Météo : baisse de température et précipitations variables. Développement de la culture : bonne croissance générale, avec plus de sénescence et des variantes régionales; récoltes de primeurs avec de bons rendements. Maladies : aucun cas de mildiou, progression graduelle de la brûlure hâtive et de la flétrissure verticillienne; évolution plus localisée d’autres maladies comme la jambe noire et la moisissure grise. Insectes : activité récurrente du doryphore par endroits; pression variable de la cicadelle de la pomme de terre; hausse de l’activité de pucerons colonisateurs; autres insectes peu problématiques.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 2 au 8 août, des températures élevées (avec 30 à 33 °C en plusieurs endroits) ont été enregistrées jusqu’au dimanche 4 août. Puis, un changement de masse d’air a ramené subitement de la fraîcheur, avec des valeurs sous ou près des valeurs de saison. Des nuits ont été aussi plus fraîches par moments, avec des mercures de 4 à 5 °C au Témiscamingue ainsi que 6 à 8 °C au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le secteur de Portneuf (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations à nouveau hétérogènes ont été observées, survenant surtout du 3 au 5 août, plus notables dans le centre et le sud de la province (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (9 au 15 août), selon Environnement Canada, un système dépressionnaire associé à la tempête tropicale Debby apportera des accumulations importantes en eau vendredi et/ou samedi presque partout en province, plus dans les secteurs du sud et du centre. Des températures plutôt fraîches sont prévues en début de période et des valeurs au-dessus des moyennes de saison par la suite.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
De la variabilité est rapportée par les collaborateurs en province. Malgré la baisse des températures, la dernière période de forte chaleur et d’humidité a affecté des plants par endroits, surtout sans apport en eau, avec une progression plus rapide des stades de développement. Du flétrissement, du pâlissement et/ou un évasement plus marqué de plants ont été signalés, en particulier dans les secteurs de l’est de la province moins favorisés par les précipitations ces dernières semaines. Cependant, des précipitations variables en province ont permis à des parcelles de poursuivre une bonne croissance, mais des quantités plus significatives, sans excès, seraient les bienvenues. Pour la primeur, une accélération de la sénescence des plants est notée partout, observation faite également pour des cultivars de mi-saison. Il est bon de mentionner qu’une avance de 8 à 10 jours sur la moyenne est observée. Pour les champs destinés à l’entreposage, on rapporte des différences selon la qualité à la levée et le cultivar. Des parcelles de variétés plus tardives présentent encore une floraison par endroits, avec un potentiel de rendement intéressant. Les températures plus fraîches depuis le 5 août sont favorables au remplissage des tubercules, en sol humide. Les récoltes de primeurs se poursuivent rondement avec de bons rendements pour la date et une belle qualité générale (calibre et apparence) pour les secteurs du sud et du centre. Le développement de mauvaises herbes continue à progresser dans plusieurs parcelles, à la suite de l’évasement des plants et des quelques pluies récentes. Une activité accrue de graminées, entre autres, est mentionnée.
MALADIES
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté ou confirmé au Québec depuis le début de la présente saison, autant dans la tomate que dans la pomme de terre. Ce constat est encourageant, à la suite de la forte pression de la maladie en 2023 dans des secteurs du sud et du centre de la province. Il reste encore du chemin à faire avant les récoltes pour l'entreposage et le suivi des champs doit se poursuivre, même en situation de conditions en apparence moins propices au champignon. Des risques de développement de la maladie (si présence d’un inoculum) ont été identifiés (selon MILÉOS) dans des secteurs qui ont connu des précipitations plus importantes, mais aussi sous une régie d’irrigation qui a pu conserver le feuillage mouillé plus longtemps. Le temps moins chaud en cours et les précipitations à venir pour les prochains jours pourraient favoriser le champignon. Une protection régulière doit donc être maintenue en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques.
Si la présence du mildiou est suspectée dans votre région ou dans un de vos champs, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre. Il est aussi possible pour les producteurs de soumettre un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour une identification, et ce sans frais. Le mildiou demeure une maladie communautaire et la collaboration de tous est nécessaire pour en limiter la dissémination.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord. Ce site rapporte toujours une présence localisée dans 3 États américains : Michigan, New York et Washington. Toutefois, pour le Michigan, une autre source a rapporté un nouveau cas dans un champ de pomme de terre le 5 août dernier. Les cas répertoriés en Ontario plus tôt en juillet dans la pomme de terre et la tomate seraient stabilisés.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation de capteurs de spores, l'hyperlien suivant montre les captures de spores dans différentes provinces : Alerte Air. Comme mentionné la semaine dernière, une 1re mention a été rapportée au Nouveau-Brunswick (26 juillet), mais pour la capture d'une spore, sans mildiou observé dans les champs. Il n’y a pas eu de nouvelles captures de spores depuis.
Les symptômes associés à l’activité de la brûlure hâtive (tache alternarienne) ont continué à progresser dans des parcelles plus sénescentes ou en situation de stress, à la suite de conditions météo favorables à la maladie (voir photo). Cependant, on observe de la variabilité entre les parcelles selon le cultivar et la régie du producteur. Les cultivars de primeurs demeurent plus touchés, tandis que cela augmente pour certains plus tardifs (ex. : 'Goldrush', 'Chieftain', 'Mountain Gem'). Des interventions se poursuivent, par endroits, pour limiter la progression de la maladie. Ces dernières pourraient être nécessaires selon le positionnement des infections sur le feuillage des plants, la date de récolte prévue, la quantité et la qualité de la biomasse foliaire et même le type d’Alternaria en présence. On rappelle qu’avec le temps chaud et sec de la semaine dernière, des taches nécrotiques (d’origine abiotique) sont bien présentes sur le feuillage de plants, à ne pas confondre avec la tache alternarienne.
