Plusieurs cas de mildiou répertoriés dans le concombre de serre et situation à surveiller dans le basilic et la tomate de serre.
CAS DE MILDIOU DÉTECTÉS ET CULTURES À SURVEILLER
Les conditions climatiques des dernières semaines favorisent l’émergence de multiples maladies fongiques. Parmi les plus dévastatrices, on compte le mildiou. Même si le nom commun de la maladie est le même pour plusieurs cultures, c’est un champignon différent qui est responsable des dommages dans les différentes cultures.
Plusieurs cas de mildiou du concombre ont été recensés dans les dernières semaines, autant en champs qu'en serre. Dans cette culture, c’est le champignon Pseudoperonospora cubensis qui en est la cause. C’est un parasite obligatoire qui n’affecte que les cucurbitacées et dont les premières attaques sont causées par des spores qui arrivent par les vents du sud. Il peut causer des pertes importantes en très peu de temps et se disperse facilement dans la serre par les courants d’air, l’eau, les insectes, les travailleurs et les outils. Une détection précoce et une intervention rapide est primordiale pour éviter des pertes de rendement importantes. Les symptômes débutent initialement par des taches jaunes et angulaires, qui deviennent brunes. Sur la face inférieure des feuilles, les taches sont brunes et se couvrent de sporanges, leur donnant une teinte brun-violacé. Les infections débutent toujours sur les vieilles feuilles et progressent vers les jeunes feuilles.
Pour contrer le mildiou, il faut maintenir la température élevée et l’humidité relative basse. La présence d’eau sur les feuilles durant plus de deux heures est essentielle pour que l’infection puisse avoir lieu. Il faut donc éviter l’arrosage par aspersion et la brumisation dans la journée et assurer une bonne aération entre les plants. Il est pratique courante en régie biologique de retirer le feuillage affecté, de déshumidifier agressivement et de traiter la culture avec un produit à base de cuivre pour tenter de sauver la culture. De nombreux fongicides biologiques et conventionnels sont disponibles pour lutter contre cette maladie. Il est possible de vérifier quels sont les produits homologués contre le mildiou dans le concombre cultivé en serre grâce à cet outil ou grâce au site Web de SAgE pesticides.
Pour en savoir plus :
- Page IRIIS phytoprotection
Quant au mildiou du basilic, c’est le champignon Peronospora belbahrii qui en est la cause. Il s'installe normalement au Québec autour de la mi-août, alors parions qu’il ne saurait tarder. Le symptôme principal pour reconnaître la maladie est le jaunissement des cotylédons. Pour les plants plus âgés, ce sont les feuilles médianes et basales qui présentent des jaunissements, alors que les feuilles plus jeunes de la partie supérieure du plant sont généralement peu affectées. Sous les cotylédons et les feuilles, un duvet gris foncé à noir apparaît lorsque l’environnement est très humide. La progression de la maladie est fulgurante. Dans une période de 48 heures, elle peut rapidement affecter toute la culture.
La stratégie préventive rapportée la plus efficace à ce jour consiste à réaliser des périodes de déshumidification au minimum aux 4 heures. Pour ce faire, il faut démarrer le chauffage pendant un minimum de temps, et ce, peu importe la température observée, tout en ventilant la serre. Le résultat sera une baisse de l'hygrométrie pendant ces périodes. Ceci contrera le mildiou du basilic, qui nécessite de courtes périodes d'humidité élevée pour proliférer. De nombreux fongicides conventionnels sont disponibles pour lutter contre cette maladie. Il est possible de vérifier quels sont les produits homologués contre le mildiou dans le basilic cultivé en serre grâce à cet outil. Des cultivars tolérants sont également disponibles et devraient être privilégiés.
Pour en savoir plus :
- Bulletin d’information sur le mildiou du basilic cultivé en serre
Enfin, c’est Phytophtora infestans qui cause le mildiou de la tomate en serre. Toutes les parties aériennes d’un plant de tomate peuvent présenter des symptômes. Sur les feuilles, des taches se développent à partir de l’extrémité ou de la marge des folioles. Ces taches, d’un aspect humide, ont une couleur vert pâle ou brune. Sous des conditions humides, les taches progressent pour former des plages irrégulières brunes. Ces brûlures sont souvent bordées d’un halo vert pâle. Toutes les folioles d’une feuille viennent à flétrir et à brûler entièrement. Lorsque les conditions sont favorables, le champignon apparaît à la face inférieure des folioles affectées, sous la forme d’un anneau blanchâtre au pourtour des taches et des brûlures. Sur la tige et les pétioles, des chancres brun foncé peuvent apparaître. Les dommages sur les fruits se caractérisent par des plages irrégulières brunes ayant un aspect bronzé et luisant. Les fruits affectés ont souvent un aspect bosselé. La pourriture causée par le mildiou est ferme.
Au Québec, les cultures de tomate de serre sont habituellement infectées à la fin du mois d’août. Les spores peuvent vraisemblablement être dispersées sur des dizaines de kilomètres. Lorsque les spores sont parvenues sur les feuilles de tomate en serre, la présence d’eau demeure un prérequis essentiel pour leur germination. Une fois l’infection initiée, le développement de la maladie est favorisé par des nuits froides (10 à 15 °C) et des journées modérément chaudes (21 à 26 °C) jumelées à une humidité relative élevée (90 % et plus). Si les conditions optimales sont réunies pour une expansion rapide de la maladie, une culture de tomate en serre peut être entièrement détruite en 3 ou 4 jours.
Comme pour les autres maladies fongiques décrites précédemment, la stratégie préventive la plus efficace consiste à réaliser des périodes de déshumidification au minimum aux 4 heures. De nombreux fongicides biologiques et conventionnels sont disponibles pour lutter contre cette maladie. Il est possible de vérifier quels sont les produits homologués contre le mildiou dans la tomate cultivée en serre grâce à cet outil ou grâce au site Web de SAgE pesticides.
Pour en savoir plus :
- Page IRIIS phytoprotection
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Philippe-Antoine Taillon, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Cultures maraîchères en serre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marie-Eve Bérubé, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.