Pomme de terre, Avertissement No 3, 24 mai 2024


Conditions météorologiques : poussée de chaleur et précipitations variables. Développement de la culture : progression rapide des semis, bonne croissance de la culture. Insectes : début d’activité des doryphores adultes, faible présence d’autres espèces. Maladies : peu de pourriture de plantons, prévention du mildiou. Mauvaises herbes : poursuite des interventions, efficacité des herbicides, attention à la dérive.

 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
 
Pour la période du 17 au 23 mai 2024, des conditions estivales ont enveloppé la province. Le mercure a atteint et même dépassé les 30 ºC dans des secteurs du sud de la province (ex. : 30-32 ºC les 20 et 22 mai en Montérégie et dans Lanaudière). Des nuits douces ont été enregistrées, mais parfois plus fraîches dans des secteurs plus à l’est et au nord (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations ont eu lieu en début et/ou en toute fin de période, mais de manière hétérogène à travers la province, le plus souvent marginales. Des secteurs ont été plus arrosés comme la Mauricie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la grande région de Québec et le Bas-Saint-Laurent. Des averses orageuses ont causé du ravinement dans des parcelles en pomme de terre de la région de Québec (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (soit du 24 au 30 mai), Environnement Canada prévoit un changement de masse d’air avec des températures qui vont revenir à des valeurs de saison et parfois en dessous, avec des risques de précipitations légères en tout début, mais plus significatives à partir de lundi ou mardi selon le secteur.
 

DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
 
Des collaborateurs de plusieurs régions rapportent un bon début de saison pour la culture. Une fois émergés, les plants se développent rapidement. Les semis se déroulent à un bon rythme, pour les producteurs qui en ont encore à compléter. Cependant, des averses ou même un excès de chaleur ont momentanément arrêté les chantiers par endroits. Les conditions d’humidité du sol varient selon les régions étant donné les grandes variations de précipitations. Des sols montrent une température (à 10 cm) élevée pour la date, plus qu’en 2023 et aussi que la moyenne, ce qui favorise la germination et une émergence égale par endroits (ex. : Lanaudière), mais un peu moins ailleurs (ex. : Montérégie). Le sol trop chaud à la surface a causé de la brûlure de germes, lors de journées ensoleillées, mais les répercussions seraient négligeables. Plus de précipitations seraient les bienvenues dans certains secteurs (ex. : Lanaudière). Le tableau ci-dessous présente l’état d’avancement des plantations à travers la province ainsi que le stade de développement atteint pour de la primeur.

 
État d'avancement des semis pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 22 mai 2024)
 
Régions Superficies ensemencées Stade de la culture (primeur)
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest 50 à 60 %* Plants 5-15 cm
Outaouais ND ND
Lanaudière et Laurentides 90 à 100 % Plants 8-15 cm
Centre-du-Québec et Mauricie 70 à 100 % Plants 8-12 cm
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches 75 à 100 % Bouquets 3-10 cm
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue 20 à 65 %* Germination
*Données partielles    ND : non disponible

 
INSECTES ET ACARIENS
 
Les températures chaudes ont eu un impact sur l’activité du doryphore de la pomme de terre alors que les premiers adultes de la saison ont été observés en bordure de certains champs dans des secteurs du sud de la province (ex. : Lanaudière, Montérégie), mais aussi plus au centre. On note également un début de ponte. On ne rapporte pas de dommages à la culture présentement. Selon l’intensité et l’historique de ce ravageur sur l'entreprise ainsi que les conditions météo, un traitement de bordures de champ (ex. : 40-50 rangs) pourrait être envisagé, mais seulement en sites fortement infestés. Un modèle prévisionnel est disponible sur Agrométéo Québec afin de suivre les différents stades de développement du doryphore dans chacune des régions de la province. L’hiver doux, combiné à un printemps hâtif, pourrait conduire à une activité accrue de ce bioagresseur en 2024.

Un début d’activité de vers fil-de-fer (taupins), mais sans impact sur la culture, est rapporté dans quelques champs de quelques régions, entre autres sur des retours de prairie. Leur présence est souvent mentionnée par des collaborateurs en début de saison, mais cela ne cause habituellement que des dommages très localisés.

Dans quelques secteurs du sud et du centre de la province, des pièges jaunes englués ont été installés tout dernièrement dans des parcelles sentinelles pour suivre les premières envolées des cicadelles, dont la cicadelle de la pomme de terre. Avec les températures chaudes actuelles, il est possible que des migrations atteignent nos régions plus tôt que d’habitude.

Aucune activité de vers gris (noctuelles) et seulement quelques légers dommages foliaires par des altises n'ont été rapportés dans des champs au stade de la levée.

 
MALADIES

Quelques cas plutôt isolés de pourriture de plantons ont été rapportés par des collaborateurs, mais sans gravité pour le moment. Cette situation relève le plus souvent d’une mauvaise gestion de la semence à la plantation, à la suite d’un tranchage. Aucune infection de rhizoctone brun sur les germes n’a été mentionnée depuis le début de la saison. On rappelle qu’une levée rapide permet de réduire l’impact de ces deux types de maladies.

Du côté du mildiou de la pomme de terre, la prévention doit se poursuivre et le lecteur peut se référer à l’avertissement Nº 2 du 17 mai 2024 pour de bonnes pratiques à mettre en place en ce début de saison. Selon le site Web USA Blight (en lien maintenant avec celui de PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période.

 
GESTION DES MAUVAISES HERBES

Les applications de désherbants en prélevée de la culture s’intensifient dans les régions du sud et du centre de la province, selon la date des semis. Avec la température élevée du sol, l’émergence de la culture pourrait être plus rapide que prévu. Un bon suivi est donc nécessaire afin de limiter de possibles dommages aux jeunes plants de pomme de terre à la suite d’une application d’herbicides.

En général, une hauteur minimale de 10 mm en pluie (mais sans excès) serait nécessaire pour activer un herbicide de préémergence afin que le produit migre dans la zone de germination des mauvaises herbes. En l’absence de précipitations notables, un apport en eau par irrigation dans les 4 à 7 jours suivant l’application du désherbant est nécessaire pour remplacer la pluie.

Le choix du désherbant devrait se faire selon les espèces de mauvaises herbes présentes dans les champs, et leur pression. Il faut tenir compte également de la tolérance de la culture, selon le cultivar en présence (phytotoxicité). Un document de référence sur la tolérance des principaux cultivars de pomme de terre à la métribuzine peut être consulté. Il y a aussi un intervalle à respecter entre l’application du produit et l’ensemencement ou la plantation d’une nouvelle culture (en mois ou même en années). Le passage d’un sarcleur au bon moment plus tard en saison peut compléter le contrôle des mauvaises herbes qui auraient échappé à un traitement. Il est important de toujours bien lire et suivre les instructions d’utilisation sur les étiquettes de chacun des produits, spécialement concernant l’utilisation de la matière active linuron en 2024 (voir les produits nécessitant un transfert par système fermé [en anglais]).
 
Finalement, la vigilance s’impose lors d’application d’herbicides à cette période-ci. Il est important de réaliser la pulvérisation dans les meilleures conditions possibles (par exemple en tenant compte de la vitesse et de la direction du vent), comme inscrit sur l’étiquette du ou des produits utilisés. Une dérive hors de la zone ciblée peut causer des dommages importants à la culture voisine (ex. : baisse de rendement, présence de résidus possibles d’un produit non homologué pour la culture non visée).

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 



Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.