Développement de la culture : défanage et sénescence naturelle des plants destinés à l’entreposage; récoltes de primeurs avec rendement et qualité variables. Maladies : progression variable du mildiou dans les régions déjà identifiées et présence nouvelle en Estrie; évolution plus rapide de la brûlure hâtive, du flétrissement verticillien et de la dartrose. Insectes et acariens : fin des interventions.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 25 au 31 août, la météo a été plutôt clémente, sauf vers la toute fin par endroits. Les températures se sont maintenues près ou un peu au-dessus de la moyenne de saison le jour, avec des nuits plus fraîches par moments, et ce, un peu partout en province (ex. : aussi bas que 3-4 °C dans des localités du Lac-Saint-Jean et du Témiscamingue), une situation plutôt typique de la fin août (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations ont été enregistrées principalement les 29 et/ou 30 août. Une perturbation a alors balayé tout le Québec, mais en y déversant des quantités variables en précipitations, plus dans des secteurs au sud du fleuve Saint-Laurent (ex. : 86 mm à Saint-Prosper-de-Beauce le 30 août) (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 1er au 7 septembre (selon Environnement Canada), des températures très estivales sont dans les prévisions, et ce, partout en province, avec un mercure dépassant même les 30 °C en plusieurs endroits. Des risques d’averses ne sont mentionnés qu’en toute fin de période.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La sénescence et/ou un dépérissement de plants pour des cultivars de mi-saison se sont amplifiés un peu partout en province, avec un défanage fait ou en cours selon le secteur. Pour des parcelles à récolte plus tardive, un bon développement foliaire est encore observé dans des parcelles de certaines régions, dont dans celles plus centrales. Mais, en général, la phase de sénescence ou de maturation est également bien amorcée dans ces champs. La présence de certaines maladies de sol ou de feuillage contribue à amplifier ce phénomène par endroits. Le remplissage des tubercules se poursuit à un rythme variable selon la santé du feuillage. Le défanage des pommes de terre destinées à l’entreposage à plus long terme s’est poursuivi dans des secteurs du sud et du centre de la province. Des producteurs retardent un peu le tout en l'absence de mildiou, afin de maximiser le calibre des tubercules, selon le marché visé. Un défanage dans des zones semencières a été fait ou se poursuit selon le cultivar et/ou la région. Les précipitations reçues en cours de période et la présence du mildiou en plusieurs endroits ont annulé la pratique de l’irrigation (sauf dans le Bas-Saint-Laurent). Des sols sont redevenus très humides par endroits, situation non désirée par des producteurs. Pour la primeur, les récoltes se poursuivent à un rythme variable selon le marché visé, avec des rendements et une qualité qui sont également variables. À noter qu'il y aurait de bons rendements mesurés pour le cultivar 'Colomba', et ce, un peu partout en province (500 à 600 quintaux/acre) ainsi que la présence de gale à une incidence plus élevée que prévu pour certains cultivars (ex. : 'Volare'). Pour les récoltes d’entreposage, les données sont encore trop sommaires pour se prononcer sur les rendements et la qualité à venir.
MALADIES
Mildiou de la pomme de terre
En date du 31 août 2023, le mildiou de la pomme de terre a progressé ou s’est stabilisé selon les rapports des collaborateurs des secteurs sud et centre de la province. La situation demeure préoccupante dans des secteurs du sud de la province en particulier. La présence du mildiou a été confirmée dans des parcelles en pomme de terre des régions agricoles suivantes :
- Entre le 25 juillet et le 24 août 2023 (par ordre d’apparition) : Mauricie, Montérégie, Lanaudière, Outaouais, Centre-du-Québec, Laurentides, Chaudière-Appalaches, Laval et Capitale-Nationale
- Nouvelle région (depuis le 25 août 2023) : Estrie
Un suivi intensif doit se maintenir pour les champs qui ne sont pas encore défanés. Même si très peu de précipitations sont dans les prévisions pour les sept prochains jours, une hygrométrie nocturne et matinale élevée (rosées) peut représenter des conditions favorables à la sporulation du champignon. La présence de vent par la suite aide à la dispersion des spores qui peuvent ainsi se déposer sur du nouveau feuillage et y germer. En présence de mildiou près de leurs parcelles en pomme de terre encore exemptes de mildiou, les producteurs devraient considérer à devancer la date prévue du défanage du champ (avec ajout d’un produit à base de cuivre) si le rendement est présentement satisfaisant.
Pour d’autres mesures à prendre en présence de mildiou, l’avertissement N° 15 du 25 août 2023, dans la section « Maladies », peut être consulté.
