Pomme de terre, Avertissement No 7, 23 juin 2022

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions météo : généralement frais et précipitations variables. Développement de la culture : poursuite des bonnes conditions de croissance pour les primeurs, levée irrégulière pour les autres. Insectes : doryphore plus actif dans le sud de la province, hausse légère de l’activité de la cicadelle de la pomme de terre, peu ou pas d’activité des autres ravageurs. Maladies : conditions encore propices au mildiou, intervention contre la dartrose, pourriture de plantons. Mauvaises herbes : bon contrôle rapporté cette année.
  
 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période visée qui s’est terminée hier (soit du 17 au 22 juin), quelques journées de chaleur ont eu lieu par endroits, mais les températures furent en général près ou sous les moyennes de saison selon le secteur. On peut mentionner en particulier la journée du 18 juin avec un maximum entre 13 et 16 °C seulement. Plusieurs nuits ont été fraîches, dont celle du 20 juin, avec un minimum tout près du point de congélation par endroits (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été généralement moins fréquentes avec des quantités plutôt dans la normale un peu partout, sauf dans la grande région de Montréal avec de bonnes averses le 22 juin. Des orages ont aussi éclaté en tout début de période en quelques endroits avec des accumulations localement importantes comme au Saguenay-Lac-Saint-Jean (voir la carte des précipitations des cinq derniers jours). Pour les sept prochains jours (soit du 23 au 29 juin), Environnement Canada prévoit que les températures seront à la hausse à partir de demain pour dépasser les moyennes de saison à peu près partout. Des précipitations, de légères à modérées selon le secteur, sont prévues jeudi et lundi.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

Les collaborateurs rapportent une bonne croissance des plants de pomme de terre plus avancés en raison d'une météo avantageuse. Certains sols demeurent encore bien humides par endroits (ex. : centre et est du Québec), mais ils se ressuient de plus en plus. La levée et le développement des derniers semis continuent à être plutôt inégaux ou irréguliers. Les causes peuvent être multiples (profondeur à la plantation, type de cultivar, âge physiologique de la semence, grosseur du planton, type de sol, début de pourriture des plantons, etc.). Les semis n’étaient pas encore terminés dans certains secteurs du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les opérations de sarclage et/ou de renchaussage ont repris ou progressé à peu près partout, mais avec du retard par endroits. Une récolte d’extra-primeurs est prévue la semaine prochaine en Montérégie. Le tableau ci-dessous présente le stade de développement moyen de la primeur à travers la province.
 

État d'avancement des semis pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP
(en date du 21 juin 2022)
 

 
Régions Stade de la culture (primeur)
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest Floraison, tubercules 7 à 8 cm
Outaouais Début floraison, tubercules 1 à 2 cm
Lanaudière et Laurentides Floraison, tubercules 5 à 8 cm
Centre-du-Québec et Mauricie Début floraison, tubercules 1 à 3 cm
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches Bouton floral, début tubérisation
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue Plant 15 à 20 cm
Note : Le tableau ci-dessus indique les stades les plus avancés (pour la primeur) selon l'information reçue des collaborateurs. Selon votre emplacement, les stades atteints peuvent différer et être plus ou moins avancés.

 

INSECTES et MOLLUSQUES


La pression du doryphore de la pomme de terre s’est intensifiée dans les secteurs du sud de la province, moindrement ailleurs. La ponte se poursuit partout en province. Des jeunes larves sont maintenant présentes dans des parcelles du sud de la province, principalement sur des plants volontaires ou sur des plants n'ayant pas reçu d'insecticide au semis. Cependant, on commence à dépister quelques larves dans des champs dont les plantons ont été traités au semis (secteur Lanaudière). Avec la chaleur prévue pour les prochains jours, on s’attend à une hausse d’éclosion des masses d’œufs. Les producteurs devraient donc dès maintenant vérifier si l’insecticide qui a été appliqué lors du semis fonctionne encore bien, en dépistant surtout les bordures de champs situés près d’un champ cultivé en pomme de terre en 2021. Si un contrôle est jugé nécessaire à la suite du dépistage, il est important de viser les stades larvaires plus jeunes et de ne pas attendre d’avoir trop de larves L3 (soit de plus grosses larves) pour intervenir. Il faut opter pour un insecticide d’un groupe chimique différent de celui utilisé lors du semis afin de ne pas favoriser le développement d’une résistance, mais aussi pour obtenir une meilleure efficacité de l’intervention.

