éviter d'augmenter la banque de graines du sol

Source : S. Flores-Mejia (CÉROM)

 

SYNDROME DE LA MORT SUBITE DANS LE SOYA : QUELQUES CAS CONFIRMÉS, C'EST LE BON MOMENT POUR VOIR LES SYMPTÔMES
Publication originale (2023) : M.-E. Cuerrier1, T. Copley2, B. Duval1, S. Mathieu1 et V. Samson1
Révision 2024 : M.-E. Cuerrier1 et G. Arsenault-Labrecque3
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM); 3. Agronome-phytopathologiste (LEDP-MAPAQ)

Le syndrome de la mort subite du soya (SMS) a été confirmé depuis le début de la saison dans 6 champs situés dans les régions suivantes : Lanaudière (2 cas), Mauricie (2 cas), Centre-du-Québec (1 cas) et Montérégie (1 cas). Depuis 2020, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ a confirmé 49 cas de SMS dans 8 régions du Québec (Centre-du-Québec [8], Chaudière-Appalaches [2], Estrie [3], Lanaudière [2], Laurentides [2], Mauricie [2], Montérégie [29] et Outaouais [1]) et la prévalence de la maladie semble augmenter chaque année. Comme les symptômes foliaires de la maladie apparaissent généralement après la floraison et s’intensifient par la suite, ils pourraient être observés au champ dans les semaines à venir.

Le SMS est une maladie racinaire causée principalement par le champignon Fusarium virguliforme qui, lorsqu’introduit au champ, peut demeurer latent pendant de longues années et infecter le soya lorsque les conditions deviennent propices à son développement. Les conditions fraîches et humides au moment du semis et pendant la saison de croissance favorisent l’infection par l’agent pathogène et le développement de la maladie. Si l’infection est sévère, les pertes de rendement peuvent s’élever à 30 %.

Cette maladie est souvent associée à la présence du nématode à kyste du soya (NKS) qui cause des blessures permettant au champignon responsable du SMS d’accéder facilement au tissu racinaire interne. Cependant, un champ peut être atteint par le SMS sans présence du NKS. Si des symptômes du SMS sont observés, il est recommandé de faire analyser les plants au LEDP pour vérifier la présence du champignon responsable de la maladie, car celle-ci peut être facilement confondue avec d’autres. Dans le cas où la présence du SMS est confirmée, il est recommandé de prévoir un échantillon de sol pour la détection du NKS.

Symptômes de la maladie
Les symptômes foliaires apparaissent généralement après la floraison du soya. Un jaunissement entre les nervures peut apparaître. Progressivement, ces taches s’étendent sur toute la surface de la feuille qui finira par brunir, tandis que les nervures demeurent vertes. Si les feuilles se détachent du plant, les pétioles resteront attachés à la tige. Ces symptômes sont généralement plus importants sur les feuilles terminales. Les racines brunissent et pourrissent.
 
Image Agri-Réseau

Début de chlorose internervaire dû au syndrome de la mort subite

Source : T. Copley (CÉROM)

Image Agri-Réseau

Chlorose internervaire et une nécrose des feuilles supérieures

Source : LEDP (MAPAQ)


À ne pas confondre
Le syndrome de la mort subite dans le soya peut être confondu avec la fusariose vasculaire, la pourriture brune des tiges, le chancre des tiges et la pourriture phytophthoréenne. Vous pouvez ouvrir la tige de soya sur la longueur à l’aide d’un couteau et examiner l’intérieur de la tige. Un plant infecté par le SMS présentera une coloration beige ou brunâtre sur la partie inférieure de la tige, mais la partie centrale « creuse » de la tige (moelle) demeurera blanche. Vous pouvez consulter le document Maladies du maïs et du soya : des symptômes apparaissent dans les champs pour plus de détails sur ces maladies.
 
Image Agri-Réseau

Partie inférieure de la tige d'un plant de soya affecté par le syndrome de la mort subite.
Remarquez la coloration beige ou brunâtre à l'intérieur de la tige alors que la partie centrale « creuse » demeure blanche

Source : B. Duval, agr. (MAPAQ)


Stratégie de lutte
Les fongicides foliaires ne protègent pas les plants contre le SMS. Les stratégies suivantes peuvent être mises en place, afin de limiter les dommages causés par la maladie :
  • Appliquer les principes de biosécurité pour restreindre la dissémination du SMS et du NKS au sein de l’entreprise ou à l’extérieur de celle-ci;
  • Utiliser des variétés de soya tolérantes au SMS et au NKS;
  • Semer lorsque le sol est suffisamment sec et réchauffé (ne pas semer le soya précocement);
  • Limiter la compaction du sol;
  • Améliorer le drainage du sol;
  • Introduire une céréale comme le blé dans la rotation : les résidus de maïs et de soya entretiennent la maladie, notamment les grains de maïs laissés au sol suivant le battage;
  • Utiliser des traitements de semences fongicides efficaces contre le SMS, lorsque le problème est connu.

Afin de confirmer le diagnostic, il est important de prélever des plants malades, mais pas complètement dépéris, incluant le collet et les racines, et de les envoyer au LEDP. Le SMS ne peut pas être diagnostiqué à partir d’un échantillon de feuilles. Voici une vidéo expliquant la méthode de prélèvement et d’envoi.

Pour en savoir plus sur le nématode à kyste du soya, consultez la fiche technique, dont la section Dépistage.

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.