Climat favorable au Phytophthora capsici. Prévenir le mildiou. Pollinisation faible dans la courgette. Apparition timide du blanc dans la courgette et le melon. Quelques foyers d’anthracnose dans le melon et le concombre. Signalements de pucerons ailés : prévenir la transmission de virus. Quelques colonies de pucerons dans le melon.
ÉTAT DES CULTURES
Pour la période du 3 au 9 juillet, les précipitations ont été variables d'une région à l'autre alors que la chaleur et l'humidité ont été élevées un peu partout. Même avec des quantités d'eau tombées assez modérées par endroits, les sols sont restés humides en profondeur. La croissance des cucurbitacées est rapide. La pression de maladie est dans l'ensemble encore assez faible. Avec le passage des restes de l'ouragan Beryl, des pluies importantes sont attendues les 10 et 11 juillet.
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.
PRÉVENIR LES PERTES CAUSÉES PAR PHYTOPHTHORA CAPSICI
On observe déjà des foyers de pourriture dans des champs de concombres, de melons et de courges d'hiver dans quelques régions. Le temps chaud et les précipitations parfois abondantes que nous subissons actuellement sont propices à l’apparition du Phytophthora capsici. Les premiers foyers apparaissent souvent dans les secteurs mal égouttés où des signes d'asphyxie racinaire peuvent être visibles. Bien que très difficile à contrôler, l’application de fongicides AVANT l’apparition de la maladie dans les champs à risque qui ont un historique de maladie peut aider à freiner le développement de l'agent pathogène. Les fongicides suivants ont démontré une capacité à freiner le développement de la maladie, lorsqu'appliqués préventivement : ORONDIS ULTRA, ZAMPRO, PRESIDIO et REVUS.
Si Phytophthora capsici est présent dans vos champs
Lors de vos opérations au champ, dans la mesure du possible, visitez d'abord les champs sains pour terminer par les champs contaminés. Sinon, lavez bien vos tracteurs et vos récolteuses lorsque vous devez passer d’un champ contaminé à un champ sain, car Phytophthora capsici peut se transmettre d’un champ à l’autre par les particules de sol qui restent collées sur les roues du tracteur.
PRÉVENIR LE MILDIOU DANS LE CONCOMBRE ET LE MELON
Le mildiou (Pseudoperonospora cubensis) n'est pas encore signalé au Québec. Cependant, les pluies, la forte humidité de l'air et les rosées abondantes peuvent être propices pour le développement de la maladie déjà présente en Ontario et dans plusieurs États de la côte est américaine.
Pour connaître la stratégie de traitement pour les concombres frais, de transformation et pour le melon brodé, consultez le bulletin d'information N° 3 du 12 juin 2024.
QUELQUES CAS DE MAUVAISE POLLINISATION DANS LA COURGETTE
On rapporte quelques cas de mauvaise pollinisation (coulure) dans la courgette. Il peut s’agir de la conséquence d’un manque de pollinisateurs ou d’une mauvaise germination des grains de pollen. En période de fortes chaleurs, les abeilles sortent moins et sont davantage occupées à ventiler la ruche : la pollinisation s’en trouve ainsi réduite. De plus, un excès d'humidité rend le pollen collant et moins viable. Il se déplace difficilement dans la fleur femelle, ce qui affecte la capacité germinative des grains de pollen. Assurez-vous d’un nombre suffisant de pollinisateurs pour la surface de cucurbitacées cultivée. En matinée, entre 8 h et 9 h, dans un champ en floraison, vous devriez voir au moins une abeille toutes les minutes.
LE BLANC ET LES AUTRES MALADIES FOLIAIRES
Le blanc a été nouvellement dépisté dans la courgette dans la région de Québec et dans le melon brodé en Montérégie. Toutefois, la pression du blanc est encore très faible et aucune intervention n'est encore nécessaire. Depuis une semaine, la tache angulaire a peu progressé dans l'ensemble, sauf dans certains champs de courges d'hiver en Montérégie. La tache septorienne est observée dans de nombreux champs de courges d'hiver et de citrouilles, et ce, dans plusieurs régions, mais semble se maintenir sur les plus vieilles feuilles. Pour la première fois cette année, on rapporte de petits foyers d'anthracnose dans le melon brodé dans Lanaudière et dans le concombre en Montérégie.
Pour savoir si des seuils d'intervention sont utilisés en présence de ces maladies foliaires, en Ontario ou dans des États américains, consultez le Recueil des seuils d’intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères.
Vous pouvez consulter le bulletin d'information N° 1 du 8 mai 2024, afin de connaître les produits biologiques et conventionnels homologués contre ces maladies.
