Solanacées, Alerte No 1 : Premier cas de mildiou de la pomme de terre

Image Agri-RéseauPremier cas de mildiou confirmé dans la pomme de terre en Montérégie : intensifiez le dépistage. Rappel des facteurs de risque et documents à consulter. 

 
PREMIER CAS DE MILDIOU DE LA POMME DE TERRE

 

Le mercredi 14 août, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ a confirmé la présence de mildiou (Phytophthora infestans) sur un échantillon de pomme de terre provenant de la Montérégie. Il s’agit du premier cas de mildiou officiellement rapporté au Québec pour 2024. C'est la souche US-23 qui a été identifiée dans cet échantillon. Cette souche, qui a également été retrouvée dans les échantillons de mildiou en 2022 et en 2023, est agressive sur la tomate et sur la pomme de terre. Quelques autres foyers dépistés sont soupçonnés dans la même région, mais ne sont pas encore confirmés par le laboratoire. Des mesures de contrôle ont été mises en place dès la découverte des symptômes. 


Si vous soupçonnez la présence du mildiou dans un de vos champs, contactez votre conseiller agronomique ou un conseiller du MAPAQ du bureau régional le plus proche pour obtenir de plus amples informations et prendre les mesures nécessaires. Quoique le mildiou ne soit pas une maladie à déclaration obligatoire en dehors des zones de culture protégées, notez qu'il s'agit d'un organisme nuisible réglementé en vertu du Règlement sur la culture de pommes de terre (RCPT). L’article 6 de ce règlement indique que le propriétaire ou le gardien d’un bien infecté (dont une parcelle en culture) doit prendre des mesures pour éviter la propagation du mildiou, notamment par la destruction des végétaux infectés. Ainsi, ces mêmes exigences demeurent si la découverte de la maladie était faite dans des champs d’autres solanacées, à proximité de champs de pommes de terre.

Conditions optimales pour le développement de la maladie

  • Humidité relative élevée (> 90 %) ou mouillure prolongée du feuillage;
  • Température de jour entre 16 et 20 °C;
  • Température de nuit entre 10 et 15 °C.


Les risques peuvent varier en fonction des conditions locales de chaque champ – tout ce qui réduit la circulation de l'air et augmente le temps de mouillure du feuillage augmente les risques de voir le mildiou se développer. 
 

Actions recommandées
(pour des informations plus précises, consultez les documents recommandés à la fin de cette section) 

 

Pour les producteurs de la région touchée

  • Un dépistage plus serré permettra la détection des foyers d’infection dès leur apparition : si un suivi une fois par semaine de tous les champs n'est pas possible, prioriser les zones à risque; 
  • Rapprocher les pulvérisations préventives (aux 5 à 7 jours, selon les conditions météorologiques) en alternant fongicides de contact et fongicides pénétrants. 

 
Pour les producteurs hors de la région touchée

  • Un dépistage plus serré va permettre d’identifier des foyers d’infection dans vos champs dès leur apparition;
  • Poursuite des traitements préventifs. Avec la croissance des plants, assurez-vous que le fongicide utilisé protège les nouvelles pousses et l’ensemble de la couverture foliaire. 
  • Fréquence des traitements selon les conditions météorologiques :
    • 5 à 7 jours : temps pluvieux, rosées abondantes favorisant le déplacement et la germination des spores; 
    • 7 à 10 jours : temps variable;
    • 10 à 14 jours : temps chaud et sec.

Présence de mildiou dans une de vos parcelles 
  • Lors du dépistage et des opérations culturales, visiter les champs atteints en dernier;
  • Détruire rapidement et complètement les plants ou les champs atteints, sur une superficie deux fois plus grande que la zone atteinte. Le brûlage ou l’arrachage sont des options en culture biologique;
  • Récolter les champs affectés le plus tôt possible et vendre rapidement les fruits sains;
  • Nettoyer la machinerie et les outils à la sortie du champ contaminé. Attention aux vêtements, chaussures et outils de récolte qui peuvent aussi être des vecteurs!
  • Prévenez les voisins qui cultivent, entre autres, des pommes de terre, des tomates, des poivrons ou des aubergines afin qu’ils puissent vérifier si le mildiou est présent dans leurs cultures et prendre les mesures nécessaires.


Rappel

Les produits de contact, qui ne sont pas absorbés par les tissus végétaux, devront être renouvelés à la suite de 25 millimètres (1 pouce) de pluie ou d'irrigation par aspersion, car environ 50 % du fongicide sera délavé.

Les fongicides pénétrants systémiques ou translaminaires doivent être appliqués 12 heures avant un épisode de pluie important. Ces produits pénétreront mieux dans le feuillage par temps humide et nuageux, lorsque la cuticule est souple et que les stomates sont ouverts.

 

Documents à consulter

  • Solanacées, Fiche technique : Mildiou de la tomate en champ : biologie, dépistage, ne pas confondre, facteurs de risque, interventions 
  • Bulletin d'information N° 1 : Principaux fongicides et biofongicides homologués dans les solanacées en 2024
  • Bulletin d'information N° 2 : Spécial phytoprotection bio
  • Stratégies d’intervention contre le mildiou dans la tomate et dans la pomme de terre (Nadia Surdek, agr., Groupe PleineTerre) : détermination du niveau de risque et interventions à privilégier dans chaque cas  
  • Lutte au mildiou de la pomme de terre : mieux connaître les fongicides homologués (Sébastien Martinez, agr. M. Sc., et Roger Reixach-Vilà, M. Sc., CIEL) : modes d’action et contexte d’utilisation optimal des fongicides homologués contre le mildiou dans la tomate et la pomme de terre  
  • Le mildiou de la PDT- pomme de terre et tomate bio (Denis Giroux, agr., Réseau de lutte intégrée Bellechasse, Club Agro en Horticulture)
  • Le mildiou, une maladie à surveiller
  • Productions végétales - Protocole de déplacement


 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 


 
Cette alerte, rédigée par Alex-Antoine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ) et Riva Khanna, agr. (MAPAQ), est adaptée de l'alerte N° 1 2023 rédigée par Riva Khanna, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. .