Voici un résumé de pratiques qui peuvent être mises en place en présence de mildiou (ou d’autres maladies potentiellement à risque) avant la récolte. Souvent, le mildiou ouvre la porte à des infections d’autres pathogènes (ex. : pourriture molle bactérienne, pourriture rose) :
- Recenser les champs problématiques et marquer à l’aide de drapeaux les endroits ou les zones à risque de maladies aux tubercules (ex. : présence de mildiou en cours de saison, accumulation en eau récurrente), avant le défanage, pour mieux les identifier par la suite.
- Défaner à fond les parcelles pour éliminer toute trace de « vert » (sur les tiges et les feuilles) qui pourrait héberger des spores de mildiou lors de la récolte.
- Allouer au moins de 2 à 3 semaines entre le défanage et la récolte, pour permettre un bon durcissement de l’épiderme des tubercules.
- Pour les parcelles considérées plus à risque, récolter le plus tard possible pour permettre une dégradation complète des tubercules atteints.
- Rejeter le plus possible de tubercules malades tout le long de la chaîne de récolte.
- Ne pas entreposer des tubercules en provenance d’une parcelle avec un niveau d'infestation de mildiou de modéré à élevé (ex. : foyers de dépérissement).
- Ne pas récolter par temps humide et chaud les champs à problème.
- Récolter des tubercules bien matures et limiter au maximum les blessures diverses lors des opérations de récolte (ex. : andainage, chargement, etc.). Des tests Hot Box peuvent aider.
- Bien ventiler lors de l’entrée en entrepôt pour faire sécher et limiter la formation de condensation sur les tubercules, en remplissant graduellement l’entrepôt.
- Faire un suivi serré en début d’entreposage.
- Pour un entreposage à moyen ou plus long terme, placer les tubercules de champs plus problématiques à un endroit avec une accessibilité possible et rapide (si mis en boîtes).
- Des traitements avant entreposage existent contre le mildiou.
Si vous suspectez la maladie dans un de vos champs, contactez votre conseiller agricole ou votre conseiller régional du MAPAQ afin de bien confirmer la présence du champignon, car il y a présentement plusieurs autres taches qui peuvent porter à confusion. Vous pouvez également envoyer des échantillons au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, le lien suivant montre en temps réel les captures de spores dans différentes provinces et États, là où un service est offert : Alerte Air.
Pour en savoir plus, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Le site Web USABlight rapporte seulement un nouveau cas dans la dernière semaine, à nouveau pour l’État de New York (États-Unis), juste plus au sud de notre province. Le génotype US-23 est celui identifié pour les cas analysés jusqu'à maintenant.
Autres maladies
Certaines maladies ont aussi progressé en cours de période à la suite de la sénescence des plants, combinée au temps parfois humide et/ou du fait de l’usage de produits de contrôle visant principalement le mildiou par endroits. C’est le cas de la brûlure hâtive (voir photo) de la dartrose et du flétrissement verticillien, et ce, un peu partout en province. L’intensité des symptômes demeure cependant variable d’une parcelle à l’autre. À cette période-ci de la saison, une intervention spécifique contre la brûlure hâtive relève du cas par cas, soit pour une parcelle plus à risque et qui ne serait pas défanée avant encore quelques semaines.
Des collaborateurs rapportent également une hausse de symptômes de la moisissure grise sur du feuillage et sur quelques tiges, ainsi que de la moisissure blanche principalement dans le fond d’allées de parcelles plus végétatives. L’impact de ces maladies serait limité.
Les cas de jambe noire déjà rapportés depuis le début de la saison ont peu progressé, mais les plants affectés sont plus visibles dans les champs à la suite de l’évasement et/ou du tassement des plants.
Plus de pourritures de tubercules sont mentionnées par des collaborateurs lors de la prise de rendements dans des champs plus à risque. Des analyses sont en cours.
INSECTES ET ACARIENS
En général, les collaborateurs rapportent peu d’activité du côté des principaux ravageurs suivis par le RAP, soit que le défanage des parcelles est bien entamé ou que leur pression est tout simplement faible.
Le doryphore de la pomme de terre (surtout les adultes) est présent dans plusieurs champs, mais la baisse de la photopériode réduit son activité et le défanage prochain dans certaines parcelles ne nécessite plus de contrôle.
L’activité des pucerons varie de faible à parfois modérée, avec seulement quelques interventions jugées nécessaires localement, dont dans le Bas-Saint-Laurent (champs plus verts, pour récolte tardive).
Le piégeage de la cicadelle de la pomme de terre s’est terminé cette semaine pour la grande majorité des collaborateurs en province. Les captures sont demeurées plutôt faibles en cours de période (moins de 10 individus/piège/semaine) pour les sites encore suivis.
Des symptômes associés au tétranyque à deux points sont signalés dans le secteur du Bas-Saint-Laurent, causant du dépérissement en foyers (voir photo). L’impact s’annonce limité étant donné le défanage prochain des parcelles touchées.
Le piégeage du psylle de la pomme de terre (sous la supervision du MAPAQ) est maintenant terminé pour cette année. Aucune capture n’est à rapporter.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.