Autres cas de tache plectosporienne dans la citrouille. Le blanc en augmentation dans les courgettes tardives. Sénescence naturelle du feuillage. Le mildiou se développe généralement peu. Récolte et conservation des courges. Destruction des résidus et implantation de cultures de couverture après la récolte.
ÉTAT DES CULTURES
La chaleur que nous avons eue en fin de période a été salutaire pour le développement, le mûrissement et la récolte des cucurbitacées. La qualité des concombres, des courgettes, des melons et des courges d’hiver hâtives est bonne; les récoltes achèvent bientôt. Les champs de citrouilles prennent leur couleur définitive. Les récoltes des courges poivrées, spaghetti et Buttercup vont bon train. La courge Butternut poursuit son mûrissement dans de nombreux champs.
Les rosées, qui sont assez fortes le matin, peuvent être favorables aux maladies pouvant s'installer sur les fruits de courges d'hiver. Aussi, dès que la maturité des fruits est atteinte, il est important de sortir rapidement les fruits d’apparence saine des champs.
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions.
AUTRES CAS DE TACHE PLECTOSPORIENNE DANS LA CITROUILLE
Depuis deux semaines, d’autres foyers de tache plectosporienne (Plectosphaerella cucumerina/Plectosporium tabacinum) ont été observés dans des champs distincts de citrouilles, en Montérégie.
Symptômes de la tache plectosporienne dans la citrouille, 23 août 2023
Catherine Thireau, agr. (Services agronomiques Catherine Thireau)
Dans les champs où le pathogène est dépisté, une rotation d'au moins 2 ans sans citrouille ni courgette est nécessaire pour minimiser le risque de la maladie. Pour davantage d’information sur la maladie, vous pouvez consulter l’avertissement N° 13 du 23 août 2023.
BLANC TRÈS PRÉSENT DANS LES DERNIERS SEMIS ET PLANTATIONS DE COURGETTE
Plusieurs collaborateurs nous rapportent une présence importante du blanc (Podosphaera xanthii) dans les plantations tardives de courgette, alors que les plants sont encore végétatifs. S'il y a de vieux champs de cucurbitacées à proximité de ces jeunes plantations, détruisez les vieux plants afin d'éviter qu’ils ne deviennent une source de contamination pour les champs plus jeunes.
Selon les résultats d’essais d’efficacité menés par l’Ohio State University en 2021, il est suggéré de commencer les pulvérisations contre le blanc dès l’apparition des premiers symptômes. Commencez les traitements avec des fongicides à sites d’actions spécifiques comme le VIVANDO (metrafénone), l’APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difénoconazole) et le LUNA SENSATION (fluopyram + trifloxystrobine) qui ont montré une bonne efficacité en 2021. Le pathogène peut cependant rapidement développer des résistances, si l’on ne fait pas de rotation parmi les différents groupes de fongicides.
En production biologique, les résultats obtenus par l'Ohio State University en 2021, parmi les quelques biofongicides testés, montrent que le MILSTOP (bicarbonate de potassium) ainsi que le REGALIA MAXX (extrait de la plante Reynoutria sachalinensis) peuvent réprimer le pathogène.
Plusieurs fongicides ont été homologués contre le blanc ces dernières années. Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 26 avril 2023 pour voir tous les fongicides homologués contre cette maladie en production biologique ou conventionnelle.
SÉNESCENCE NATURELLE DU FEUILLAGE DANS LES CUCURBITACÉES DONT LES FRUITS MÛRISSENT
Le blanc et les autres maladies foliaires ne sont pas les seuls responsables de la sénescence du feuillage. Lorsque le fruit a atteint sa taille optimale et qu’il commence à mûrir, le feuillage meurt de façon naturelle, et ce, même si les traitements fongiques se poursuivent. C’est un processus physiologique normal, car à ce stade, le feuillage devient moins utile au développement du fruit. Le dépérissement avancé du feuillage indique que ces champs sont à prioriser pour la récolte.
