Fraise, Avertissement No 9, 5 juin 2024

Conditions météo. Stades de développement. Début d'observation de blanc sur jeunes feuilles.  Autres maladies. Insolation sur fruits. Augmentation des populations de thrips. Autres insectes et acariens. Savez-vous reconnaître vos alliés contre les pucerons?


CONDITIONS MÉTÉO

Au cours de la dernière semaine, nous avons observé une hausse des températures au-dessus de la normale, frôlant les 30 °C plusieurs journées consécutives, sans précipitations. L'irrigation a été nécessaire dans plusieurs fraisières, mais la sécheresse et la chaleur ont mis en lumière des cas de gel partiel hivernal. Des flétrissement de plants ont été observés dans plusieurs champs.  Dans certaines régions, les températures ont frôlé le 0 °C dans la nuit du 29 au 30 mai, quelques fleurs gelées ont été rapportées. La saison 2024 poursuit son avance, avec un écart entre 70 et 130 degrés-jours par rapport à la moyenne historique. Pour la prochaine semaine, de bonnes quantités de pluie sont prévues pour la fin de la semaine. Voir le sommaire agrométéorologique pour plus de détails.
 

STADES DE DÉVELOPPEMENT
 
Régions Hâtif* 'Jewel'**
Montérégie
Récolte
 
Fruits blancs

Laurentides et Lanaudière
 
Récolte Fruits verts
Estrie, Centre-du-Québec et Mauricie
Récolte
 
Fruits verts
Chaudière-Appalaches et
Capitale-Nationale
Récolte Fruits verts
Bas–Saint-Laurent, Gaspésie et
Saguenay–Lac-Saint-Jean
Début fruits verts Floraison
* Stade le plus hâtif (fraise d'automne ou hâtive sous bâche)
** Variété témoin
Note : Le tableau ci-dessus indique les stades les plus avancés selon l'information reçue des collaborateurs.
ND : non disponible
* Stade le plus hâtif (fraise d'automne ou hâtive sous bâche)
 
 
DÉBUT D'OBSERVATION DE BLANC SUR JEUNES FEUILLES

Des observations de symptômes de blanc du fraisier sur de jeunes feuilles nous ont été rapportées dans certaines régions. Cette maladie se développe bien lorsqu’il y a des périodes sèches entrecoupées de périodes de mouillure comme des rosées. Les jeunes feuilles et les fleurs sont les stades les plus sensibles pour les infections par le blanc. Les infections ont toujours lieu de 7 à 10 jours avant l’apparition des symptômes.
 
Image Agri-Réseau

Symptômes de blanc sur feuilles

Source : Christian Lacroix, agr., MAPAQ

 
 
Image Agri-Réseau

Sensibilité des stades des feuilles au blanc

Source : Stéphanie Tellier et Odile Carisse

Image Agri-Réseau

Sensibilité des stades floraison à fruits mûrs au blanc

Source : Stéphanie Tellier et Odile Carisse



AUTRES MALADIES

Au cours de la dernière semaine, d'autres observations de symptômes d'anthracnose sur fruits nous ont été rapportés. Il y a également eu une augmentation des observations de tache commune dans certains champs. Les conditions de la dernière semaine n'ont pas été propices aux conditions pour la moisissure grise, peu de nouveaux symptômes nous ont été rapportés.
 

INSOLATION SUR FRUITS 

Après la période de fortes chaleurs de la semaine dernière, plusieurs observateurs rapportent des cas d'insolation sur fruits.
 
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Insolation sur fruit

Source : William Laforge, agr. (FERTIOR)

 


AUGMENTATION DES POPULATIONS DE THRIPS

Plus d'observations de thrips nous ont été rapportées au cours de la dernière semaine et des symptômes de bronzage sur fruits ont été observés dans certaines régions. 

Des thrips prédateurs bénéfiques ont également été observés sur certains sites.

Les thrips ravageurs peuvent causer des dégâts de bronzage sur les fruits lorsque les conditions suivantes sont rencontrées :

Fortes populations + Séquence de chaleur + Historique de dommages + Régie de production avec plastique et/ou couverture flottante. Pour plus d'information : Le bronzage sur fraises associé aux thrips.

 

Image Agri-Réseau

Thrips des fleurs (Frankliniella tritici)

Source : LEDP (MAPAQ)



AUTRES INSECTES ET ACARIENS 


Avec les températures chaudes de la dernière semaine, on nous a rapporté l'augmentation des dégâts de tarsonème du fraisier.  Les population de tétranyques sont également en augmentation dans plusieurs champs.

