Grandes cultures, Avertissement No 6, 9 juin 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement
Observation de rouille jaune du blé : vigilance. Risques faibles pour la fusariose de l'épi. Dépistage des altises du canola. Pas d'inquiétude : Chrysomèle du haricot dans le soya et Levée inégale du maïs et du soya. Carence en manganèse. 
 
 
ROUILLE JAUNE DU BLÉ : OBSERVATION RAPPORTÉE ET VIGILANCE NÉCESSAIRE
Y. Dion1, T. Copley2, Y. Faucher1, S. Mathieu1, V. Samson1
1. Agronomes (MAPAQ) 2. Chercheuse (CÉROM)
 
Un cas de rouille jaune a été confirmé dans un champ de blé d’automne en Montérégie-Est le 2 juin dernier. La rouille jaune est une maladie du blé d’automne et du blé de printemps et, lorsque le développement de la maladie est tôt dans la saison, c’est-à-dire avant le stade gonflement, elle peut engendrer des pertes de rendement importantes. Les symptômes de la rouille jaune du blé se retrouvent sur les feuilles et les ligules. Lorsque la maladie est présente au champ, il est nécessaire d’effectuer au moins deux dépistages par semaine afin de surveiller la progression des symptômes et d’intervenir si le seuil économique d’intervention est atteint. Une intervention est suggérée lorsque 5 % de l’ensemble des feuilles du champ présentent des symptômes et surtout, avant que 5 % de la surface de la feuille étendard (dernière feuille du haut) ne soit atteinte. Un seuil de 5 % correspond environ à quatre lésions d’au moins un cm de longueur.
 
Image Agri-Réseau

Échelle de sévérité de la rouille jaune indiquant le pourcentage de surface de la feuille infectée

Source : Michigan State University

 

Le développement des spores de la rouille jaune est optimal en condition de températures fraîches (5°C à 20°C) et en présence d’eau libre sur le plant. À des températures au-delà de 25 °C, le développement de la maladie est plus lent. Toutefois, la maladie peut continuer à progresser chez la plante atteinte sous des températures maximales de 25 °C, même sans pluie, puisque le champignon puise l’humidité nécessaire à son développement dans les tissus végétaux. La vigilance est de mise pour les jours à venir, car les prévisions météorologiques pourraient être favorables à l’infection, tant chez le blé d’automne que chez le blé de printemps.
 
Le meilleur moyen pour prévenir la rouille jaune est l’utilisation d’un cultivar résistant. Une fertilisation excessive en azote est également à proscrire. Un traitement fongicide pourrait être envisagé si le seuil économique d’intervention est atteint et que la culture est à un stade sensible (du tallage jusqu’à la floraison). Attention cependant : certains produits homologués pour lutter contre la rouille contiennent des matières actives de la famille des strobilurines (groupe 11) qui peuvent augmenter le développement et la production de mycotoxines de la fusariose de l’épi lorsqu’appliqués après l’émergence de la feuille étendard. C’est d’autant plus important lorsque le stade du blé est plus avancé (gonflement-épiaison). Dans ces situations, les fongicides à large spectre, qui permettent la répression de la fusariose, offriront également un contrôle de la rouille (voir tableau ici). Consultez les étiquettes afin d’intervenir aux bons stades de la culture, d’utiliser les doses recommandées et de respecter les délais avant la récolte.

Pour en savoir plus sur la maladie et les mesures de lutte, référez-vous au bulletin d’information  La rouille jaune du blé.

Image Agri-Réseau

Symptômes de rouille jaune sur une feuille et ligule de blé

Photo : T. Copley (CÉROM)


 

Image Agri-Réseau

Pustules et spores de la rouille jaune sur une feuille de blé

Photo : T. Copley (CÉROM)


 

FUSARIOSE DE L'ÉPI : LES RISQUES SONT FAIBLES
Y. Dion1, T. Copley2, B. Duval1, V. Samson1
1. Agronomes (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM)

 
L’épiaison des céréales d’automne s’amorce et la floraison débute dans certaines régions du Québec. C’est le signal pour surveiller les conditions qui pourraient mettre à risque les cultures de blé d’automne quant à la fusariose de l’épi en début et mi-floraison. Jusqu’à maintenant cependant, les conditions météorologiques récentes, tel que le temps sec, n’ont pas été favorables au développement de l’agent pathogène ni à l’infection. Les pluies récentes et le réchauffement des prochains jours pourraient changer les niveaux de risque.