Par ailleurs, dans la courge d’hiver destinée à l’entreposage, lorsque les pluies sont fréquentes et les rosées abondantes, comme c'est le cas cette année, on recommande la poursuite des traitements fongiques, même lorsque le feuillage est fortement tombé, et ce, jusqu’à une semaine avant la récolte afin de protéger les fruits des pathogènes.
LE MILDIOU SE DÉVELOPPE PEU
Le mildiou est généralement bien contrôlé. Pour ceux qui souhaitent récolter leurs champs de concombres ou de melons brodés pour encore plus d’une dizaine de jours, nous vous recommandons la poursuite des traitements phytosanitaires. Dès que la récolte d’un champ de concombres ou de melons brodés est complétée, celui-ci doit être détruit, car il peut devenir une source de contamination pour les autres champs.
RÉCOLTE ET CONSERVATION DES COURGES D'HIVER
Il peut être difficile de savoir quand commencer la récolte de la courge poivrée. Contrairement à la courge Butternut, qui à maturité prend une belle couleur chamois abricot, la courge poivrée atteint non seulement sa taille maximale dès la deuxième semaine suivant la pollinisation, mais elle prend aussi sa couleur définitive vert sombre. C’est donc dire que le risque de la récolter immature est grand. Un fruit récolté trop tôt aura de faibles taux de sucre et de matière sèche, ce qui le rendra nettement moins savoureux.
Deux observations peuvent nous aider à déterminer le bon moment pour récolter la courge poivrée. D'une part, la couleur de la courge au point de contact avec le sol est un bon indice visuel. En effet, si la zone de contact est de couleur jaune ou vert pâle, il faut attendre encore un peu. Lorsque la courge sera mature, cette zone prendra une couleur orangée.
La couleur orange au point de contact avec le sol est un bon indice de la maturité de la courge poivrée
Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
D'autre part, on peut aussi estimer le début de la récolte en comptant 50 jours à partir de la pollinisation (lorsque les fleurs mâles et femelles sont observées simultanément). Ce décompte est un très bon indicateur du moment de la récolte, autant pour les courges poivrées que pour la plupart des autres courges d’hiver et des citrouilles.
Pour ce qui est des courges kabocha et Buttercup, le bon moment pour commencer la récolte se situe à environ 40 jours après la pollinisation, puisque ces courges sont sensibles aux coups de soleil et ont tendance à brunir si on les récolte lorsque le feuillage est très sénescent.
(Source : Brent Loy, Department of Plant Biology, University of New Hampshire, Cucurbitaceae proceedings 2006)
Afin de minimiser tout risque d’infection, dès que la maturité des fruits est atteinte, il est important de sortir rapidement les fruits d’apparence saine des champs. Il faut idéalement attendre que les fruits soient secs avant de commencer la récolte, puisqu'en absence de pellicule d’eau, les champignons pathogènes ont moins de risque de se développer lors de l'entreposage.
La température d’entreposage optimale pour la courge d’hiver se situe entre 10 et 13 °C, avec une humidité relative de 50 à 70 %.
DESTRUCTION DES RÉSIDUS ET IMPLANTATION DE CULTURES DE COUVERTURE
Après la récolte de vos cultures ou l'abandon d'un champ, il est recommandé de déchiqueter et d’enfouir les résidus de culture. Cette opération accélère leur décomposition et réduit la survie des pathogènes qui sont sur ces résidus. Après destruction, il est aussi recommandé de couvrir les sols en semant des plantes de couverture (culture simple ou mélange de plusieurs espèces de plantes). L’implantation de cultures de couverture joue plusieurs rôles importants, dont la protection contre les érosions hydrique et éolienne. Cette pratique permet aussi d’accumuler les éléments nutritifs qui seraient autrement perdus par lessivage, dont l’azote, et d’accroître la biodiversité et l’activité biologique du sol. Les cultures de couverture jouent aussi un rôle dans la gestion des mauvaises herbes et la lutte contre les agents pathogènes du sol.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Louise Thériault, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.