Des interventions ont eu lieu dans la dernière semaine dans certains champs contre la punaise terne. Des pucerons du fraisier à divers stades nous ont également été rapportés.


SAVEZ-VOUS RECONNAÎTRE VOS ALLIÉS CONTRE LES PUCERONS?
(section rédigée par Stéphanie Patenaude, agr., M.Sc.)
 
Savez-vous qui vous aide naturellement dans la lutte aux pucerons? Voici quelques alliés que vous pouvez tenter de repérer dans votre fraisière. Vous pouvez notamment les favoriser en choisissant des produits phytosanitaires ayant une cote de toxicité faible sur ces auxilliaires. Pour connaître ces cotes, consultez l'affiche Production fruitière intégrée FRAISE - 2024-2025.


Coccinelles
Il existe plusieurs espèces de coccinelles au Québec et elles sont très variées en termes de taille, couleur (jaune à rouge) et nombre de points. La plupart sont indigènes, mais quelques-unes sont exotiques, dont la coccinelle asiatique. Les larves ont l'allure de petits crocodiles. Les adultes et les larves sont des prédateurs de pucerons, d'acariens et autres ravageurs à corps mous. Une coccinelle pourrait consommer jusqu'à 100 pucerons par jour.
 
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Adulte (Coccinella septempunctata), larves et oeufs de coccinelle

Source : LEDP (MAPAQ)

 
 
Chrysope verte
La chrysope verte est un prédateur généraliste commun en Amérique du Nord. L'adulte se nourrit principalement de nectar de fleurs et de miellat de pucerons, mais les larves sont de redoutables prédateurs de pucerons et autres petits insectes à corps mous, comme les cicadelles. Une larve peut consommer jusqu'à 600 pucerons au cours de son développement. 
 
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Adulte et larve de chrysope verte (Chrysoperla carnea)

Source : LEDP (MAPAQ)


  
Guêpes parasitoïdes
Les guêpes parasitoïdes s'attaquant aux pucerons sont majoritairement de la famille des Braconidae et elles sont généralement noires et de très petite taille. Elles pondent leurs oeufs à l'intérieur des pucerons. En se développant, la larve se nourrit de son hôte, causant ainsi sa mort. Il est rare d'apercevoir ces petites guêpes en action, mais on observe plus facilement les momies de puceron laissées après que la larve ait complété son cycle. Les pucerons sont alors immobiles, d'une couleur dorée et ont un petit trou rond sur leur abdomen (trou de sortie de la guêpe). 
 
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Guêpe parasitoïde (Aphidius matricariae) adulte près d'une colonie de pucerons

Source : LEDP (MAPAQ)

 

Cécidomyie prédatrice (Aphidoletes aphidimyza)
La cécimodyie prédatrice adulte ressemble à un moustique et est difficile à observer. C'est la larve, un petit asticot orangé sans patte, qui est prédatrice de pucerons. Les larves sont présentes dès le début de juin et il y a généralement deux générations par année. Une larve peut consommer jusqu'à 60 pucerons dans sa vie. 
 
Image Agri-Réseau
Adulte et larve de la cécidomyie prédatrice (Aphidoletes aphidimyza)

Source : LEDP (MAPAQ)

 

Syrphes
Le syrphe adulte est une mouche ressemblant beaucoup à une abeille ou une guêpe, mais elle ne pique pas. L'adulte est un pollinisateur se nourissant de pollen et de nectar, alors que la larve est un prédateur de pucerons et autres insectes à corps mou. La larve ressemble à un asticot, mais est de bonne taille. Certaines espèces pourraient consommer de 400 à 900 pucerons pendant leur développement d'environ 3 à 4 semaines.
 
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Adulte et larve de syrphe

Source : LEDP (MAPAQ)

 
Pour en savoir plus :
  • Guide de terrain sur les ennemis naturels, Université d'état d'Ohio et Pôle d'excellence en lutte intégrée. 2015;
  • Fiche 97 - Description et efficacité des prédateurs de pucerons,  Réseau-pommier, Production fruitière intégrée. 2024.
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

 
 
Cet avertissement a été rédigé par Stéphanie Tellier, agr., M. Sc. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du sous-réseau Fraise ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.