Sujets phytosanitaires de l’heure : mildiou et doryphore. Développement généralement bon de la culture. Sols trop humides en plusieurs endroits. Insectes : le doryphore demeure actif dans plusieurs régions; faibles populations de cicadelle de la pomme de terre; un peu plus d’altises et de punaises ternes. Maladies : aucun cas de mildiou au Québec, mais poursuite de conditions très favorables; progression constante de la brûlure hâtive dans le sud de la province; cas de jambe noire en légère hausse. Vitrines à moindres risques.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 14 au 20 juillet, le temps humide s’est poursuivi, avec un peu moins d’intensité que la période précédente. Les températures se sont maintenues près des moyennes de saison ou un peu au-dessus pour des secteurs du sud et du centre. Le mercure a atteint ou dépassé la barrière du 30 °C plus au nord seulement (ex. : Saint-Charles-de-Bourget au Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec 31 °C) (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été plus « raisonnables » en cours de période, en faisant abstraction des bonnes quantités tombées le 13 juillet par endroits, dont à nouveau dans le secteur de Lanaudière. Des averses et orages sont passés plus intensément sur le secteur ouest de la région de la Capitale-Nationale le 16 juillet déversant de 30 à 60 mm par endroits (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 21 au 27 juillet, selon Environnement Canada, une perturbation passera sur l’ensemble de la province de vendredi à dimanche selon la région, donnant des cumuls significatifs dans des secteurs du sud et du centre de la province. Par la suite, du beau temps est mentionné à partir de dimanche ou lundi selon la région (sauf pour mardi), avec des températures plutôt chaudes.
Considérant les conditions actuelles propices aux maladies, veuillez vous assurer que les prévisions météo et l’état du sol soient adéquats avant d’intervenir.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La croissance des plants demeure bonne, mais toujours variable. On rapporte un bon développement dans des régions plus à l’est et au nord avec un feuillage sain, mais c’est encore difficile dans des secteurs du sud de la province pour des parcelles qui ont reçu des excès en précipitation ces dernières semaines. Plusieurs cas d’asphyxie racinaire sont rapportés, entre autres. Pour des secteurs qui ont reçu des précipitations importantes plus récemment (ex. : régions du centre), des collaborateurs commencent à y observer des défauts de croissance (ex. : décoloration du feuillage et dépérissement de plants dans les zones avec des accumulations en eau). Des cas de fissures de croissance sont rapportés par endroits (voir photos). Malgré cela, la tubérisation et le remplissage des tubercules se font bien, mais de manière graduelle. La plupart des parcelles suivies par les collaborateurs sont en pleine floraison (pour l’entreposage) ou en début sénescence (pour la primeur) dans les régions plus au sud et au centre, et surtout en floraison ou début floraison dans celles plus au nord et à l’est. Des conditions de sols encore bien humides continuent à compliquer l’entrée dans des champs en plusieurs endroits pour y effectuer certains chantiers (ex. : renchaussage, pulvérisations, récoltes), même si la situation s’est améliorée par endroits à la suite de quelques journées plus sèches. Des collaborateurs rapportent une hausse notable de la pression de certaines mauvaises herbes dans des parcelles. Évidemment, la pratique de l’irrigation est en mode pause partout. Les récoltes de primeurs se sont intensifiées dans le sud de la province avec des rendements rapportés comme plutôt moyens pour le moment.
MALADIES
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec, et ce, depuis le début de la saison. Comme pour la semaine précédente, les risques de développement et de sporulation du champignon ont été élevés en cours de période dans plusieurs régions de la province, selon le modèle prévisionnel MILÉOS. Ces risques devraient se prolonger à nouveau avec les averses ou orages prévus au cours des prochains jours. On rappelle que même si les précipitations ont été ou seront moins importantes par endroits, des conditions d’humidité élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, hygrométrie de l’air supérieure à 89 % la nuit sur une certaine période) favorisent le développement du champignon. Le choix du produit de contrôle doit se faire minutieusement pour assurer une protection complète de la culture considérant la météo, entre autres. Le dépistage au champ doit se poursuivre partout par des visites régulières pour y détecter toutes traces de la maladie. Le site Web USABlight rapporte un 1er cas de mildiou (dans la pomme de terre), et ce, en Ontario, dans la région de Simcoe; le rapport date du 17 juillet dernier. Le génotype en présence reste à identifier. Du côté des spores de la maladie capturées dans le secteur nord-ouest du Nouveau-Brunswick au cours de la période précédente, on ne mentionne aucune évolution. Au Québec, il y aurait eu des captures ponctuelles de spores chez un producteur. Si vous suspectez la présence du mildiou dans votre région, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre.
Les symptômes reliés à l’activité de la brûlure hâtive (tache alternarienne) ont continué à progresser, mais de manière variable dans des champs de régions du sud de la province, mais moins ailleurs. Ce sont toujours des cultivars reconnus comme plus sensibles qui sont affectés et généralement à un stade plus avancé de leur développement. Une intervention avec un produit considéré comme plus spécifique contre cette maladie est le plus souvent nécessaire si des premiers signes de la maladie sont repérés dans l’étage médian des plants.
