Framboise, Avertissement No 7, 7 juin 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Framboise

Météo en bref. Stades de développement. Ravageurs : légère activité des tétranyques, punaise terne, anthonome et chenilles. Peu d'évolution pour les maladies. Guttation et brunissement des marges des feuilles : plusieurs cas observés.

MÉTÉO EN BREF

La dernière semaine est restée sous le signe de précipitations faibles, voire nulles dans certaines régions. Des températures au-delà de 30 °C ont été enregistrées presque partout le 1^er juin et les températures ont ensuite beaucoup diminué, s’approchant même du point de congélation certaines nuits. De forts vents ont également été enregistrés, surtout les 3 et 4 juin. Ils ont causé des dommages par frottement au feuillage et le bris de tiges latérales sur certains sites ouverts. Les conditions météo connues depuis le début de la saison ne favorisent pas le développement des maladies et semblent également limiter celui des ravageurs. Le détail se trouve dans le sommaire agrométéorologique du 31 mai au 6 juin 2023.

**STADES DE DÉVELOPPEMENT**
Régions	'Killarney' (été)		'Pathfinder' (automne)	'Tulameen' (longues cannes hors-sol, sous abris)
Régions	Stades	Hauteur des nouveaux drageons	Hauteur des nouveaux drageons	Stades
Montérégie	Floraison	25 cm	25 à 50 cm (Bouton vert dégagé)	ND
Laurentides et Lanaudière	Début floraison	30 cm et +	40 à 60 cm (Bouton vert serré)	Début floraison
Estrie, Centre-du-Québec et Mauricie	Bouton vert dégagé à Début floraison	20 à 30 cm	30 à 50 cm (Début bouton vert dégagé)	Bouton vert dégagé à Début floraison
Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale	Bouton vert dégagé à Début floraison	20 à 50 cm	25 à 50 cm (Bouton vert dégagé)	1^resortie : Bouton vert dégagé 2^e sortie : Pointe verte 2^e sortie tardive et 3^e sortie : Débourrement
Bas-Saint-Laurent et Saguenay–Lac-Saint-Jean	Bouton vert dégagé	20 à 30 cm	25 à 30 cm	ND

ND : non disponible
Stade phénologique du cultivar 'Killarney'

Variété 'Killarney', le 6 juin 2023

Julie Street, agr. (Durasol Drummond)

TÉTRANYQUES

Malgré le temps sec, les populations de tétranyques n'ont pas connu d'augmentation importante, sauf pour quelques sites où le seuil a été atteint et un traitement recommandé. Les températures plus fraîches prévues dans les prochains jours représentent de bonnes conditions pour l’introduction de prédateurs phytoséiides. Pour en savoir plus, consulter la fiche technique Dépistage et contrôle des tétranyques dans les framboisières.

ANTHONOME et PUNAISE TERNE

Des anthonomes de la fleur du fraisier sont toujours observés cette semaine. Les seuils ont été atteints sur plusieurs sites et des traitements ont été recommandés sur la majorité d’entre eux. On rappelle que le seuil d'intervention disponible est emprunté à celui de la fraise (6 anthonomes par 100 hampes florales). Selon votre tolérance, il est possible de modifier le moment d'intervention en fonction des dommages observés, de la météo à venir ou du nombre de boutons présents. L'anthonome peut faire des dommages tant qu'il y a des boutons floraux à couper; le dépistage doit se poursuivre. Pour les traitements ayant été effectués la semaine passée, les conseillers nous rapportent un bon contrôle avec MALATHION.

Des adultes et des larves de punaises ternes ont été observés dans toutes les régions, mais leur présence est encore faible. Aucun traitement n’a été recommandé pour le moment.

CHENILLES

Plusieurs mentions de chenilles ont été rapportées par nos collaborateurs cette semaine. Pour l’instant, les populations sont faibles et les dommages sont peu importants et localisés. Ces ravageurs, normalement secondaires, ne nécessitent habituellement pas d'interventions phytosanitaires. Les chenilles les plus fréquentes sont les tordeuses (plusieurs espèces possibles), l’orthosie verte et le tenthrède du framboisier. Les tordeuses se différencient des autres par sa larve qui s'alimente du feuillage et s’enroule littéralement avec les nouvelles feuilles. Elles se situent habituellement au niveau du point de croissance des nouvelles pousses de framboisiers. La larve se débat vigoureusement lorsqu’on la dérange.

