Grandes cultures, Avertissement No 18, 25 août 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Grandes culturesSclérotiniose dans le soya en fin de saison : comment l'évaluer et quoi faire en cas d'infection. Jaunissement du soya en fin de saison. Mauvaises herbes résistantes au glyphosate : plusieurs cas rapportés dans les dernières semaines. Désherbage de fin de saison. Pensez aux céréales d'automne.
 

COMMENT ÉVALUER LA SCLÉROTINIOSE DANS LE SOYA EN FIN DE SAISON ET QUOI FAIRE EN CAS D'INFECTION
T. Copley1, Y. Faucher2, V. Samson2 et B. Duval2
1. Chercheuse (CÉROM)  2. Agronome (MAPAQ)

Les symptômes de la sclérotiniose sont observés actuellement dans certains champs de soya. Bien que cette maladie puisse causer des pertes de rendement, ce n’est pas toujours le cas, même quand elle est répandue au champ. Il est donc pertinent de bien évaluer la sévérité de la maladie dans un champ, soit de calculer le « DSI » (Disease severity index ou indice de sévérité de la maladie) afin de mieux comprendre si les seuils de dommages économiques ont été atteints. L’évaluation du DSI permet également de planifier les méthodes préventives à implanter pour des années subséquentes afin de réduire de futures pertes.

Voici comment calculer le DSI :
  • Choisir 5 à 10 stations de façon aléatoire au champ. Les stations devraient être représentatives de l’état général du champ et ne devraient pas se trouver uniquement dans des foyers symptomatiques.
  • Évaluer la sévérité de la maladie sur un minimum de 50 plantes par station, soit 25 plantes par rang. Compter le nombre de plantes dans chaque catégorie suivante :
    • 0- Aucun symptôme de la sclérotiniose;
    • 1- Maladie présente sur les branches latérales;
    • 2- Maladie présente sur la tige principale, mais les gousses sont saines et ne présentent pas de symptômes;
    • 3- Maladie présente sur la tige principale et les gousses sont atteintes ou plante symptomatique et flétrie ou plante morte.
  • Calculer le DSI selon la formule suivante :
Image Agri-Réseau
 
Le DSI peut aider à déterminer si le seuil de dommages économiques a été atteint, c’est-à-dire, si une application de fongicide foliaire aurait potentiellement été rentable. Le seuil de dommages économiques qui a été déterminé aux États-Unis est un DSI de 20 %. Au-delà de ce seuil, une application de fongicide est considérée comme rentable, tandis qu’entre 15 % et 20 %, la rentabilité est variable selon différents facteurs, surtout les coûts d’intrants, de main d’œuvre et le prix du soya. Dans ce cas, des essais de fongicides pourraient aider à déterminer le seuil de dommages économiques.

Voici quelques pratiques à considérer si des pertes sont observées à cause de la sclérotiniose du soya :
  • Faire une rotation de deux ou trois ans avec des cultures non-hôtes, comme le maïs ou, préférablement, les céréales. La densité de la canopée des céréales favorise la fructification des sclérotes, réduisant davantage la quantité d’inoculum au champ comparé aux rotations uniquement avec du maïs.
  • Semer un cultivar résistant. Le guide RGCQ permet de comparer les cultivars dans des tests standardisés. Autrement, certaines compagnies fournissent également leurs propres cotes.
  • Semer à 30 pouces ou au minimum 15 pouces et réduire les taux de semis (populations) pour permettre au sol de sécher. Une canopée dense (ou la fermeture de la canopée) favorise un sol humide et encourage le développement d’apothécies (champignons produisant les spores infectieuses). En augmentant l’écartement des rangs et en réduisant le taux de semis, le sol sèche davantage entre les averses, ce qui réduit les risques d’apparition des apothécies.
  • Éviter de surfertiliser le soya avec des engrais organiques. La surfertilisation crée souvent une canopée plus dense, favorisant un sol humide et l’apparition des apothécies.
  • L’efficacité du traitement fongicide dépend du moment d’application et de la qualité de l’application. Une application aux stades à risques (R1 à R3) et une bonne couverture du plant, celle qui atteint toutes les parties de la plante, surtout les fleurs, assure une meilleure efficacité de lutte. 
  • Les champs de soya en semis direct sont aussi souvent moins affectés par la pourriture à sclérotes. Les sclérotes laissés au sol sont plus susceptibles d’être détruites par le gel, les insectes ou les maladies. Aussi, le soya en semis direct démontre souvent un développement de biomasse aérienne inférieur au soya en champ travaillé. Cela permet de diminuer l’humidité entre les rangs de soya et de réduire les risques de développement de la maladie.

Afin de répertorier la présence de moisissure blanche et des dommages aux grandes cultures dans toutes les régions du Québec, le RAP invite les entreprises agricoles et leurs conseillers à signaler la présence de la maladie et si une application de fongicide a été faite à rapcerom@cerom.qc.ca.


JAUNISSEMENT DU SOYA EN FIN DE SAISON : NORMAL OU PAS?
Auteurs 2022 : M. Neau1, S. Brousseau-Trudel2, B. Duval2 et V. Samson2
1. CÉROM  2. Agronome (MAPAQ)
 
La sénescence du soya est observable à partir du stade R6 (grossissement des graines). Les feuilles du bas commencent à jaunir, brunir, puis tomber au sol. L’apparition de taches foliaires est souvent observée en même temps que le jaunissement. Dans ce contexte, le jaunissement des plants est un phénomène normal. Si le jaunissement et l’apparition de taches s’observent sur les premières feuilles du bas, avec une progression vers le haut, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Le jaunissement des feuilles peut toutefois être causé par un problème phytosanitaire. Si les feuilles du haut jaunissent en premier, il est probable qu’un phénomène autre que la sénescence soit en cause, comme une carence en potassium, une maladie, un coup de soleil ou un dommage d’ozone.

