Avancement des cultures
Encore cette semaine, les températures ont été au-dessus des moyennes saisonnières. Le cumul des degrés-jours est toutefois inférieur à celui de la saison dernière.
Les quantités de pluie demeurent constantes : la majorité des régions ont reçu minimalement 25 mm depuis la semaine dernière. Comparativement à la saison dernière à pareille date, la majorité des régions ont reçu le double de précipitations cumulées depuis le 30 avril.
Pour les plantations les plus hâtives de tomates et de poivrons, en champs et sous tunnels, qui ont atteint le stade nouaison, il est important de vérifier l’humidité du sol sous les paillis plastiques. Il faudra irriguer pour éviter de trop l’assécher entre les pluies et ainsi éviter les carences en calcium des premiers fruits.
Pour plus de détails, consultez le sommaire agrométéorologique des solanacées.
Il est important de toujours tenir compte des conditions d’application afin de maximiser l’efficacité des pesticides, limiter les risques de phytotoxicité, de dommages physiologiques, réduire les risques de dérive et protéger les pollinisateurs. Ainsi, évitez les applications en plein soleil, par temps venteux ou trop calme et lorsque de la pluie est prévue. De plus, des températures très chaudes peuvent réduire l’efficacité de certains produits. Référez-vous toujours à l’étiquette. Voici un document qui présente les conditions climatiques favorables à une bonne application : L'environnement agricole, prenons-en soin. |
MALADIES BACTÉRIENNES
Différencier les symptômes de maladies des dommages abiotiques
L’effet du vent et de l’alternance de températures chaudes et froides sur les feuilles peut facilement être confondu avec des taches foliaires dues aux maladies. Pour l’instant, un début de moucheture a été observé dans la tomate ainsi qu'un début de taches bactériennes dans le poivron.
Le temps frais, combiné à des précipitations fréquentes, augmente les risques d’éclosion de foyers de maladies bactériennes. Les températures inférieures à 25 °C sont plus favorables à la moucheture bactérienne alors que le chancre bactérien se propage plus intensément au-delà de 25 °C. Des plants stressés (faible qualité des transplants, sol compacté, excès ou manque d’irrigation, déséquilibre de fertilisation) sont également plus vulnérables aux infections bactériennes.
Les conditions d’apparition des taches foliaires peuvent aider à déterminer s’il s’agit d’une maladie ou d’une cause abiotique comme un stress abiotique ou un stress d’irrigation par exemple.
De manière générale, une apparition soudaine et généralisée indique une cause abiotique, alors qu’une apparition par foyer ou sur des plants isolés et une progression graduelle indique plutôt une maladie.
Charlotte Coutin-Beaulieu, agr. (Bio-Action)
Symptômes et traitements
Des fiches techniques présentent la biologie et les symptômes du chancre bactérien et de la moucheture bactérienne.
Moucheture bactérienne et chancre (bordure de la feuille)
Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ)
Début des traitements bactéricides
Les premiers traitements sont appliqués dès l’apparition des premiers foyers d’infection.
Moments et fréquence des traitements
En général, on recommande de faire les applications de cuivre avant la pluie, car les ions de cuivre seront relâchés par la présence d’un film d’eau sur le feuillage des plantes. Dans le cas d’autres produits à action bactéricide, les étiquettes mentionnent parfois de les appliquer après la pluie. L’action des bactéricides est protectrice et non systémique. Cela signifie que le nouveau feuillage n’est pas protégé par les applications antérieures à son développement.
Fréquence des traitements
5 à 7 jours : pression élevée de la maladie, temps pluvieux, rosées abondantes
7 à 10 jours : pression modérée de la maladie, temps mitoyen
10 à 14 jours : pression faible de la maladie, temps sec
Les produits sont délavés par des averses supérieures à 25 mm étant donné qu'aucun bactéricide ne possède d'action translaminaire ou systémique. De plus, les traitements bactéricides répétés sont souvent décevants pour la répression des maladies bactériennes. En effet, selon plusieurs travaux de recherche, et au fil d’observations des agriculteurs et conseillers agricoles, les pulvérisations à base de cuivre ou d’autres produits n’apportent que de minces avantages et seulement lorsque la pression des maladies bactériennes est de faible à modérée. D’après une synthèse allemande citée dans le document Peut-on se passer du cuivre en agriculture biologique? (Institut national de la recherche agronomique), l’emploi de cuivre éviterait des pertes moyennes évaluées à seulement 10 à 15 % en productions légumières.
