Pomme de terre, Avertissement No 5, 7 juin 2024

Météo : forte chaleur, avec des précipitations en toute fin de période par endroits. Développement de la culture : toujours bon, mais la chaleur intense affecte la culture par endroits. Insectes : ponte du doryphore en hausse avec début d’activité larvaire dans le secteur sud; hausse des captures de la cicadelle de la pomme de terre; activité restreinte d’autres ravageurs. Maladies : rien à signaler, suivi du mildiou. Mauvaises herbes : poursuite des interventions, phytotoxicité par endroits. Nouveau guide des ennemis des cultures.   
 

CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
 
Pour la période du 31 mai au 6 juin, une masse d’air très chaud s’est installée sur l’ouest, une partie du centre et le nord de la province. Des mercures entre 28 et 32 ºC ont été atteints, et ce, sur plusieurs journées. Cependant, le long du fleuve Saint-Laurent, de Québec en allant plus vers l’est, le mercure a été plus timide avec moins de chaleur. Des nuits fraîches et parfois froides ont eu lieu dans plusieurs secteurs, dont le 31 mai et/ou le 1er juin. Le fond de l’air a été souvent sec avec un taux d’humidité peu élevé (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations ont été enregistrées en toute fin de période seulement (soit le 6 juin), et ce, pour des secteurs situés plus à l’ouest (voir la carte des précipitations du 6 juin et la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (7 au 13 juin), le site Web d’Environnement Canada indique des précipitations jusqu’à lundi (sauf pour la Gaspésie), avec des quantités significatives par endroits (dont pour le centre de la province) et du temps plus frais, puis un retour du beau temps à partir de mardi ou mercredi selon la région avec un mercure à la hausse.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

Plusieurs collaborateurs rapportent la poursuite d’un bon développement de la culture. Cependant, les fortes chaleurs ont ralenti momentanément la pousse végétative, surtout pour des plants plus avancés de secteurs plus au sud (ex. : Montérégie, Lanaudière). Cela a également causé de l’insolation et autres désordres par endroits (voir les photos ci-dessous). Heureusement, des nuits plus fraîches ont permis un peu de répit à la culture par endroits, mais des précipitations sont les bienvenues. Les semis seraient finalement terminés tout récemment en Montérégie et encore quelques jours seront nécessaires pour compléter le tout dans le Bas-Saint-Laurent. En général, une bonne levée est rapportée, parfois plus lente pour certains cultivars, dont Reveille Russet. La température du sol demeure chaude pour la date, moins vers l’est, et plus qu’à la même période l’an dernier. Les opérations de sarclage vont bon train et des producteurs attendent des précipitations pour faire un meilleur buttage. L’irrigation était en cours dans des champs plus avancés du sud de la province, et aussi par endroits dans des régions plus centrales. Le tableau ci-dessous présente l’état d’avancement des plantations à travers la province ainsi que le stade de développement atteint de la primeur.
 
Image Agri-Réseau

Impact de hautes températures sur le développement de plants de pomme de terre (ex. : insolation)

Source : Christine Carrier, agr. (Les Maraîchers Brunelle inc.), 6 juin 2024

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Impact de hautes températures sur le développement de plants de pomme de terre (ex. : insolation)

Source : Christine Carrier, agr. (Les Maraîchers Brunelle inc.), 6 juin 2024

 
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Début de tubérisation d'un plant de pomme de terre, cultivar Envol

Source : Maxime Brière, 6 juin 2024



État d'avancement des semis et stade de développement de la primeur pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 5 juin 2024)
 
Régions Superficies ensemencées Stade de la culture (primeur)
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest 100 % Boutons floraux
Outaouais ND ND
Lanaudière et Laurentides 100 % Boutons floraux à tout début floraison
Centre-du-Québec et Mauricie 100 % Début bouton floral
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches 100 % Plants 25-35 cm
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue 75 à 100 %* Émergence
ND : données non disponibles    * Données partielles ou incomplètes selon la région.

