Cucurbitacées, Avertissement No 6, 5 juillet 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Quelques nouveaux cas de mildiou dans le concombre en Montérégie. Première apparition du blanc dans les courges et concombres. Excès d’eau par endroits : asphyxie racinaire et risque de Phytophthora capsici. Foyers de puceron du melon dans le melon d’eau. Papillons du perceur de la courge actifs dans plusieurs régions.
  

ÉTAT DES CULTURES
 
Pour la période du 28 juin au 4 juillet, le temps a encore été très chaud et humide, provoquant beaucoup d'instabilité avec des averses et orages fréquents par endroits. Des secteurs ont trop de pluie, comme c'est le cas dans certaines municipalités des Laurentides, de Lanaudière et de la Montérégie alors que d'autres en auraient pris davantage, car des stress hydriques sont visibles dans le jour. La croissance des cucurbitacées est cependant généralement bonne là où les précipitations sont présentes sans excès. Les récoltes de concombres et de courgettes se poursuivent dans plusieurs régions. On signale quelques cas de mauvaise pollinisation dans les courgettes à cause des précipitations fréquentes.
  
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions. 

 
QUELQUES NOUVEAUX CAS DE MILDIOU EN MONTÉRÉGIE
 
Depuis une semaine, des foyers de mildiou sont apparus dans de nouveaux secteurs de la Montérégie, dans le concombre frais. Le mildiou est également signalé depuis le 4 juillet, en Ontario, dans le comté de Kent. Avec la poursuite du temps instable, il est fortement conseillé de renouveler les applications de fongicides antimildiou tous les 7 jours.

Pour connaître la stratégie de traitement pour les concombres frais, de transformation et pour le melon brodé, consultez le bulletin d'information N° 3 du 27 juin 2023.

 
PREMIERS SIGNALEMENTS DU BLANC DANS LE CONCOMBRE ET LES COURGES D'HIVER

Les premières taches de blanc (Podosphaera xanthii) ont été dépistées dans les Laurentides, il y a une dizaine de jours dans le concombre et dans des courges d'hiver. En Montérégie et dans Lanaudière, les premières traces ont été dépistées cette semaine dans la courge d'hiver.


Stratégies de traitement contre le blanc

Pour les zucchinis, les courgettes et les concombres
Dès que la récolte est terminée, détruisez les vieux plants pour qu’ils ne deviennent pas une source de contamination pour les champs plus jeunes ou pour les autres cucurbitacées. Dans les autres semis, commencez les traitements dès l’apparition des premiers symptômes.

Pour les autres cucurbitacées
Selon les résultats d’essais d’efficacité menés par l’Université Ohio en 2021, il est suggéré de commencer les pulvérisations contre le blanc dès l’apparition des premiers symptômes. Commencez les traitements avec des fongicides à sites d’actions spécifiques comme le VIVANDO (metrafénone), l’APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difénoconazole), le LUNA SENSATION (fluopyram + trifloxystrobine) qui ont montré une bonne efficacité en 2021. Le pathogène peut cependant rapidement développer des résistances, si l’on ne fait pas de rotation parmi les différents groupes chimiques des fongicides.

En production biologique, les résultats obtenus par l'Université Ohio en 2021, parmi les quelques biofongicides testés, montrent que le MILSTOP (bicarbonate de potassium) ainsi que le REGALIA MAXX (extrait de la plante Reynoutria sachalinensis) peuvent réprimer le pathogène.
 
En conformité avec plusieurs études ontariennes et américaines, le CABRIO EG (pyraclostrobine) a perdu de son efficacité contre le blanc. Cependant, il peut toutefois supprimer les autres maladies telles que la tache alternarienne, la pourriture noire et l’anthracnose. Plusieurs fongicides ont été homologués contre le blanc ces dernières années. Vous pouvez consulter le bulletin d’information N° 1 du 26 avril 2023 pour voir tous les fongicides homologués contre cette maladie en production biologique et conventionnelle.

 

PRÉVENIR LES PERTES CAUSÉES PAR PHYTOPHTHORA CAPSICI


Le temps chaud et les précipitations parfois abondantes que nous subissons actuellement sont propices à l’apparition du Phytophthora capsici. Les premiers foyers apparaissent souvent dans les secteurs mal égouttés où des signes d'asphyxie racinaire peuvent être visibles. Bien que très difficile à contrôler, l’application de fongicides AVANT l’apparition de la maladie dans les champs à risque qui ont un historique de maladie peut aider à freiner le développement de l'agent pathogène. Les fongicides suivants ont démontré une capacité à freiner le développement de la maladie, lorsqu'appliqués préventivement : ORONDIS ULTRA, ZAMPRO, PRESIDIO et REVUS.


