Météo : retour du temps plus frais et précipitations notables, mais hétérogènes. Développement de la culture : conditions favorables, mais levée parfois variable. Insectes : doryphores plus actifs, intervention à venir par endroits; captures de la cicadelle de la pomme de terre stables, mais plus rapportées; activité restreinte d’autres ravageurs. Maladies : températures favorables au mildiou de la pomme de terre, d’autres maladies présentes, mais faiblement. Mauvaises herbes : interventions de prélevée généralement terminées, contrôle à compléter par endroits en postlevée; cas du souchet comestible.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 7 au 13 juin, c'était le retour du temps plus frais, et ce, partout à travers la province. Le mercure s’est généralement maintenu sous à près des moyennes de saison, le jour, mais il a été un peu plus élevé en fin de période. Cependant, les nuits ont été généralement douces (voir le sommaire agrométéorologique). Les cumuls de précipitations ont été élevés, mais de manière hétérogène, et un peu plus faibles au sud. En plusieurs endroits, des précipitations ont été enregistrées sur plusieurs jours, dont du 6 au 10 juin (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (14 au 20 juin), Environnement Canada indique des températures plutôt de saison jusqu’à lundi, puis des valeurs possiblement records par la suite. Un peu de pluie est possible le vendredi 14 juin, mais à priori rien ou presque par la suite.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Les températures plus modérées, accompagnées de précipitations et de temps souvent humide, ont favorisé la croissance active des plants plus avancés, avec entre autres un début de floraison et/ou une initiation de la tubérisation. Cependant, dans certaines régions, pour des semis plus tardifs, des collaborateurs rapportent une émergence plus lente et un développement irrégulier des plants entre les parcelles et au sein de la même parcelle. Des désordres physiologiques sont observés, avec un effet variétal (voir photo). Malgré des relevés, les causes possibles n’ont pas encore été déterminées. La température du sol a généralement fait du surplace dans la dernière semaine, se situant davantage dans la moyenne. Les pluies plus fréquentes ont diminué les besoins en irrigation. Quelques épisodes de grêle ont eu lieu, mais ne causant que des dommages mineurs (Laurentides, Lanaudière). Les conditions météo n’ont pas facilité les chantiers comme le sarclage et le buttage. Le tableau ci-dessous présente l’état d’avancement des plantations à travers la province ainsi que le stade de développement atteint de la primeur.
État d'avancement des semis et stade de développement de la primeur pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 12 juin 2024)
Régions | Superficies ensemencées | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 100 % | Début floraison |
Outaouais | 100 % | Boutons floraux |
Lanaudière et Laurentides | 100 % | Début floraison à floraison Tubercules 2-5 cm |
Centre-du-Québec et Mauricie | 100 % | Tout début floraison Tubercules 1-2 cm |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 100 % | Tout début floraison Tubercules 1-2 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 100 %* | 10 à 15 cm |
Exemple d’un développement atypique d’un jeune plant de pomme de terre (cultivar 'Goldrush')
Source : Patrice Thibault, agr. (RLIO), 11 juin 2024
Les adultes du doryphore de la pomme de terre sont plus actifs dans les régions du sud et du centre de la province, avec une ponte qui s’accélère (voir photo). Dans le secteur sud, de jeunes larves sont maintenant plus visibles en bordure de davantage de champs. Il faut donc bien surveiller les parcelles, car leur activité va s’intensifier avec la chaleur et le temps ensoleillé prévu la semaine prochaine. La nécessité d’une intervention sera déterminée selon les données du dépistage. Dans les secteurs plus à l’est et au nord, des adultes naviguent maintenant en bordure de quelques champs, mais encore faiblement selon les collaborateurs. Pour un meilleur contrôle, il ne faut pas attendre de dépister trop de grosses larves (stade 3) sur les plants avant d’intervenir, surtout par temps chaud, et ce, quel que soit le produit utilisé.
Encore cette année, des adultes de la coccinelle maculée sont observés autant en régie biologique que conventionnelle, entre autres dans la région de Québec (voir photo). On rappelle que cette espèce de coccinelle se nourrit de pucerons, mais aussi d’œufs de doryphore lorsqu’il n’y a pas de pucerons. Un allié à protéger!