SIGNALEMENT DE PUCERONS AILÉS : PRÉVENIR LA TRANSMISSION DE VIRUS
En Montérégie-Est, des collaborateurs et collaboratrices nous rapportent la présence de pucerons ailés dans des champs de melons brodés, de melons d'eau, de concombres, de courges d'hiver et de citrouilles. Le nombre de pucerons par plant n'est pas élevé, mais plusieurs plants sont porteurs. L’identification des pucerons n’a pas encore été confirmée.
Les pucerons ailés, qui ont été en contact avec une mauvaise herbe ou un plant contaminé avec le virus de la mosaïque du concombre (CMV) ou un potyvirus, peuvent transmettre ces virus à plusieurs autres plants, par une simple piqûre d'exploration. Rien n'indique actuellement que ces pucerons ailés seront en assez grand nombre pour reproduire la situation de 2022 où plusieurs champs avaient été contaminés par le virus de la mosaïque du concombre. Nous surveillons aussi l'évolution des populations du puceron du soya dont l'information se trouve dans les avertissements du sous-réseau Grandes cultures.
Par contre, la vigilance s'impose dès maintenant :
- S'il y a des plants avec apparence de virus dans le champ, détruisez-les, afin d'éviter qu'ils ne deviennent une source de contamination en présence des pucerons ailés.
- Fauchez les bords de champs. Certaines mauvaises herbes peuvent être porteuses du CMV.
S'il y a présence de pucerons ailés dans des champs dont les variétés n'ont pas de tolérance ou de résistance au CMV/potyvirus et pour lesquelles vous avez subi d'importantes pertes en 2022, une pulvérisation à l'huile minérale pourrait être faite préventivement.
L'huile minérale est utilisée dans la prévention de la transmission, par les pucerons ailés, du virus Y de la pomme de terre de semence. L'huile minérale ne tue pas les pucerons, mais ferait barrière à l'acquisition du virus par les plantes. Des travaux sont toutefois nécessaires pour démontrer l'efficacité de l'huile minérale à faire aussi barrière dans le cas du CMV et des potyvirus qui affectent les cucurbitacées. Sachez cependant que l'huile minérale est homologuée dans les cucurbitacées et a aussi un effet de répression contre le blanc. L'huile PURESPRAY GREEN HUILE DE PULVÉRISATION 13E a une concentration de 99 %. On recommande une dose de 10 L d'huile/ha dans 1 000 litres d'eau. Selon ce qui est fait dans la pomme de terre de semence, il faut renouveler les applications aux 7 jours. Les températures ne doivent pas dépasser 33 ºC au moment de la pulvérisation. L'huile végétale serait moins efficace pour prévenir le PVY que l'huile minérale.
Pour en savoir plus
- Fiche technique : La transmission des virus par les pucerons
- Fiche d'information sur le PVY
- Bulletin d'information N° 4 du 30 novembre 2022 : Variétés maraîchères avec tolérances aux virus transmis par les pucerons
PRÉSENCE DE QUELQUES FOYERS DE PUCERONS DANS LES MELONS
On signale la présence de foyers de pucerons, probablement le puceron du melon (Aphis gossypii), dans un champ de melons brodés en Montérégie et de melons d'eau dans les Laurentides. Ces pucerons, contrairement au puceron du soya, par exemple, peuvent former des colonies et se multiplier rapidement sur les cucurbitacées, en l'absence de prédateurs.
Stratégie d’intervention et recommandation de traitements contre les colonies de pucerons
D’après la référence « Pumpkin Production Guide », de l’Université de Cornell (New York), on doit dépister 10 plants dans 5 sites différents (10 plants/site X 5 sites). On dénombre la quantité totale de feuilles et la quantité de feuilles qui ont 5 pucerons et plus. Si l’on compte plus de 20 % des feuilles portant une colonie de 5 pucerons et plus, il est alors approprié de traiter. Toutefois, si des prédateurs naturels (coccinelles, syrphes, cécidomyies, chrysopes, parasitoïdes, etc.) sont présents de façon importante, on doit reporter la décision de traiter au prochain dépistage.
Puisque les pucerons se tiennent sous les feuilles, il est indispensable d’utiliser un volume d’eau important afin d’assurer une bonne couverture du feuillage par l’insecticide (minimum de
Le bulletin d’information N° 1 du 8 mai 2024 vous fournira la liste des insecticides recommandés contre les pucerons.
Pour connaître d'autres seuils d'intervention, consultez le Recueil des seuils d’intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.