Chenilles pouvant se retrouver en framboisière

LEDP (MAPAQ)

AUTRES INSECTES

Des pucerons sont à nouveau observés cette semaine, mais les populations sont faibles et des coccinelles, prédatrices de pucerons, ont été observées en production biologique. Il y a eu peu de mentions de bytures cette semaine. Quelques thrips sur les feuilles et cicadelles de la pomme de terre ont été dépistés dans la Capitale-Nationale. Les premiers scarabées du rosier ont été observés dans les Laurentides cette semaine.

MALADIES

La tendance se poursuit pour les maladies, avec peu d’évolution pour la moisissure grise, l'anthracnose et la brûlure des dards. Le pourridié des racines est stable. Un début de symptômes s’apparentant à de la tache septorienne a été rapporté sous abris en Mauricie. Les traitements préventifs contre la moisissure grise se poursuivent sur quelques sites et un traitement préventif contre la cladosporiose a été effectué en production hors-sol sous abris.

GUTTATION et BRUNISSEMENT DES MARGES DES FEUILLES

Des symptômes de guttation en plantations irriguées (voir photos) et de jaunissement avec brunissement des marges des feuilles ont été constatés sur quelques sites par plusieurs conseillers. Les conditions chaudes et sèches des dernières semaines peuvent occasionner ces problèmes majoritairement abiotiques.

Guttation

Philippe-Antoine Taillon, agr. (MAPAQ)

Brunissement de la marge de la feuille

Charles Valois, agr. (MAPAQ)

La guttation est un phénomène biologique qui se produit lorsque la pression racinaire est élevée pendant la nuit, ce qui favorise une poussée de l’eau vers la partie supérieure du plant. Comme il n'y a pas de transpiration et que les stomates sont fermés, il y a apparition de gouttelettes à la marge ou à l'extrémité des feuilles à la fin de la nuit.

Le brunissement des marges peut être dû à plusieurs causes et l'historique du champ peut donner des indices. Cela peut survenir en cas de sécheresse ou de chaleurs excessives, lorsque la transpiration de la feuille est plus importante que l’absorption d’eau par les racines. Dans ce cas, la brûlure va affecter d’abord la marge et le bout de la feuille, puis le dessèchement va se poursuivre entre les nervures jusqu’au centre. La feuille va également s’enrouler vers le haut. À noter que le phénomène est amplifié en présence de vent, car il augmente le taux de transpiration des feuilles. Le gel printanier peut aussi causer des brûlures brunes à noires sur les feuilles suivies d’un dessèchement. Les feuilles peuvent également se recroqueviller. La démarcation entre les tissus atteints et sains est souvent nette dans les cas de gel et les jeunes feuilles sont les plus atteintes.

Déssèchement causé par le manque d'eau

Gabrielle Labrie (Écolo-Max)

La salinité élevée causée par une fertilisation excessive (à base d’ammonium ou de chlorures, surtout) ou découlant d’une faible absorption d’eau peut être une autre cause. Les premiers dommages se remarquent à la marge des feuilles où se retrouve la fin des vaisseaux conducteurs (hydatodes). L'excès de sels minéraux y est secrété et s'accumule, ce qui cause des brûlures. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche Salinité élevée de la fraise.

À l’inverse, une carence en nutriments, notamment en potassium, peut être à l’origine du problème. Les carences sont généralement accompagnées d’autres symptômes typiques sur la feuille. Dans le cas du potassium, le brunissement de la marge est souvent accompagné d’un jaunissement entre les nervures et les symptômes apparaissent généralement sur les vieilles feuilles dans le bas des plants. Une phytotoxicité causée par un herbicide peut également avoir ce genre de symptômes. Les dommages peuvent être liés à l’absorption de l’herbicide par le framboisier (souvent accompagnés de jaunissement) ou un dommage de contact causé par une dérive. Finalement, le brunissement de la marge des feuilles peut constituer les premiers symptômes de certaines maladies, comme la pourriture des racines, la tumeur du collet ou la verticilliose. Dans ces cas-ci, les plants atteints seraient davantage regroupés en foyers dans le champ.

Début de symptômes de pourriture des racines (à gauche), de tumeur du collet (au centre) et de verticilliose (à droite)

MAAARO

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide Carences, désordres et problèmes de phytotoxicité du fraisier, du framboisier et du bleuetier.

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

Cet avertissement a été rédigé par Stéphanie Patenaude, agr., M. Sc. et Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. (MAPAQ), puis révisé par Stéphanie Tellier, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du sous-réseau Framboise ou le secrétariat du RAP. Édition : Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.