Bonne croissance en général. Maladies : activité du mildiou dans différentes régions (la vigilance s’impose) et poursuite de conditions très favorables au champignon; progression graduelle de la brûlure hâtive dans le sud de la province selon le cultivar et l’état des plants; évolution généralement à la hausse d’autres pathogènes. Insectes et acariens : doryphores adultes plus actifs, cicadelle de la pomme de terre à suivre localement, pucerons et altises à surveiller.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 28 juillet au 3 août, des conditions humides ont été observées à nouveau dans les régions du sud et du centre de la province, mais avec quelques journées plus sèches par moments. Ailleurs en province, les conditions sont demeurées moins humides en général. La température a été chaude le 28 juillet pour chuter et demeurer à des valeurs sous les moyennes de saison à partir du 29 juillet, partout en province. Des nuits fraîches (sous les 8 °C) ont été enregistrées en plusieurs endroits (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations se sont poursuivies en particulier dans les secteurs du sud et du centre. Les cumuls ont été à nouveau variables selon la journée et la localité, avec plus d’intensité les 28 juillet et/ou 3 août (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 4 au 10 août (selon Environnement Canada), des températures près ou un peu sous les moyennes de saison sont prévues, avec des risques de précipitations assez élevés, principalement le 4 août, puis du 8 au 10 août.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Le temps moins chaud et généralement humide a permis la poursuite d’une bonne croissance de la culture un peu partout en province, avec abstraction des parcelles touchées par les fortes pluies de juillet où du jaunissement de plants est entre autres observé. Une bonne biomasse foliaire est présente dans plusieurs parcelles, quoique la pousse végétative s’est plutôt stabilisée par endroits. Le remplissage des tubercules se fait bien et progressivement. La période de floraison tire généralement à sa fin dans des secteurs du sud, mais continue à s’étirer ailleurs, pour certains cultivars. Dans les secteurs qui ont reçu moins de précipitations en juillet (ex. : Bas-Saint-Laurent), l’irrigation se poursuit, ou a débuté, pour les producteurs pouvant le faire. Il y a encore des cas rapportés de lenticelles ouvertes sur des tubercules ainsi que dans le bas de la tige située dans le sol, en lien avec un sol humide sur une longue période. L’accès à des parcelles demeure toujours difficile par endroits (secteurs du sud), ce qui peut compliquer certains chantiers, comme des récoltes et/ou des pulvérisations (voir photo). Les récoltes se poursuivent dans les secteurs du sud et aussi par endroits du centre de la province, avec des rendements améliorés, accompagnés d’une bonne demande.
MALADIES
En date du 3 août 2023, la présence du mildiou de la pomme de terre a été confirmée dans des parcelles en pommes de terre de 4 régions (Mauricie, Montérégie, Lanaudière et Outaouais) et dans une une parcelle en tomates dans les Laurentides. Donc, il y a eu progression depuis l’alerte du 26 juillet dernier.
Pour les mesures à prendre en présence de mildiou, il faut consulter l’avertissement N° 11 dans la section Maladies. Il demeure important de poursuivre un dépistage serré de tous les champs par des visites régulières afin d’y détecter toute tache suspecte, et ce, jusqu’au défanage complet. En cas de doute, il est encouragé d'envoyer un échantillon pour identification au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) ou demander l'assistance de votre conseiller agricole.
Comme pour les semaines précédentes, les risques de développement et de sporulation du champignon demeurent élevés dans plusieurs régions de la province (selon le modèle prévisionnel MILÉOS). En effet, en plus des précipitations, les nuits plus fraîches amènent souvent la formation d’une longue période de mouillure du feuillage. Le passage d’orages d’ouest en est favorise également la dispersion des spores.
Une protection adéquate et raisonnée des champs est essentielle, et ce, partout en province, en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, le lien suivant montre les captures de spores dans différentes provinces et États : Alerte Air.
Pour en savoir plus, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Le site Web USABlight rapporte un nouveau cas dans la dernière semaine, soit dans l’État de New York, donc près du Québec. Pour le cas découvert en Ontario, le génotype identifié est le US-23.
La brûlure hâtive est rapportée dans davantage de parcelles de certaines régions, mais avec une incidence variable. Pour des secteurs plus au sud de la province, elle est plus active avec la présence de taches dans l’étage médian de plants en sénescence et/ou pour certains cultivars. Ailleurs en province, des plants plus en santé limitent présentement son développement, on note même son absence dans plusieurs parcelles.
Des symptômes associés à la dartrose sont rapportés à la hausse localement dans le sud et le centre, surtout en terrains plus légers et dans des champs en phase de maturation. Une fois identifiée dans un champ, la dartrose est difficilement contrôlable en cours de saison. Une hausse significative de l’activité du flétrissement verticillien est rapportée dans des parcelles de plusieurs régions.
Lors du dépistage des champs pour vérifier la présence du mildiou, des collaborateurs des secteurs du sud et du centre rapportent la présence de certaines autres maladies sous la canopée. On peut mentionner la jambe noire sur des tiges (en progression plutôt légère), ainsi que la moisissure grise (ne pas confondre avec le mildiou), la moisissure blanche et des symptômes associés à Alternaria alternata sur le feuillage du bas des plants ou dans le fonds des allées de parcelles plus végétatives. Les conditions très humides sur une longue période expliquent l'activité généralement à la hausse de ces maladies, mais le tout est encore rapporté sous contrôle.
Finalement, des pourritures de tubercules sont observées dans des zones très humides de parcelles. Un suivi est en cours pour en évaluer la nature et l’étendue.
INSECTES ET ACARIENS
En général, l’activité du doryphore de la pomme de terre a diminué selon les rapports des collaborateurs, à la suite d’un contrôle ou non, mais elle persiste par endroits. Des larves de la 1re génération se mélangent avec des adultes de la 2e génération. Ces adultes se concentrent surtout en bordures de champs et un contrôle, seulement si nécessaire, pourrait être réalisé localement en lien avec la date du défanage prévu et la quantité de biomasse foliaire en présence.
Les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) ont augmenté par endroits, mais pas partout, et plutôt légèrement selon le suivi effectué par des collaborateurs. Les décomptes demeurent encore sous le seuil de nuisibilité retenu, sauf très localement où des populations plus élevées sont rapportées (ex. : près d’une prairie en coupe ou pour une parcelle de pomme de terre sans usage d’un insecticide du groupe 4A au semis), comme dans la Capitale-Nationale et en Montérégie. Une faible activité nymphale et quelques symptômes foliaires associés à leur présence sont aussi signalés dans ces derniers cas.
Tout comme la CPT, l’activité des pucerons a augmenté localement en parcelles commerciales, mais encore à un faible niveau, avec peu de colonies rapportées. Quelques interventions localisées ont été nécessaires contre des altises à tête rouge (ex. : Mauricie, Capitale-Nationale), mais pour des sites avec un historique connu de dommages. Des adultes de la punaise terne sont observés un peu partout en province, mais sous le seuil de nuisibilité retenu.
Aucun cas de tétranyques n’a encore été signalé depuis le début de la saison et aucune capture du psylle de la pomme de terre n’a eu lieu dans le cadre des activités de piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
Avant de déclencher une intervention, et particulièrement cette année, il faut bien évaluer l’impact du ou des ravageurs en présence sur la culture, en lien avec la bonne biomasse foliaire qui peut supporter plus de pression de certains insectes.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.