 
INSECTES
 
Sans trop de surprise, l’activité du doryphore de la pomme de terre a augmenté en cours de période, mais de manière plus graduelle que prévu, malgré la forte chaleur en cours. Des adultes colonisent de plus en plus des parcelles, souvent à la suite d’envolées. On observe surtout une ponte en forte hausse dans le sud avec un début d’activité larvaire, ainsi qu'un début de ponte dans le secteur centre, et pas ou très peu d’activité des adultes encore dans les secteurs est et nord. Il est possible que des sols plus secs ralentissent l’émergence des adultes de leur site d’hivernement. On signale des populations variables d’un champ à l’autre, d’où l’importance d’y effectuer un dépistage approprié pour intervenir au besoin et surtout au bon moment. Les traitements insecticides au semis (planton, sillon) sont toujours efficaces en plusieurs endroits (ex. : adultes observés morts au sol), mais il y a un début de perte d’efficacité par endroits.

Les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) ont augmenté dans des secteurs du sud de la province, avec des décomptes dépassant déjà 10 à 25 individus/piège/semaine par endroits. Dans des régions plus centrales, les décomptes demeurent présentement sous 5 individus/piège/semaine. Donc, c’est le moment d’installer les pièges si cela n’est pas encore fait dans les champs dont la levée est complétée. Les parcelles les plus à risque sont celles sans un traitement insecticide réalisé au semis ou si un produit autre que ceux du groupe 4A a été utilisé au semis. Des plants en situation de stress supportent moins les infestations de CPT.

Concernant les autres ravageurs d’intérêt, on peut mentionner :
 
  • un début, mais une faible activité, de vers gris (Lanaudière);
  • quelques adultes de la punaise terne naviguant dans des parcelles sans application d’un insecticide à la plantation (région de Québec);
  • une activité stabilisée des cas de vers fil-de-fer mentionnés la semaine dernière;
  • la présence de populations d’altises et/ou de collemboles, mais sans impact sur la culture (région de Québec et Gaspésie).  

 
MALADIES

Le temps chaud et sec de la dernière période n’a pas représenté des conditions favorables au développement de maladies de sol, alors qu’aucun nouveau cas de pourriture de plantons et seulement de faibles infections par le rhizoctone brun ont été rapportés. Cependant, les précipitations à venir, combinées à une levée moins rapide, pourraient changer le tout. Le document Problèmes à la levée (en anglais) peut être consulté pour aider à déterminer les causes possibles de manques à la levée.

Les conditions chaudes et sèches en plusieurs endroits de la province ont diminué les risques de développement du mildiou de la pomme de terre. Il demeure important d’accentuer le suivi de la maladie dès que des conditions favorables se présentent, et ce, pour les parcelles plus avancées. Le développement du champignon est principalement favorisé par une humidité de l’air élevé (plus de 88 %), des précipitations ainsi que des températures surtout entre 12 et 24 ºC sur une certaine période. Pour la gestion du mildiou, il n’est pas trop tard pour adhérer à des outils d’aide à la décision comme un modèle prévisionnel (ex. : Miléos) et/ou à des capteurs de spores. Le suivi des volontaires (champs en rotation) et les rebuts de tubercules lors d’un vidage tardif d’entrepôt doivent être pris plus au sérieux cette année. Selon le site Web USA Blight (en lien maintenant avec celui de PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période.

 
GESTION DES MAUVAISES HERBES

Les interventions herbicides de prélevée de la culture sont terminées, se poursuivent ou débutent selon le cas. La météo a causé des problèmes par endroits pour activer des produits (carences en précipitations). Malgré cela, une bonne efficacité a été rapportée, mais des interventions de rattrapage ont ou seront nécessaires par endroits, soit chimiquement ou mécaniquement. Dans quelques régions, des applications tardives ont conduit à de la phytotoxicité (voir la photo ci-dessous).
 
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Exemple d'une phytotoxicité à la matière active métolachlore dans la pomme de terre (en bas, un plant qui émergeait du sol au moment de l'application)

Source : Patrice Thibault, agr. (RLIO), 4 juin 2024

 

 NOUVEAU GUIDE DES ENNEMIS DES CULTURES

Un nouveau guide des ennemis des cultures a été publié récemment par la province de l’Ontario, incluant la culture de la pomme de terre.
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 



Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.