Les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) n’ont généralement pas augmenté en cours de période à la suite du temps plus frais et humide. Cependant, on rapporte des captures dans plusieurs secteurs et parcelles du centre et du sud de la province, la majorité sous le seuil d’intervention retenu. Avec des coupes de foin (ex. : luzerne) en cours par endroits et la chaleur à venir, un suivi devrait se faire pour les parcelles de pomme de terre à un stade plus avancé qui sont à proximité, principalement pour celles sans traitement insecticide lors du semis.
Concernant les autres ravageurs d’intérêt, voici quelques observations rapportées :
- un début d’activité de vers gris (Abitibi-Témiscamingue), mais rien ailleurs;
- une activité stabilisée et localisée des adultes de la punaise terne et des altises pour des parcelles d’un insecticide à la plantation;
- quelques cas plus notables de vers fil-de-fer, mais sans impact sur la culture (voir photo);
MALADIES
Concernant le mildiou de la pomme de terre, des conditions plus favorables au champignon que la période précédente ont eu lieu ces derniers jours, à plusieurs endroits de la province. En cours de saison, les risques demeurent variables d’où l’utilité d’un modèle prévisionnel, comme MILÉOS, pour mieux cibler des interventions. Il est bon de rappeler que le développement du champignon est principalement favorisé par une humidité de l’air élevé (plus de 88 %), des précipitations ainsi que des températures surtout entre 12 et 24 ºC sur une certaine période, ce qui a été le cas récemment par endroits. Le suivi des volontaires (voir photo) et des rebuts de tubercules doit être pris plus au sérieux cette année. L’application de fongicides a d’ailleurs débuté dans des secteurs du sud de la province, et ce, pour des parcelles à un stade plus avancé. Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller, au besoin, pour vérification.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), un nouveau cas de mildiou a été rapporté au cours de la dernière période, mais du côté de l’ouest des États-Unis (État de Washington), dans la tomate. Le génotype US-11 a été identifié, soit celui historiquement plus commun dans cette région et résistant au méfénoxam. On rappelle que le génotype US-23 est celui plus présent ces dernières années dans l’est de l’Amérique du Nord (et sensible au méfénoxam).
Aucun symptôme de la tache alternarienne (ou brûlure hâtive) n’a été rapporté, ce qui est normal en ce début de saison. Cette maladie fongique se présente davantage à partir de la fin juin et/ou lors de la floraison des plants de pomme de terre.
Le contrôle préventif de la dartrose a débuté ou débutera sous peu dans les champs plus avancés (ex. : stade 25 cm à début bouton floral) et considérés à risque (ex. : cultivars sensibles, historiques de dommages). Le feuillage du bas des plants ainsi que la section de la tige du plant plus près du sol représentent les endroits où les premiers symptômes peuvent se développer plus tard en saison. Ce sont donc les parties de la plante que le produit de contrôle utilisé devrait atteindre.
Concernant d’autres maladies d’intérêt, des premiers cas de jambe noire (voir photo) sont à signaler pour les cultivars 'Norland' et 'Colomba', de même que des plants virosés pour le cultivar 'Goldrush'. Seulement de faibles infections de rhizoctone brun ont été rapportées, mais une hausse de pourritures de plantons par endroits avec un suivi en cours.
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Les interventions herbicides de prélevée sont presque complétées partout. Un bon contrôle des mauvaises herbes est généralement rapporté, mais des retouches (ex. : 2e buttage, désherbant de postlevée) sont nécessaires dans des parcelles de certaines régions. Les espèces les plus mentionnées sont des graminées diverses, le chénopode, l’herbe à poux et le souchet comestible.
Concernant le souchet comestible, cette plante colonise de plus en plus des parcelles en pomme de terre, dans les secteurs sud et centre de la province. Il se multiplie principalement par des minitubercules de 5 à 15 mm (voir photo). La culture de la pomme de terre est peu compétitive pour le souchet, ce dernier ayant suffisamment de lumière, d’eau et d’azote pour bien s’implanter en début de saison. Les principales sources d’introduction de cette mauvaise herbe dans un champ demeurent l’usage de machineries contaminées (ex. : stolons sur la herse, terre sur les pneus de la machinerie, etc.) et le travail du sol qui disperse les tubercules progressivement à la grandeur d’une parcelle. Pour améliorer son contrôle dans une parcelle infestée, il faut opter pour le faire lors de l’année ou des années de rotation.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.