Les pulvérisations
Les bactérioses sont très difficiles à contrôler en comparaison avec les maladies fongiques (alternariose, tache septorienne, mildiou, etc.). Les pulvérisations de cuivre ou d’autres bactéricides agissent uniquement comme protectant. Ces produits ne pénètrent pas les tissus végétaux et atteignent uniquement les bactéries présentes sur la surface des parties aériennes de la plante.
À partir du moment où les bactéries pénètrent la feuille, elles sont protégées et continuent de se multiplier. En 24 heures, plusieurs millions de bactéries peuvent être produites! Au contraire, dans le cas des fongicides, plusieurs ont des actions systémiques et translaminaires et peuvent empêcher la germination des spores ainsi que la formation d'un feutre mycélien. Ceci permet de maîtriser les infections et de freiner leur propagation.
Par ailleurs, des pulvérisations mal réalisées (pression trop forte, mauvaise couverture foliaire) peuvent faire plus de mal que de bien et déclencher de nouveaux foyers d’infection.
Les produits, l'importance de leur rotation et les précautions à prendre avec le cuivre
À la suite de leurs travaux, plusieurs chercheurs et conseillers agricoles recommandent l’alternance des pulvérisations à base de cuivre avec des produits différents tels que :
- REGALIA MAXX (Reynoutria sachalinensis);
- SERENADE OPTI et SERENADE MAX (Bacillus subtilis);
- TAEGRO 2 (Bacillus subtilis var. amyloliquefaciens);
- TIVANO (acide lactique et citrique);
- ACTIGARD 50WG (Acibenzolar-S-méthyle);
- BMJ WG (anciennement LIFEGARD) (Isolat J de Bacillus mycoides);
- GUARDSMAN OXYCHLORURE DE CUIVRE 50;
- OXIDATE 2.0 ou OXIDATE (peroxyde d’hydrogène et acide péracétique). Selon l’étiquette, OXIDATE est homologué uniquement contre la moisissure olive et le Botrytis. Par contre, son action désinfectante atteint autant les bactéries que les champignons.
Plusieurs de ces produits sont permis en production biologique et identifiés dans SAgE pesticides par le pictogramme . Il faut toujours consulter votre organisme de certification avant d’utiliser un produit.
Le saviez-vous?
SAgE pesticides a créé des tableaux synthèses par culture et par type de pesticide! Vous pouvez les trouver ici en précisant la culture : Rechercher des publications par culture - SAgE pesticides Pour la liste des insecticides homologués dans les solanacées, consultez le bulletin d'information N° 1 du 7 juin 2022 intitulé Principaux insecticides homologués pour les solanacées en 2022. |
La reprise des plants est généralement bonne. Certains collaborateurs mentionnent une faible présence de punaises. La moucheture s’est fait remarquer. Les premiers traitements préventifs ont été appliqués.
Les poivrons de plein champ sans couverture flottante se développent plus lentement puisqu’à des températures inférieures à 14 °C, la croissance est freinée.
Puceron
Des pucerons ailés sont toujours observés. Toutefois, les seuils de traitement sont rarement atteints.
Maladies
Les taches bactériennes sont rapportées sur un site seulement.
AUBERGINE
Insectes
Altises
Des altises sont signalées par nos collaborateurs, mais les populations sont encore faibles pour le moment.
Voici les seuils d’intervention recommandés dans le Nord-Est américain :
- Jeunes plants récemment plantés : 2 altises/plant
- Plant de 8 à 15 cm : 4 altises/plant
- Plant > 15 cm : 8 altises/plant
Maladie
Un collaborateur mentionne la présence d’alternariose à la suite d'un épisode de grêle.
La reprise est bonne en général. Des adultes et l'éclosion d'oeufs de la chrysomèle trirayée de la pomme de terre sont observés en Montérégie, tout comme des pucerons ailés solitaires. Aucun traitement n’a été recommandé.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |