Cucurbitacées, Avertissement No 16, 13 septembre 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Conditions de conservation des courges d’hiver. Phytophthora capsici : mesures de prévention à mettre en place dans les entreprises où la maladie a été présente cette année. Il est encore temps d’implanter une culture de couverture. Merci aux nombreux collaborateurs et aux entreprises!
 

 ÉTAT DES CULTURES
  
La chaleur qui s'est poursuivie pendant la période du 6 au 12 septembre a été favorable au développement, au mûrissement et à l'avancement des récoltes. La qualité des concombres, des courgettes, des melons et des courges d’hiver hâtives est bonne; pour ces derniers, les récoltes achèvent bientôt alors que l'on commence à récolter les champs de citrouilles et de courges Butternut.

Il est encore tôt pour faire un bilan provincial de saison, mais la plupart des entreprises auront des rendements moindres qu'habituellement à cause des fortes pluies qui ont provoqué, dans bien des cas, l'affaiblissement des plants, les rendant moins productifs. De plus, les précipitations fréquentes ont été très favorables aux maladies, engendrant des pertes au champ.

Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.
 
 
CONSERVATION DES COURGES D'HIVER
 
Avec le retour des températures plus près des normales saisonnières, il est bon de rappeler que les courges d’hiver sont très sensibles au froid. Une exposition fréquente à des températures sous les 10 °C entraîne des microlésions pouvant favoriser le développement de pourritures. Ainsi, de telles températures peuvent affecter la qualité des courges entreposées.
 
Il vaut mieux devancer la récolte des courges d’hiver lorsque l’on prévoit plusieurs nuits sous la barre des 10 °C. Seuls les fruits sains, issus de champs exempts de maladies, qui n’ont pas souvent été exposés à des températures inférieures à 10 °C, doivent être sélectionnés pour l’entreposage. La température d’entreposage optimale pour la courge d’hiver se situe entre 10 et 13 °C, avec une humidité relative de 50 à 70 %.

 

PHYTOPTHORA CAPSICI : MESURES PRÉVENTIVES À METTRE EN PLACE DANS LES ENTREPRISES OÙ LA MALADIE EST PRÉSENTE
 

Cette année, à cause des précipitations fréquentes et abondantes, plusieurs entreprises ont subi d'importantes pertes de rendements à cause du champignon de sol Phythophthora capsici. Ce pathogène, très agressif, est responsable des pourritures du collet et des fruits chez les cucurbitacées et les solanacées.
 

La liste des plantes pouvant être infectées par Phytophthora capsici ne cesse de s’allonger. Depuis la découverte de sa première victime, le poivron, il s’est rajouté plus d’une cinquantaine de cultures sensibles dont voici les principales :
 

Liste non exhaustive des cultures sensibles (observations dans les champs, rapportées dans la littérature) :

Poivrons Melons Concombres
Piments Melons d'eau Haricots frais
Aubergines Courges d'hiver Haricots de Lima
Tomates Courges d'été Okras
Pétunias Courgettes Fraises*
Gourdes Citrouilles  

* Non encore observée au Québec, mais détectée dans les champs aux États-Unis, au Brésil, au Mexique et en Tunisie


Pour les entreprises qui ont eu des problèmes reliés à ce champignon, des mesures préventives s’imposent afin d’éviter que ce pathogène ne se déplace vers d’autres champs. Aussi, l'an prochain, avant de semer ou de planter vos cucurbitacées ou d’autres cultures sensibles… et pendant la saison :

  • Choisir des champs exempts de Phytophthora capsici.
  • Choisir des champs qui n’ont pas eu de plantes hôtes depuis au moins 3 ans.
  • Choisir des champs sains isolés des champs infectés.
  • Choisir des champs qui sont bien drainés et égouttés, sinon éviter de semer dans les baissières ou les zones compactées.
  • Planifier vos chemins de ferme avant vos semis en laissant amplement de place. Sous-soler le long de vos chemins de ferme pour que l’eau n’y séjourne pas.
  • Nettoyer l’équipement agricole avant de passer d’un champ à l’autre, terminer par les champs qui ont la maladie. Phytophthora capsici se propage très facilement avec les particules de sol qui collent aux roues des machineries agricoles.
  • Si la culture n’est pas rampante (tomate, aubergine, poivron, courgette, etc.), planter sur des billons hauts d’environ 25 cm pour tenir les racines hors des zones saturées d’eau. La présence de paillis évite le contact des fruits avec le sol à condition qu’il n’y ait pas de dépôt de terre sur le paillis.
  • Ne pas irriguer d’un étang qui reçoit l’eau de surface ou de drainage d’un champ infecté. Cette eau pourrait contenir des spores du pathogène et transmettre la maladie à tous les plants irrigués.
  • Ne pas travailler dans des champs saturés d’eau.
  • Après des pluies abondantes, dépister vos champs dans les baissières pour des symptômes de Phytophthora capsici.
  • Arracher les débuts de foyers d’infection. Enlever les plants qui se trouvent dans un périmètre de 2 mètres autour des plants infectés et les détruire hors du champ.
  • Si possible, éliminer les fruits malades, hors du champ. Ne jamais enfouir des fruits malades dans un champ sain.



CULTURES DE COUVERTURE


Il est encore temps d’implanter des cultures de couverture. Celles-ci jouent plusieurs rôles importants, dont la protection contre les érosions hydrique et éolienne. Cette pratique permet aussi d’accumuler les éléments nutritifs qui seraient autrement perdus par lessivage, dont l’azote, et d’accroître la biodiversité et l’activité biologique du sol. Les cultures de couverture jouent ainsi un rôle dans la gestion des mauvaises herbes et dans la lutte contre les agents pathogènes du sol.

Quelques documents permettent de mieux connaître les espèces végétales à privilégier et de comprendre les bénéfices qu’on peut retirer de cette pratique. 
 

Pour plus d'information

  • Cultures de couverture - Les pratiques agricoles de conservation : Habiter le sol par les racines 
  • Guide des cultures de couverture en grandes cultures 

 

MERCI À TOUS NOS COLLABORATEURS! 
 

Avec le début des récoltes s’achève la publication des avertissements pour les cucurbitacées. Les renseignements présentés dans les communiqués du sous-réseau Cucurbitacées du RAP sont le fruit d’un travail d’équipe. Cette année encore, nous avons pu compter sur la précieuse collaboration de nombreux conseillers répartis dans les principales régions de production du Québec. Leurs données et leurs renseignements sont à la base des avertissements qui vous ont été transmis tout au long de la saison. Nous les remercions chaleureusement. Nous sommes également très reconnaissants envers les entreprises qui nous permettent de partager ces observations qui sont indispensables au bon fonctionnement du sous-réseau. 
 
Nous tenons à souligner le soutien important de l’équipe du Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ qui vient appuyer et valider nos observations tout au long de la saison. Sans eux, notre travail n’aurait pas la même valeur.
 
Finalement, sans l’équipe du secrétariat du RAP basée à Québec qui révise, met en forme et assure la diffusion rapide des alertes, des avertissements et des bulletins d’information, nous ne pourrions vous acheminer toute cette information dans les délais requis.


 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Louise Thériault, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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