Le stade critique pour l’infection du blé est au moment de la floraison. Il faut prévenir l’infection si le risque est important et surveiller le stade de la culture, les conditions météorologiques et les niveaux de risque des jours à venir dès l’épiaison. Consulter les cartes interactives pour connaître les niveaux de risque des différentes régions.
 

ALTISES DU CANOLA : DÉPISTAGE DÉBUTÉ POUR L'ENSEMBLE DES RÉGIONS
H. Brassard1, A. Akpakouma1, S. Boquel2, D. Froment1, V. Samson1
1. Agronomes (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)

Les pourcentages moyens de défoliation par les altises dans les sites de canola suivis par le RAP Grandes cultures sont actuellement très faibles à l’exception d’un site à Lorrainville en Abitibi-Témiscamingue. Pour ce site, la défoliation a atteint un maximum de 21 % au stade 1 feuille mais elle est en nette diminution. L’activité des altises semble avoir été réduite par les conditions météorologiques défavorables. Les résultats des 23 champs sur les 31 prévus sont présentés ici. Les autres champs ont récemment été semés et le dépistage débutera dans les prochains jours.

Le suivi de la défoliation doit se faire du stade « Cotylédon » jusqu’au stade 5 feuilles, après quoi, les plants sont plus tolérants aux dommages d’altises. Si des dommages importants (proches du seuil de 25 % de surface défoliée) sont observés lors d’un dépistage, il est suggéré de revenir 2 jours plus tard afin de suivre de près l’évolution de la défoliation. Si vous êtes dans cette situation, en informer votre conseiller régional.

Un traitement insecticide est indiqué seulement si le pourcentage moyen de défoliation est d’au moins 25 % et à la condition que les altises continuent de s'alimenter. Par ailleurs, une levée inégale du canola peut rendre certains champs plus à risque à la défoliation, car les zones au stade « Cotylédon » peuvent dépasser le seuil de 25 % alors que les plants aux stades 1 à 2 feuilles demeurent sous le seuil d’intervention.

Pour obtenir plus de détails sur le protocole de dépistage, dont des exemples de pourcentages de surface foliaire affectée, et sur les stratégies d’intervention contre les altises, consultez la fiche technique Altises du navet et altise des crucifères ou encore le Guide des ravageurs et des ennemis naturels du canola au Québec.

 
PRÉSENCE DE CHRYSOMÈLE DU HARICOT DANS QUELQUES CHAMPS DE SOYA, MAIS PAS D'INQUIÉTUDE
Y. Faucher1, S. Boquel2, S. Mathieu1
1. Agronomes (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)

On a observé, ces derniers jours, la présence de la chrysomèle du haricot dans quelques champs de soya de la Montérégie. On la retrouve principalement dans les foyers connus depuis quelques années, soit dans les secteurs de Saint-Urbain-Premier en Montérégie-Ouest et Saint-Denis-sur-Richelieu en Montérégie-Est. Les quantités retrouvées dans les champs et les taux de défoliation sont faibles.

Les adultes observés dans les champs de soya en ce moment ont passé l’hiver en s’abritant principalement dans la litière des sous-bois. Ils se nourrissent de différentes plantes, mais dès que le soya émerge, les adultes se déplacent vers cette culture pour s’y alimenter et se reproduire.

Le seuil d’intervention recommandé en Ontario, pour les stades « Levée du soya » à « Deuxième feuille trifoliée » (VE à V2) est de 52 chrysomèles pour 1 mètre de rang, en suivant la méthode de dépistage recommandée. Ce seuil n’a jamais été atteint au Québec depuis le début du suivi du ravageur, en 2019.

Durant les stades végétatifs, le soya est très tolérant à la défoliation. De plus, les adultes ne s’alimentent pas longtemps dans les champs en début de saison. Cependant, cet insecte est à surveiller puisqu’il peut, plus tard en saison, causer des dommages aux gousses et affecter les grains.