Les collaborateurs ne rapportent pas de nouveaux cas de dartrose en cours de période. Cela peut paraître surprenant avec les conditions météo en cours, mais il est possible que des symptômes se confondent avec d’autres maladies ou désordres.
De nouveaux cas de jambe noire sont signalés par des collaborateurs d’un peu partout en province, à intensité variable, le tout en lien avec les conditions météo qui sont favorables à son développement.
Des débuts de symptômes reliés à l’activité de la moisissure grise sont observés dans des parcelles des régions du centre et du sud, mais pas encore du côté de la moisissure blanche. Une forte biomasse foliaire contribue au développement de ces maladies fongiques en créant un microclimat très humide. Des symptômes de ces maladies peuvent donc être observés sur des feuilles en contact avec le sol ou sur le feuillage lorsque la chute des fleurs cause de la pourriture en se décomposant.
INSECTES
Le temps généralement chaud et humide continue à être favorable au doryphore de la pomme de terre avec la présence de divers stades larvaires dans des champs de plusieurs régions. Cette activité larvaire demeure cependant variable selon la parcelle. Donc, la nécessité d’une intervention ou non doit être déterminée selon le dépistage et en lien avec l’intensité de la pousse végétative. L’efficacité des dernières interventions phytosanitaires est rapportée comme très bonne, sauf localement où des conditions météo trop humides après un traitement ont pu réduire la rémanence du produit utilisé. Un début d’activité d’adultes estivaux est mentionné dans des parcelles du sud de la province, principalement dans les rangs de bordures. Cela est parfois en lien avec une possible migration en provenance de champs en rotation tout près (volontaires de pomme de terre). Ces adultes sont à surveiller, car ils peuvent causer une défoliation rapide des plants.
Contrairement au doryphore, l’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeure encore faible depuis le début de la saison. Pour la dernière période, les données de captures des adultes sur les pièges collants en provenance de collaborateurs indiquaient des valeurs sous 12 adultes/piège/semaine et même beaucoup moins pour des secteurs plus à l’est et au nord. C’est donc une activité moindre que les 3 dernières saisons, pour le moment. Avec la venue éventuelle de temps chaud et plus sec (combiné à des coupes de foin selon la région), la vigilance demeure. On rapporte encore une faible activité nymphale dans des parcelles en régie biologique, sans symptômes apparents sur le feuillage des plants.
Parmi les autres ravageurs, les altises à tête rouge causent un peu plus de dommages foliaires par endroits (voir photo), principalement en bordure de parcelles et pour des sites avec un historique d’activité. Le tout est en suivi et un contrôle, si nécessaire, est le plus souvent réalisé en visant aussi d’autres ravageurs. Les adultes de la punaise terne sont plus actifs dans la tête de plants, mais avec très peu de dommages d'alimentation. Les interventions contre les pucerons en zones semencières se poursuivent, avec des populations généralement peu élevées. Un contrôle des larves de la pyrale du maïs est en cours dans des parcelles de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, selon le dépistage réalisé. Ailleurs en province, la présence de ce ravageur n’est rapportée que dans le secteur du Bas-Saint-Laurent et à une faible incidence présentement. Aucun cas relié à la présence de tétranyques n’a encore été signalé depuis le début de la saison. Aucune capture du psylle de la pomme de terre n’a eu lieu dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
PROJET DE RÉGIE À MOINDRES RISQUES DANS LA POMME DE TERRE
Dans le but de réduire les risques associés à l’utilisation des pesticides, un projet de démonstration de l’implantation d’une régie à moindres risques faisant appel à la gestion intégrée des ennemis des cultures a débuté en 2019. Ce projet a été récemment bonifié et se déroule à la ferme chez 11 producteurs dans les régions de Lanaudière, Montérégie, Témiscamingue, Mauricie, Centre-du-Québec, Capitale-Nationale (Portneuf et Île-d’Orléans), Chaudière-Appalaches, Outaouais et Bas-Saint-Laurent. Le projet se poursuit cette saison sous la supervision du Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL), en collaboration avec les producteurs et conseillers de clubs et du MAPAQ de chacune des régions participantes. Comme mentionné dans de précédents avertissements, des visites/journées champêtres ont été organisées le 13 juillet dans le Centre-du-Québec et le 20 juillet dans Lanaudière. Le 30 août, ce sera au tour de la région du Témiscamingue. Le déroulement et le programme des rencontres sont diffusés par Les Producteurs de pomme de terre du Québec (PPTQ). Les résultats de la saison 2023 de l’ensemble des sites seront communiqués au courant de l’automne et de l’hiver 2024. Pour plus d’information, vous pouvez contacter Sébastien Martinez du CIEL (s.martinez@ciel-cvp.ca).
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.