Si Phytophthora capsici est présent dans vos champs
Dans la mesure du possible, lors de vos opérations, visitez d'abord les champs sains pour terminer par les champs contaminés. Sinon, lavez bien vos tracteurs et récolteuses lorsque vous devez passer d’un champ contaminé à un champ sain, car Phytophthora capsici peut se transmettre d’un champ à l’autre par les particules de sol qui restent collées sur les roues du tracteur.



LES TACHES FOLIAIRES SONT STABLES

La tache angulaire (Pseudomonas syringae) et la tache alternarienne (Alternaria alternata) ont peu évolué cette semaine et on les retrouve surtout sur les feuilles du bas.

 

PRÉSENCE DE QUELQUES FOYERS DE PUCERONS DANS LES MELONS
 

On signale la présence de foyers de pucerons, probablement le puceron du melon (Aphis gossypii), dans des champs de melons d'eau en Montérégie. Ces pucerons, contrairement au puceron du soya, peuvent former des colonies et se multiplier rapidement sur les cucurbitacées, en l'absence de prédateurs.

Le temps humide est cependant peu propice pour les pucerons qui peuvent être attaqués par des champignons entomopathogènes. Ces champignons microscopiques infectent les pucerons en pénétrant la cuticule de l'insecte. Les spores du champignon germent sur le puceron et on peut observer des filaments du mycélium se développer à l'extérieur du puceron, leur donnant une apparence « duveteuse ». C'était d'ailleurs le cas dans les foyers dépistés cette semaine. 

Lorsque les conditions leur sont favorables, les pucerons prélèvent la sève des plants. En grand nombre, le puceron du melon peut provoquer l’apparition de plants rabougris, de feuilles tordues et ultimement, des baisses de rendement. Les feuilles se couvrent de miellat excrété par les pucerons. Ce miellat est par la suite colonisé par un champignon, la fumagine, qui forme une croûte noire sur le feuillage, bloquant le processus de la photosynthèse.
 
Image Agri-Réseau

Ancien foyer de pucerons du melon, dans du melon d'eau, causant la déformation des feuilles et un plant rabougri

Isabelle Couture, agr. (MAPAQ), 4 juillet 2023



Stratégie d’intervention et recommandation de traitements contre les colonies de pucerons
D’après la référence « Pumpkin Production Guide », de l’Université de Cornell (New York), on doit dépister 10 plants dans 5 sites différents (10 plants/site X 5 sites). On dénombre la quantité totale de feuilles et la quantité de feuilles qui ont 5 pucerons et plus. Si l’on compte plus de 20 % des feuilles portant une colonie de 5 pucerons et plus, il est alors approprié de traiter. Toutefois, si des prédateurs naturels (coccinelles, syrphes, cécidomyies, chrysopes, parasitoïdes, etc.) sont présents de façon importante, on doit reporter la décision de traiter au prochain dépistage.

Puisque les pucerons se tiennent sous les feuilles, il est indispensable d’utiliser un volume d’eau important afin d’assurer une bonne couverture du feuillage par l’insecticide (minimum de 375 litres d’eau/ha).

Le bulletin d’information N° 1 du 26 avril 2023 vous fournira la liste des insecticides recommandés contre les pucerons.

Pour connaître d'autres seuils d'intervention, consultez le Recueil d’intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères.

 
PAPILLONS DU PERCEUR DE LA COURGE EN VOL DANS PLUSIEURS RÉGIONS 
 
Le papillon du perceur de la courge (Melittia cucurbitae) est signalé en Montérégie, en Estrie, en Mauricie, dans les Laurentides et dans Lanaudière. On peut voir l'adulte voler autour des courges et courgettes en plein jour. Les champs de petite dimension sont plus à risque, car un plus grand nombre d’œufs sont pondus par plant et conséquemment, les nombreuses larves qui se trouvent dans la tige tuent le plant. Les courges Butternut ne sont habituellement pas attaquées par le perceur de la tige, tout comme le concombre et les melons. Mis à part les filets d’exclusion, il n’y a pas d’autres moyens de lutte actuellement. Aucun insecticide n’est homologué contre le perceur de la courge au Canada. Des essais sont en cours pour trouver des moyens de lutte biologiques.
 
   
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Louise Thériault, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
Image Agri-Réseau