Pour en savoir plus sur le cycle biologique, les dommages et la méthode de dépistage, vous pouvez consulter la fiche technique La chrysomèle du haricot dans le soya et la vidéo sur la chrysomèle du haricot.
 
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Plantule de soya endommagée par la chrysomèle du haricot

Photo : S. Mathieu, agr. (MAPAQ)

 
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Caractéristiques morphologiques de la chrysomèle du haricot adulte

Photo : S. Boquel (CÉROM)

 

LEVÉE INÉGALE DANS LE MAÏS ET LE SOYA MAIS PAS DE CAS INQUIÉTANT
M.-E. Cuerrier1, B. Duval1, S. Mathieu1
1. Agronomes (MAPAQ)

Des problèmes de levée ont été observés dans certains champs de maïs et de soya. Les raisons expliquant cette problématique sont variées : températures froides suivant le semis, suivies de conditions de sécheresse prolongées, dommages causés par divers ravageurs des semis, etc. Une visite au champ devrait être planifiée de 10 à 15 jours après le semis afin d’évaluer la levée. Comment procéder à cette évaluation et quelles mesures prendre en cas de mauvaises levée? Veuillez revoir l'enregistrement et les présentations d'une formation en ligne offerte au printemps 2021. Le billet de blogue portant sur les impacts qu’une faible densité de peuplement ou d’une levée inégale peut avoir sur le maïs et le soya peut également être consulté.

Dans la majorité des cas, la situation n’est pas alarmante et il n’y a pas lieu de procéder à un resemis. Or, certaines précautions devront être prises au moment du désherbage des cultures. Dans le cas du désherbage chimique, attendre que l’ensemble de la culture ait atteint le stade minimal recommandé à l’étiquette avant de pouvoir utiliser un produit donné.  Dans le cas d’une intervention mécanique, la culture devra avoir atteint le stade jugé sécuritaire pour le passage de l’équipement retenu. Pour les recommandations du moment concernant le désherbage mécanique, consultez les Bulletins de désherbage mécanique en grandes cultures.

 
CARENCE EN MANGANÈSE DANS LES CÉRÉALES À PAILLE : DIAGNOSTIC ET CORRECTION
M.-E. Cuerrier1, B. Duval1
1. Agronomes (MAPAQ)

Des symptômes de carence en manganèse (Mn) sont présentement observés dans des champs de céréales de certaines régions. Cette carence apparaît le plus souvent dans un sol ayant un pH élevé et une faible teneur en Mn disponible.

Les symptômes apparaissent généralement lorsque les plants sont encore au stade végétatif. Des visites au champ réalisées en juin, pour les céréales, et en juillet, pour le soya, permettront de détecter la carence. On la reconnait principalement par une chlorose entre les nervures (les nervures des feuilles sont vertes alors que le reste du limbe est jauni) se manifestant d’abord sur les jeunes feuilles, le Mn n’étant pas mobile dans la plante. Chez les céréales, les plants atteints ont également un port affaissé. Chez l’avoine particulièrement, les plants présentent des taches ovales grisâtres sur la moitié terminale des limbes (photo). Pour cette culture, la carence en Mn est aussi appelée « maladie des taches grises », bien qu’il s’agisse d’un problème non parasitaire.

Les pulvérisations foliaires de Mn sous forme de sulfate de manganèse (MnSO4) sont efficaces pour corriger les carences en cet élément chez les céréales à paille. La période optimale pour effectuer le traitement se situe à la fin du tallage. Un diagnostic précis permettra d’apporter un correctif au besoin. Il n’est généralement pas recommandé d’appliquer le MnSO4 en mélange avec les herbicides usuels. La présence de l’herbicide peut diminuer l’efficacité du Mn et, de plus, l’efficacité de la lutte contre les mauvaises herbes pourrait être réduite.

Ne confondez pas la carence en Mn avec certaines maladies, des phytotoxicités causées par des herbicides ou d’autres causes potentielles. Pour en savoir plus, consultez le bulletin d’information La carence en manganèse dans les céréales à paille et le soya.
 
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Symptômes de carence en manganèse dans l'avoine

Photo : B. Duval, agr. (MAPAQ)

 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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