L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a progressé plutôt légèrement au cours de la dernière période, avec des décomptes beaucoup moins élevés que la saison dernière à la même période (soit de 0 à 16 adultes/piège/semaine pour des secteurs du sud et du centre de la province). Cependant, des décomptes plus élevés sont rapportés localement, comme en Outaouais où un suivi plus serré est en cours. On ne rapporte pas d’activité nymphale encore dans les champs en pomme de terre suivis.

Une première observation de vers gris a été rapportée dans la région de Québec, mais à une faible incidence. L’activité de la punaise brune et des altises dans certains secteurs de la province n’a pas progressé, de même que les symptômes associés. Aucun individu de pucerons (ailés, aptères) n’a été observé encore. Une activité de limaces est signalée localement dans la région de Québec, dans des zones plus humides de champs, sans dommages notables à la culture.

 
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la présente saison. Les températures de la dernière période, combinées à du temps souvent humide et à une croissance rapide du feuillage, ont représenté des conditions favorables au champignon dans plusieurs secteurs de la province. Il ne faut pas seulement se fier aux précipitations reçues pour déterminer un risque, mais plutôt à l’humidité de l’air. Par exemple, une contamination est possible dès que l’hygrométrie est supérieure à 87 %, associée à une température de 21 °C durant 8 heures consécutives, à une température de 14 °C durant 10 heures consécutives ou à une température de 10 °C durant 13 heures consécutives (en lien avec le modèle prévisionnel MILÉOS). Selon le site Web du USA Blight, il n’y a pas eu de nouveaux cas de mildiou déclarés récemment en Amérique du Nord.

Les bonnes conditions de croissance en ce début de saison font que la brûlure hâtive n’est pas active présentement. Une méthode préventive contre cette maladie est d’éviter tout stress aux plants de pomme de terre (fertilisation adaptée, apports réguliers en eau, etc.) en plus de choisir un cultivar plus tolérant.

Le contrôle préventif de la dartrose a débuté ou va débuter dans des champs plus avancés et jugés plus à risques dans des secteurs du sud et du centre de la province. Le feuillage du bas des plants ainsi que la section de la tige du plant plus près du sol représentent les endroits où les premiers symptômes se développent plus tard en saison. Ce sont donc les parties de la plante que le produit de contrôle choisi devrait atteindre.

Concernant les manques à la levée en lien avec de la pourriture de plantons, les rapports disponibles font état de pertes variables selon le producteur, le cultivar et le type de sol. La pourriture est plus présente en terrains lourds ou dans des baissières qui ont été trop longtemps saturées en eau. Par endroits, des zones de champs présentent des plantons qui ont entièrement pourri.

Un plus grand nombre de cas de rhizoctone brun sur des germes ont été rapportés, mais généralement à une incidence acceptable.

Des premiers cas de plants virosés sont signalés dans la région de Québec. Pour l'instant, seul le cultivar Chieftain est affecté.

Finalement, contrairement à la même période l’an passé, il n’y a aucune mention de la présence de la jambe noire de la part des collaborateurs.
 
Image Agri-Réseau

Autre exemple d'une levée inégale et d'un développement irrégulier dans la pomme de terre

Maxime Brière, 21 juin 2022


  
MAUVAISES HERBES

L'ensemble des collaborateurs continuent de rapporter un bon contrôle des mauvaises herbes à la suite de l’usage de désherbants et/ou de travail du sol (sarclage, renchaussage). Des interventions de prélevée se poursuivent encore dans certains secteurs plus à l’est et au nord (ex. : Saguenay-Lac-Saint-Jean). Ailleurs, des retouches seront ou ont été nécessaires dans certaines parcelles, avant la fermeture des entre-rangs, pour certaines adventives. Des vivaces comme les laiterons et le souchet demeurent problématiques par endroits, avec très peu d’options pour leur contrôle à ce moment-ci.
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 

 
 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par la Direction de la phytoprotection (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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