Pour en savoir davantage sur ces différents problèmes, consultez la fiche technique Jaunissement du soya en fin de saison : sénescence normale ou problème phytosanitaire?
 
Image Agri-Réseau

Champ de soya en sénescence : évolution normale du jaunissement des plants

Source : B. Duval, agr. (MAPAQ)



PLUSIEURS CAS DE MAUVAISES HERBES RÉSISTANTES AU GLYPHOSATE
RAPPORTÉS DANS LES DERNIÈRES SEMAINES

S. Mathieu1 S. Flores-Mejia2 et A. Picard1
1. Agronome (MAPAQ)  2. Chercheuse (CÉROM)  
 
De nouveaux foyers de mauvaises herbes résistantes au glyphosate ont été retrouvés dans la province au cours des dernières semaines. Par exemple, de l’amarante tuberculée résistante aux herbicides dont le glyphosate a été retrouvée dans les MRC suivantes : le Haut-Richelieu et les Jardins-de-Napierville (Montérégie), Le Granit (l’Estrie) et Mirabel (les Laurentides). Également, de la vergerette du Canada résistante au glyphosate a été retrouvée dans de nouveaux champs de la MRC du Beauharnois-Salaberry.

À cette période de l’année, les mauvaises herbes dépassent la canopée du soya, ce qui facilite leur dépistage.  Leur identification et le diagnostic des résistances sont primordiaux afin de planifier une stratégie de lutte adéquate pour les contrôler.  Pour savoir comment établir un diagnostic de résistance des mauvaises herbes et en apprendre davantage sur les méthodes diagnostic de résistance, consultez l’avertissement Dépistage des mauvaises herbes et détection de la résistance ainsi que votre trousse Résistance des mauvaises herbes pour 2023.


DÉSHERBAGE DE FIN DE SAISON
S. Mathieu1, V. Samson1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)

La fin de la saison culturale est une bonne période pour réprimer efficacement les mauvaises herbes vivaces (pissenlit, plantain, etc.), les annuelles hivernantes (bourse-à-pasteur, vergerette du Canada, etc.) et les bisannuelles (armoise bisannuelle, petite bardane, etc.). Un dépistage doit d’abord être réalisé afin d’établir la ou les meilleures stratégies de lutte intégrée. Il permet de déterminer la nécessité d’intervenir ou non en prérécolte ou en postrécolte. Il permet aussi de déceler d’éventuelles résistances aux herbicides. En cas de doute, des échantillons peuvent être acheminés au LEDP.

Stratégies de lutte

Travail de sol
L’identification et l’observation du système racinaire des mauvaises herbes permettent, par exemple, de choisir le bon équipement et d’ajuster la profondeur du travail de sol en fonction des mauvaises herbes à réprimer. La fiche du CETAB+ Répression du laiteron des champs, du chardon des champs et du tussilage fournit de l’information à cet effet pour ces espèces souvent problématiques.

Régie
Les cultures de couverture sont aussi un bon moyen de couvrir les sols et de compétitionner les mauvaises herbes de fin de saison. De l’aide financière est disponible via le volet cultures de couverture du projet AgriSolutions climat.  Pour plus d’information, visitez le site Web des Producteurs de grains du Québec. Également, le guide des Cultures de couverture en grandes cultures du CRAAQ contient, entre autres, de l’information sur les caractéristiques des différentes espèces de cultures de couverture ainsi que sur les méthodes d’établissement et de gestion. La page Facebook Cultures de couverture Québec est aussi une source d’informations et d’échanges très intéressante. L’outil Cultivert dans l’App Store (apple.com) est un outil d’aide à la décision qui a été développé afin de vous aider dans le choix de vos cultures de couverture (CC).

Herbicides
L’efficacité des herbicides est augmentée à cette période de l’année, car la surface foliaire des mauvaises herbes est plus importante et la translocation des hydrates de carbone vers les racines leur permet d’atteindre ces parties de la plante. Les mauvaises herbes doivent cependant être en croissance active et ne pas avoir été affectées par un gel mortel, par le travail du sol ou par d'autres stress comme la sécheresse. Si la répartition des adventices est en foyers, les traitements localisés peuvent être un moyen efficace de diminuer l’usage des pesticides. 
 
Pour plus d’information :
  • Fiche technique Le dépistage des mauvaises herbes et le désherbage de fin de saison.
  • Quelques informations sur des mauvaises herbes problématiques dans les fiches techniques Morelle noire de l’Est, Armoise bisannuelle et Amarante tuberculée.
  • Service de détection de la résistance des mauvaises herbes du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.


PENSEZ  AUX CÉRÉALES D'AUTOMNE
S. Mathieu1, V. Samson1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
 
Malgré que les récoltes de céréales de printemps ne soient pas encore terminées, la période pour les semis de céréales d’automne approche à grand pas. Les cultures d’automne génèrent de nombreux bénéfices agronomiques, économiques et environnementaux lorsqu’intégrées dans la rotation. La fiche technique Pensez aux céréales d’automne présente les points à considérer avant de semer une céréale d’automne pour maximiser la réussite de l’établissement et de la survie hivernale.

Les prochaines semaines pourraient également être propices au développement de certains ravageurs des céréales d’automne, dont la tipule des prairies et la noctuelle fiancée. Une attention particulière doit donc être portée dans les champs en semis direct et dans ceux ayant déjà eu un historique d’infestation.
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
Image Agri-Réseau