Les maladies suivantes ont été rapportées par des collaborateurs en cours de période, mais aucun contrôle n'est possible présentement pour certaines. Leur présence ainsi que leur intensité doivent être notées dans les registres de dépistage afin d’améliorer leur contrôle en améliorant la régie de production dans les années à venir.
- Flétrissure verticillienne : poursuite des observations dans plusieurs régions et sur plusieurs sites, parfois sous la forme de plants isolés qui dépérissent, puis par la suite en zones de plants affectés. En cette saison chaude, la flétrissure fusarienne est parfois mélangée avec la flétrissure verticillienne. Seulement une analyse en laboratoire permet de bien identifier ou différencier ces deux maladies fongiques.
- Jambe noire : surtout des anciens symptômes rapportés, mais de nouvelles infections par endroits sous une régie d’irrigation ou à la suite d’averses plus intenses dans des parcelles déjà porteuses.
- Dartrose : évolution variable des symptômes, moins que prévu par endroits (ex. : Capitale-Nationale, Centre-du-Québec), mais plus dans le sud de la province (parcelles en terrains légers) et dans des secteurs avec des plants souffrant de la sécheresse (l'est de la province).
- Gale commune : peu de nouveaux cas rapportés lors des récoltes, avec de la variabilité selon la parcelle et le cultivar.
- Virus : symptômes foliaires plus signalés par des collaborateurs, pour plusieurs cultivars, contribuant à une sénescence accélérée de plants par endroits et pouvant affecter les rendements.
- Moisissure grise : temps sec qui a ralenti son activité en plusieurs endroits, sauf symptômes plus présents pour des parcelles plus végétatives et sous irrigation comme dans le sud de la province (sur tiges et taches foliaires). Certains produits de contrôle sont homologués contre la moisissure grise, mais il demeure difficile de bien atteindre l’endroit où la maladie est plus présente.
- Moisissure blanche (pourriture sclérotique) : peu d’activité rapportée à travers la province, étant limitée à des fonds d’allées, pas sur des tiges (voir photo).
INSECTES ET ACARIENS
Le temps chaud du début de la période a gardé le doryphore de la pomme de terre actif en plusieurs endroits. De nouvelles éclosions de masses d’œufs de la 2e génération ainsi que plus de larves sont observées dans des secteurs du sud et du centre de la province, le tout étant généralement toléré pour le moment. Des adultes estivaux demeurent bien actifs avec une migration en bordure de parcelles et une défoliation parfois marquée de plants. Le dépistage devrait donc se poursuivre afin de déterminer la nécessité ou non d’une intervention, selon la biomasse foliaire en présence et la date prévue de récolte ou du défanage, entre autres. Des collaborateurs rapportent une bonne efficacité des produits de contrôle appliqués récemment (d’un groupe chimique différent de ceux utilisés pour le contrôle de la 1re génération), mais avec une rémanence plus limitée que d’habitude.
Les captures des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) ont été stables ou à la baisse selon les rapports de collaborateurs, et ce, un peu partout en régions, sauf plus élevées pour des secteurs plus à l’est. Elles demeurent variables selon la parcelle. Une baisse des captures par endroits peut être reliée à des populations moins actives à la suite d’une intervention efficace, mais aussi à des pièges (jaunes) moins attirants ou visibles pour cet insecte avec un dépérissement des plants en plusieurs endroits. Cela démontre l’importance de vérifier leur présence dans la parcelle, en inspectant le dessous du feuillage pour y déceler des nymphes. Les températures chaudes du début de la période ont accentué des symptômes associés à leur activité par endroits.
D’autres ravageurs sont présents dans des parcelles à travers la province : certains demandent un suivi plus serré.
- Pucerons : une hausse rapide de populations (colonies) à la suite de la forte chaleur de la semaine dernière, un peu partout en province, principalement dans des parcelles sans insecticide au semis. Leur présence demeure très variable d’un champ à l’autre, d’où la nécessité d’un dépistage pour identifier ceux qui nécessiteraient une possible intervention, en fonction de la date du défanage prévu. Il est à noter que la présence de prédateurs (ex. : coccinelles, chrysopes) et de parasitoïdes (ex. : guêpe Aphidius) qui exercent un contrôle biologique est également en augmentation dans des parcelles.
- Punaise terne : des adultes et des nymphes identifiés dans des parcelles de quelques régions, avec des dommages sous le seuil de nuisibilité retenu.
- Altise à tête rouge : une activité plutôt stabilisée dans des secteurs déjà ciblés (ex. : Capitale-Nationale), le plus souvent à la suite d’une intervention, avec des dommages parfois notables par endroits, mais sans impacter le rendement.
- Pyrale du maïs : des populations plutôt stabilisées et sous contrôle (ex. : Bas-Saint-Laurent).
- Scarabée japonais : pas ou peu de nouvelles observations.
- Tétranyque à deux points : légère hausse d’activité dans des parcelles déjà porteuses (ex. : Capitale-Nationale), localement, sous du plus vieux feuillage, encore restreinte à des bordures de champ.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.